- Un personnage principal, Marlon Lamontagne, alias Shadow Hill, un adolescent musicien de jazz, entouré de nombreux personnages secondaires parmi lesquels Jimmy Falcon, un génie du saxophone, et Dolorès, sa maîtresse toxicomane.
« – Marlon, tu es un excellent trompettiste, commence-t-elle lorsque nous sommes seuls. Mais pourrais-tu me faire le plaisir de t’en tenir à ta partition!
Toujours pareil : pas moyen de s’exprimer dans cet orchestre! On encourage la justesse du jeu, mais pas la créativité, l’émotion, l’inspiration. Comme si l’interprétation d’un morceau n’était qu’une affaire de technique! » (p. 11-12)
« Selon le brocanteur new-yorkais qui la lui avait vendue, cette trompette aurait appartenu à un partenaire de Jimmy Falcon, saxophoniste mort en 1960 dans des circonstances sordides. Star méconnue du hard bop*, Falcon est mon idole depuis que j’ai assez d’oreille pour distinguer les vrais artistes des fumistes.
* Littéralement, "bop dur". » (p. 23)
« Ce n’est pas le temps d’avoir l’air d’un amateur, pas après avoir été décrit comme un as : Shadow Hill! "Je t’ai rebaptisé Shadow, parce qu’on s’est rencontrés dans une ruelle ténébreuse", m’a soufflé à l’oreille Falc dans la fourgonnette. » (p. 68-69)
« Dolorès est en sueur, comme une marathonienne en bout de course. Elle tend la main vers lui, dans un geste d’imploration. Tremblante de la tête aux pieds, elle fait vraiment pitié à voir. Falcon s’assied à son chevet et lui caresse le visage, très tendrement. […] Je peux juste regarder son amant lui injecter ce poison dans les veines. » (p. 104-105)
- Narrateur participant relatant une histoire initiatique qui se déroule dans deux lieux et à deux époques : Montréal en l’an 2000 et New York, une quarantaine d’années plus tôt.
« L’horloge de la salle des pas perdus indique dix-huit heures trente. Il n’y a plus un chat dans la polyvalente, à part les concierges. » (p. 16)
« Je ne rêve pas. Je suis bel et bien à New York, vingt ans avant ma naissance, dans le logis d'une des maîtresses de mon idole, James Edward Falcon. » (p. 50)
« Ai-je rêvé durant mon sommeil? Mystère. Si ce film fantastique au milieu duquel j’ai atterri n’est qu’un songe, m’est-il possible d’y rêver? » (p. 56)
« Je ne suis plus juste Marlon Lamontagne, fils d’un musicien errant et d’une chic fille du Lac-Saint-Jean. Je suis Shadow Hill, ombre projetée qui fait le pont entre deux époques, n’appartenant ni tout à fait à l’une ni tout à fait à l’autre.
Je suis à la fois Marlon Lamontagne et Shadow Hill.
Je suis, par-delà l’espace et le temps, pour l’éternité, le complice de James Edward Falcon. » (p. 125)
- Nombreuses séquences dialoguées permettant de saisir la relation entre les personnages et de comprendre les événements qui se passent.
« – Dois-je t’attendre cette nuit?
– Bof, je ne sais pas trop. Les cats* et moi, on va sûrement passer faire un tour à la jam-session du Brilliant Corners, histoire de protéger ma réputation…
– Mais tu comptes rentrer ou pas? insiste Dolorès.
– Fous-moi la paix, veux-tu! Je rentrerai si j’en ai envie… Viens, le kid, on va être en retard!
* Dans le jargon des jazzmen, le terme cat ("chat") désigne un musicien. » (p. 61)
« – Ramasse tes cochonneries. Tu es libre.
– Pardon? On a payé ma caution?
– Coup de fil de l’Hôtel de ville; malgré l’irrégularité de ta situation, j’ai reçu l’ordre d’abandonner tous les chefs d’accusation et de te libérer. » (p. 93)
- Œuvre fantastique dont certains des thèmes (p. ex., voyage dans le temps, monde interlope) sont susceptibles d’intéresser le lectorat visé.
« Les modèles des voitures que nous croisons remontent au déluge; elles sont pourtant flambant neuves. Pareil pour les vêtements des rares piétons sur notre route : leur coupe évoque une période révolue. Je me croirais à Hollywood, en train de traverser un décor de film d'après-guerre, aux côtés d'un acteur qui ressemble à s'y méprendre à Jimmy Falcon. » (p. 45)
« Je m’inquiétais de l’endroit où je m’éveillerais : à New York, début des années soixante, ou à Montréal, dans ma salle de musique? » (p. 55)
« Le hic, c’est que je connais le fin mot de l’histoire. Je sais comment James Edward Falcon et Rick Martell ont été initiés à l’héroïne, dans une piquerie de Philadelphie. » (p. 77)
« – Tu n’es vraiment rien qu’une crotte de chien!
L’injure efface le sourire du Latino. Outré, il pousse Dolorès et bondit vers Falcon, sa lame en avant. Falcon tente de parer l’estocade avec son étui à saxo, mais le Taz l’attrape par la nuque. Je frappe le Taz avec ma trompette pour l’obliger à lâcher prise. L’animal réplique avec un coup de poing sur le côté du crâne qui m’envoie embrasser un mur de brique. » (p. 129)
- Multiples références à de célèbres musiciens de jazz.
« Les autres murs sont tapissés d’icônes sacrées : le panthéon du jazz, de Louis Armstrong à Miles Davis, en passant par Duke Ellington, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Sarah Vaughan, Thelonious Monk, Clifford Brown, John Coltrane… » (p. 26)