Contenu
- Personnage principal et narrateur, François, un adolescent accablé par la colère, la tristesse et la culpabilité après le suicide de son père.
« Yeux rouges? Voyons donc. Tout allait mal. Jul me traitait comme un jouet. J’avais peur que ma mère s’effondre et disparaisse comme papa. Je m’inquiétais de Luc qui avait l’air plus heureux de jouer à la balle avec Spoutnik que d’être entouré d’enfants de son âge. J’ai été une telle déception pour mon père qu’il a pensé que je ne valais pas la peine qu’il reste pour me regarder grandir. » (p. 115)
- Quelques personnages secondaires, dont la mère de François, qui vit un deuil profond, Luc, son frère cadet, qui tente de comprendre sa nouvelle réalité, Bruno, Caroline, Éric et Mélanie, les amis de François, qui cherchent à le réconforter, M. Bergeron, le psychologue de l’école, qui l’aide à se prendre en main, Julia, la fille qui attire son attention, et M. Régalo, un collègue de son père, qui l’accompagne dans cette phase difficile de sa vie.
« – Maman, j’ai fait de la soupe aux légumes pour toi et Luc.
– C’est gentil, mais je n’ai pas faim, mon chéri.
Elle avait l’air épuisée.
– Il faut que tu manges quelque chose, maman.
– Je vais le faire, mon amour, mais plus tard.
C’était toujours la même chose. Plus tard. Elle ne mangeait plus. Chaque soir, elle se tenait debout devant le comptoir de la cuisine et épluchait des oignons – peut-être pour pouvoir pleurer devant nous sans avoir à se cacher. » (p. 36)
« – Quand est-ce que papa va revenir pour de bon, François? Maman dit qu’il est parti pour l’éternité. C’est quoi l’éternité?
Luc avait toujours des questions qui nous laissaient sans voix.
– Est-ce que papa peut arrêter d’être mort pour ma fête? Est-ce que j’ai tué papa parce que je lui ai dit une fois que je ne l’aimais plus? C’était pas vrai, tu sais, François. » (p. 47)
« – Non mais, sérieusement, t’es mon meilleur chum. […] Y est où, ce gars-là, François? Y est où hein? Je le cherche, tu sais, mais il s’est transformé en un genre de monstre qui a peur de rire. Il me manque, tu sais?
Bruno pleurait. […]
– Je ne sais pas où t’es parti, mais reviens…
Il m’a pris dans ses bras, juste là, en face du support à bicyclettes. J’ai commencé à pleurer moi aussi. » (p. 55)
« M. Bergeron a continué.
– Tu sais, c’est normal de se sentir coupable. Et c’est bien que tu l‘aies exprimé aujourd’hui. Perdre un parent est un choc. Une tragédie. Il faut que tu saches que tu n’es pas tout seul. Je connais plein d’adolescents comme toi qui ont perdu un parent. C’est normal de ressentir de la douleur. C’est normal de pleurer. C’est normal. » (p. 77)
« Il y avait une fille super belle dans mon cours de français. […] Elle s’appelait Julia et portait un parfum qui sentait le lilas. » (p. 70)
« C’était M. Régalo, assis sur une chaise de bois, au milieu de la salle vide. […]
– J’ai quelque chose pour toi.
Je n’avais pas remarqué qu’il y avait un livre à ses pieds, jusqu’à ce qu’il se penche pour le ramasser et me le tende. […]
– C’était à ton père. Tu sais, il n’y a pas grand-chose à faire sur un bateau la nuit, et il aimait bien écrire ses pensées. […]
– Prends-le. Il est à toi maintenant.
J’ai pris le journal intime de mon père. » (p. 151-152)
- Roman bouleversant qui explore les émotions profondes liées à la perte d’un être cher; intrigue qui relate l’évolution psychologique de François au cours des étapes de son deuil, soit la culpabilité, la colère, la tristesse et l’acceptation; nombreux retours en arrière permettant de comprendre la relation que vivaient François et son père; thèmes (p. ex., suicide, culpabilité, deuil, réconciliation) aptes à inciter la réflexion et à susciter la discussion chez le lectorat.
- Mise en page aérée; œuvre répartie en 16 chapitres numérotés et titrés; éléments graphiques (p. ex., italiques, symboles indiquant un changement de scène ou un laps de temps, majuscules, guillemets, parenthèses) qui facilitent l’interprétation de l’œuvre; dédicaces et préface au début; remerciements à la fin; citation et courtes notes biographiques sur l’auteur à la quatrième de couverture.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., linceul, gâchis, fulminé, machairodus, entrebâillé) et mots espagnols (p. ex., Dos cervezas por favor, me llamo, muy bien, y qué es el nombre de tu padre), compréhensibles grâce au contexte; registre de langue familier (p. ex., stupide, chum, man, maudits cons, la bouette) et mots anglais (p. ex., smoked meat, crashe, jean jacket, cheap) dans certaines séquences dialoguées, évoquant le langage d’un adolescent de quinze ans.
- Phrases transformées, phrases à construction particulière et nombreuses phrases de base; variété de types et de formes de phrases; abondance de courtes phrases exclamatives et interrogatives dans les dialogues contribuant à la vraisemblance des personnages.
« […] Le visage de maman était pâle, et elle s’était fait une queue de cheval.
– Chéri, viens manger un petit quelque chose. Ça fait assez longtemps qu’on t’attend.
– Je n’ai pas faim, ai-je répondu.
– C’est pas grave. Viens au moins boire un petit jus d’orange.
Elle s’est assise sur le bord de mon lit et m’a pris la main. J’ai tourné la tête vers le mur.
– Pourquoi papa est mort? Pourquoi pas grand-papa à la place? Il dit toujours qu’il veut aller rejoindre grand-maman au ciel.
– La vie est injuste. Je ne sais pas. Je n’ai pas de réponse pour toi.
Maman a serré ma main très fort. Elle est retournée en bas.
- Figures de style (p. ex., énumération, hyperbole, personnification, comparaison, métaphore, interjection) qui agrémentent la lecture.
« Pendant des mois, j’ai passé la vadrouille dans les corridors, j’ai vidé les poubelles et j’ai enlevé toutes les gommes collées en dessous des pupitres, et j’y suis allé. » (p. 5)
« Dix mille guillotines qui tranchent dix mille cous avec un son métallique criant de terreur. » (p. 8)
« Mon âme cherchait un endroit où se cacher de la douleur. » (p. 8)
« Cette année-là fut pleine de surprises, et voici la première : la peine brûle comme l’enfer. » (p. 8)
« Je mourais d’envie de parler de papa avec elle, mais c’était comme si toutes mes motions étaient enfermées dans un coffre-fort dont on avait égaré la clé. » (p. 61-62)
« – François, m’as-tu compris ? You-hou! Où es-tu? La terre appelle la lune! François, je te parle. » (p. 114)
- Nombreuses expressions idiomatiques injectant des brins d’humour dans le texte.
« J’avais perdu les pédales. » (p. 140)
« Je me suis levé, voulant désespérément fuir le moulin à paroles, et me suis dirigé vers l’arrière de l’autobus où se trouvaient les minuscules toilettes. » (p. 143)
- Séquences narratives et descriptives, entrecoupées de séquences dialoguées, permettant de situer l’action, de s’immiscer dans l’esprit des personnages, de comprendre les relations qui existent entre eux et de suivre le parcours émotionnel et psychologique du personnage principal; ajout de notes laissées par le père de François contribuant à la vraisemblance de l’histoire.
« Je me souviens de la première semaine après la mort de mon père, et c’était affreux. Sa mort remplissait chacun des recoins de mon esprit et chaque minute de mes journées. […]
Ça m’a pris des efforts, mais j’ai levé la main. […]
– Bonsoir, je m’appelle François, et mon père est mort au mois de juin dernier.
Je me sentais bien, mais je savais que je n’avais dit que la moitié de ce que j’avais besoin de dire.
– Comment est-il mort? a demandé la fille Barbie.
– Mon père… s’est… mon père s’est suicidé. Il s’est pendu dans le grenier.
Là je l’avais dit. Maintenant, tout le monde savait non seulement qu’il s’était tué, mais comment il l’avait fait. Je voulais m’en débarrasser avant qu’ils ne me le demandent. Les gens veulent toujours connaître les détails juteux. C’est comme :
– Oh! Je suis tellement désolé pour ton père.
– C’est Ok.
Ils attendent une seconde ou deux, puis demandent :
– Comment il a fait ça? Des pilules, un fusil, un tournevis?
Maudits cons. S’ils étaient si désolés que ça, ils ne me poseraient pas ces questions-là. » (p. 83)
« J’avais plié le bout de papier de papa et l’avais glissé dans mon portefeuille.
Le 14 août 1953. Nous, les Compagnons de l’Ordre loyal du poker, promettons de nous rencontrer le 14 août 1993, à 9 heures du soir, pour une réunion Au Bleu Marin, 142 rue Chester, à Toronto. Mot de passe : black jack. » (p. 148)
Référent(s) culturel(s)
- Référents culturels de la francophonie québécoise et canadienne (p. ex., Canadiens de Montréal, Stade olympique, Beau Dommage, Ginette Reno, Passe-Partout, les Expos, Bobino, Roy Dupuis, Céline Dion).
- Mention de Louis XVI, de Louis Riel et du frère André.
- Référence à plusieurs villes et sites du Québec (p. ex., Montréal, le fleuve Saint-Laurent, rue Saint-Denis, Mont-Royal, les Laurentides).
Pistes d'exploitation
- Demander aux élèves, regroupés en équipes, de relever une citation qui illustre chacune des étapes du deuil de François (p. ex., culpabilité, colère, honte, tristesse, acceptation). Animer une discussion sur les moyens de transiger sainement avec un deuil.
- Animer une discussion sur l’énoncé suivant : « […] Ça m’a frappé comment la vie peut ressembler à une partie de poker. Certaines personnes ont les plus belles cartes, alors que d’autres ne font que rêver qu’elles auront un jour une main convenable. Les cartes de Luc étaient pas mal mauvaises pour un enfant de son âge. »
- Demander aux élèves, réunis en équipes, de trouver sur internet une photo correspondant à chaque titre de chapitre. Leur proposer d’utiliser les photos pour créer un collage, puis les inviter à présenter leur travail au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, prévenir les élèves quant aux références à la mort et à la perte d’un être cher dans l’œuvre. Demeurer sensible aux élèves qui vivent un décès dans leur famille et chez qui certains extraits de l’œuvre pourraient susciter des réactions.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 12e année, Série : Petits curieux, grandes questions, La mort.