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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Le livre de déraison

Au Manoir des Ormes, entre le 510 et le 513, quatre mains ont tracé une allée secrète pleine de signes vivants, un chemin d’eau et de sable, de lumières et d’ombres, de parfums et de musiques. Gabriel et Virginie ont cinq ans; ils ont douze ans; ils ont cent ans… Ils sont nés le même jour et ils ne mourront pas.

À Michelle, son unique petite-fille, Virginie a légué un manuscrit, ce Livre de déraison, dans lequel, parmi toute l’horreur et toute la beauté du monde, toute sa culpabilité et toute son innocence impossibles à départager, elle a choisi de vivre et, grâce à l’invincible pouvoir des mots, de demeurer vivante. 

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Virginie, qui, aux derniers moments de sa vie, apprivoise, dans son Livre de déraison, les multiples femmes qu’elle a été : l’enfant, la novice, l’épouse, la mère, l’endeuillée, la grand-mère, l’amante, l’amoureuse de Gabriel.

    « Je te rends ton cahier, Michelle, mon Livre de déraison. Lis-le seulement si tu en as envie, quand tu en auras envie. Tu y trouveras l’image d’une femme que tu ne reconnaîtras peut-être pas. Une femme à qui il a été donné de commencer à vivre à l’heure où elle aurait dû sans doute, comme les autres, se préparer à mourir. Une femme sans âge, qui pourrait être ta sœur, ton amie, ton enfant, et même ta grand-mère. Une femme qui, au fond du miroir, t’offre des reflets inconnus de ton propre visage, un être de déraison plus vivant et plus passionné que sa propre mémoire. » (p. 31-32)
     

  • Je narratif qui, par le biais de l’écriture, revisite ses souvenirs, vit un nouvel amour et s’abandonne à cet élan de vie qui lui permet de respirer enfin.

    « J’ai toujours jeté à mesure tout ce que j’ai mis sur papier, sauf depuis que je suis au Manoir des Ormes. Mais si j’écris maintenant, c’est pour occuper mes mains, comme d’autres tricotent ou dessinent. Et parce que j’aime les mots, j’aime le geste physique de la main, du poignet et du bras qui tracent les signes noirs et l’attente de l’autre main posée sur la page, tranquille et aux aguets, aveugle et voyante, la main sourde à qui il arrive de pianoter pour inviter à la danse les ombres que trace l’autre main. » (p. 158)
     

  • Univers narratif rempli de poésie et de musique; voyage au pays des mots, du rêve, des souffrances passées et des joies d’aujourd’hui : figures, images, émotions qui donnent l’impression de lire un long poème en prose se berçant de la peine au bonheur.

    « Maintenant tout est fini; dans leurs couchettes, les vieillards se dégrisent lentement; ils rentrent, déçus et résignés, dans les plis et les rides de leurs défroques. À moins que chacun ne revive ce bal étrange à sa façon, rappelle les figurants, crée pour leur danse un espace secret. Dans mon espace à moi, tout est blanc; une musique pleine de nuit et de parfums s’élève: je danse avec le temps qui tourne, virevolte, renaît aussitôt qu’il meurt. » (p. 114)

Langue

  • Registre de langue courant; vocabulaire riche et précis.

    « Quand tu t’en vas, Rolande, mon univers respire mieux. Il y a autour de moi, en moi, un air nouveau que ton passage en coup de vent a apporté. Je respire mieux, même dans la blancheur de mon livre où je vais maintenant me faire le plaisir d’écrire en majuscules le nom que je donne à cet air incisif, tant il est pur, et qui m’inspire  une sorte de volupté. Chère Rolande, je te dis merci, à toi qui as toujours été et qui demeures la gardienne de ma fragile LUCIDITÉ! » (p. 167)
     

  • Syntaxe variée qui rythme la lecture.

    « Quand je sors de mon appartement, que je laisse ma canne s’occuper de rassurer mes jambes, je me sens comme un automate, un être de l’instant parmi d’autres tout aussi éphémères. J’appuie sur le bouton de l’ascenseur : les portes se referment. Les miroirs me happent, me décomposent. Les portes s’ouvrent. Ma canne fait le premier pas, rassemble les morceaux épars de mon image. » (p. 153)
     

  • Figures de style variées (p. ex., antithèse, personnification, comparaison, apostrophe, allusion, métonymie) qui s’accumulent et s’entremêlent créant ainsi un récit empreint de poésie.

    « Le Dieu que je prie, je suis sûre, s’il existe, qu’il aime ma petite-fille encore plus et encore mieux que moi; c’est pourquoi je lui suggère parfois de lui trouver enfin un "amant fidèle", même si les deux mots peuvent paraître contradictoires. » (p. 45)

    « Je crois que je me sentirais comme le vieillard de la Bible, ce bon vieux Siméon… » (p. 46)

    « Oui, la vieille Barbie est sortie du placard. Elle s’est fait remonter le visage, a jeté de l’or sur ses cheveux poussiéreux, s’est mise à la diète. » (p. 98)

    « La maison se dépouille de ses allures de grande dame un peu mondaine. Si l’on n’y prend garde, elle se travestira aussi. » (p. 108)

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves, dans le cours de philosophie ou de religion, à discuter des grandes questions suivantes : Quel est le sens de la vie? Quelle place doit occuper la religion? Quelle place doivent occuper les personnes âgées dans notre société? Comment aborder la mort?
  • Demander aux élèves de relever des figures de style variées et des rapprochements inattendus de mots  dans le roman.
  • Proposer aux élèves de réaliser le portrait de Virginie, à travers le temps, ou d’écrire une lettre posthume que sa petite-fille pourrait lui adresser après avoir lu ce manuscrit reçu en héritage.

 

Conseils d'utilisation

  • Proposer le roman à de bons lecteurs qui ont la maturité nécessaire pour apprécier l’œuvre.
  • Présenter les caractéristiques de la prose poétique.
  • Animer un échange sur la perception que les élèves ont des personnes âgées avant de commencer la lecture du roman.