Le héron cendré

« – Non, j’ai pas peur du travail, mais pas n’importe lequel. Quand on est fermier, on est toujours au même endroit, on voit toujours le même paysage et on fait tous les jours la même chose. » (p. 33)

« – Il s’est mis dans la tête qu’il n’aimait pas le travail de la ferme et qu’il voulait aller à l’école. Son père est bien découragé, et pis moi aussi, parce qu’on n’a pas d’école, ici, et qu’il faudrait l’envoyer à Bytown. » (p. 61)
 

« – Ah ben, oui, certainement! Tout le mal que je me suis donné, c’est évidemment pour vous faire vivre, ta mère, tes sœurs et toi, et maintenant Guillaume, mais c’est surtout en pensant à toi. Un jour, tu seras le maître ici… » (p. 33)

« – Il y a plein de choses curieuses dans le monde, que monsieur le curé nous explique le dimanche, et j’aimerais ça apprendre davantage. » (p. 34)

« On a profité des derniers beaux jours pour couper le maïs chez les Rochon, puis chez nous. Avant-hier, c’était au tour de mes parents d’inviter nos voisins du bas de la côte à une épluchette de blé d’Inde. » (p. 37)
 

« Et voilà ma mère qui veut du bois pour préparer son souper! J’ai oublié d’en rentrer ce matin. Elle est bizarre, ma mère, ces temps-ci. » (p. 13)

« – Sébastien, tu fais exprès ou quoi? gronde mon père. On ne peut vraiment pas te faire confiance. Tu fais ton travail une fois sur deux ou trois. Pourquoi t’es pas venu à l’étable comme d’habitude?
– Je sais pas. J’ai oublié… j’ai oublié d’aller à l’étable.
– Oublié? Mais ça va pas? T’as donc rien dans la cervelle? » (p. 23)

« Il est très grand, perché sur de longues pattes aussi graciles que des baguettes. Ses grandes plumes grises et souples semblent pendre autour de son corps comme un petit jupon, et le dessous de son cou, tout ébouriffé, lui donne une allure impressionnante. Je donne un coup de coude dans le bras de mon père et lui signale, d’un mouvement de tête, la présence du nouveau venu, qui s’est immobilisé en nous voyant. » (p. 30)
 

« Et comme la pluie ne cesse pas de la soirée, je monte l’escalier, la mort dans l’âme, en pensant à mon beau livre abandonné dans ce déluge. » (p. 14)

« La pluie fait encore entendre son étrange musique sur le sol de la cour : tantôt des sons mats, tantôt des notes plus claires. Elle tambourine sur la cuve de bois, au coin de la maison, et sur le toit. » (p. 15)

« Nous nous précipitons tous comme une volée de moineaux. » (p. 17)

« Quand il neige en février, sur le miroir glacé de la rivière des Outaouais, on entend, dans le vent, le bruit sourd d’un cheval au galop. » (p. 39)
 

« Tous les jours, sans exception, il faut se lever à l’aube, s’occuper des bêtes, traire les vaches, nourrir les poules et les cochons, marcher toute la journée dans les champs, sous un soleil de plomb, pour labourer, semer, puis couper et ramasser le foin, le blé, l’avoine, le maïs, travailler dans la chaleur et la poussière, ou dans le froid et la boue, s’occuper des clôtures, aiguiser les faucilles et les faux, réparer les charrettes et les outils, aller aider les voisins, participer aux corvées de chemins dans le village. » (p. 10)

« Ce matin, monsieur le curé nous parle des étoiles qu’on voit dans le ciel, les constellations. Moi, je connais déjà la Grande Ourse. Mon père me l’a montrée et je peux même la voir par la fenêtre de ma chambre. Mais il y en a beaucoup d’autres : les Pléiades, Orion, le Bouvier, le Chien, Cassiopée et d’autres, dont j’ai oublié le nom. » (p. 26-27)