- Roman de mœurs se déroulant dans un décor gaspésien, où se manifestent des préjugés, voire une dualité, entre Blancs et Autochtones; intrigue se nourrissant de la loi du silence qui emmure deux familles de communautés isolées.
« Il existe, entre le nord du Nouveau-Brunswick et la rive sud de la péninsule gaspésienne, au Québec, une rivière mythique, la Restigouche.
[…]
Et là, tout près de l’endroit où la Restigouche et la Matapédia se rencontrent, deux peuples, les Autochtones et les Blancs, se côtoient depuis des lustres… » (p. 13)
« Simon allait riposter lorsqu’il perçut dans le regard de son père encore plus de tristesse que de colère. […] C’était le même qui balayait le front de son père chaque fois que ressurgissait le fossé qui, de génération en génération, séparait les Bouchard des Vicaire. » (p. 32)
« "Et voilà que Meaghan en est morte de chagrin. À cause de moi. À cause d'Isabelle. À cause de votre maudit silence." » (p. 91)
« Un spasme de douleur secoua le corps de Billy. Ces souvenirs le torturaient. Lui, Billy Vicaire, ses jumeaux Rebecca et Lester, et maintenant son petit-fils Simon.
Un cercle vicieux qui n'en finissait plus. Une génération après l'autre, tous piégés par les Bouchard. » (p. 156)
- Deux personnages principaux : le jeune Simon Vicaire, Autochtone et fier de l’afficher, mûrissant sous l’œil admirateur et bienveillant d’un vieil homme au jugement éclairé, son grand-père Billy.
« Simon fulminait, mais il ne laissa rien paraître. […] Il se souvint des paroles de son grand-père.
"Ne laisse jamais un adversaire décider des actions que tu dois faire. Tu sais, Simon, le regard, les gestes, les mots ont beaucoup plus de poids que les coups." » (p. 26)
« De tous ses petits-enfants, Billy avait une nette préférence pour Simon. Peut-être parce que c’était celui qui lui ressemblait le plus. Peut-être parce qu’ils partageaient le même attrait pour la nature. Sûrement parce que, comme lui, Simon avait une tête forte, la fierté de sa race affichée bien en vue sur le front. Mais ce qui lui plaisait le plus chez son petit-fils, c'était sa détermination. » (p. 36)
« Dans la région, Billy Vicaire était considéré comme un vieux sage et tous le respectaient. Aux yeux de ses concitoyens, il était l'incarnation de l’Amérindien des temps modernes. À la fois fidèle aux traditions de ses ancêtres et, en même temps, les deux pieds bien ancrés dans son époque. […] représentant toujours les intérêts de son peuple aux assemblées des Premières Nations ou encore aux commissions parlementaires traitant des Autochtones. » (p. 37)
- Plusieurs personnages secondaires dont trois retiennent davantage l’attention en raison de l’influence que les personnages principaux exercent sur eux : Isabelle Bouchard, adolescente éprise de Simon; Jeremy Wilmot, enquêteur qui tente d’élucider la mort suspecte de Meaghan Barnaby, première petite amie de Simon; Anne, journaliste en vacances à qui se confie Billy.
« Il y avait un moment déjà que Simon la fascinait. […]
De son côté, Isabelle le trouvait mystérieux. Intrigant, même. Assurément différent. Un des seuls garçons de l'école, d'ailleurs, à ne pas s'extasier béatement devant la blondeur naturelle de sa chevelure, devant son regard azur et sa silhouette filiforme. » (p. 24-25)
« "Jeremy Wilmot, qu'il s'est présenté. Enquêteur-détective indépendant."
[…] c’est à lui que Jim Barnaby confia toute son histoire. Ne regardant pas à la dépense, il le mandata de chercher des preuves qui feraient justice à une jeune fille autochtone dont la mort semblait laisser indifférente la planète entière. » (p. 108)
«"[…] Et le malheur a frappé de nouveau… Mais Simon, lui, il devrait faire autrement. Oui, il lui faudra prendre une autre route et tracer ses propres pas. Il faudra que je lui dise pour qu’il puisse enfin passer à autre chose." […]
– Mais Billy, pourquoi ne la lui racontez-vous pas, toute votre histoire, à votre petit-fils? » (p. 138)
- Narratrice jouant deux rôles : en tant que narratrice omnisciente, dans la première moitié du roman, elle décrit les péripéties et expose les états d’âme de tout un chacun; en tant que narratrice participante, dans la deuxième moitié, elle devient la confidente de Billy bien malgré elle.
« Trois mots. Trois simples mots sans grande importance. C'est tout ce que Simon avait trouvé à dire, totalement décontenancé qu'il était par la soudaine apparition d'Isabelle à ses côtés. » (p. 21)
« Questionnée par les policiers, Meaghan était restée muette.
De toute manière, elle n'avait rien à dire puisqu'elle ignorait tout de cette récente histoire de drogue. Pas question non plus de dénoncer la violence de son père ni les comportements vicieux de son frère à son endroit. Par peur des représailles, bien sûr. » (p. 51)
« "Mon plus grand regret, c’est de ne pas lui avoir tout dit à propos de notre histoire de famille, avant qu’il ne soit trop tard. Si je l’avais prévenu du danger qui le guettait avant qu’il se mette à fréquenter cette fille, peut-être que Meaghan ne serait pas morte. Et que Simon ne serait jamais parti…"
[…]
Je constatais que cette partie de pêche n’était peut-être pas aussi improvisée que je ne l’avais cru. Et surtout, je pressentais qu’un étrange revirement de situation était en train de se produire. » (p. 140)
- Nombreuses séquences descriptives liées à la nature, rappelant l’importance de celle-ci pour les personnages principaux, mais aussi pour l’auteure, narratrice participante.
« Une de ces journées multicolores comme on en voit seulement en octobre dans le pays de Simon. Le soleil s’était illuminé d’un trait, comme si quelqu’un en eût allumé la mèche. Du coup, la montagne s’était embrasée d’ocre, d’orangé, de rouge. Et le soleil avait continué à briller de plus belle… » (p. 21)
« Toute sa vie, l’homme avait vécu en communion avec la nature […]
Les rivières Restigouche et Matapédia, les lacs et les forêts environnantes constituaient son habitation. L’abondance du gibier des alentours lui fournissait sa nourriture. Les multiples plantes du territoire lui tenaient lieu de médecin. » (p. 37)
« Native de la région de la Restigouche, c’est habituellement avec le plus grand des plaisirs que j’effectue ce retour au pays de mon enfance. J’y reviens chaque été aussi assidûment qu’un retour d’hirondelles. » (p. 103)