Contenu
- Deux personnages principaux, narrateur et narratrice à tour de rôle, Roméo, adolescent décidé à décrocher de l’école et à se trouver un emploi, et Juliette Dumouchel, enseignante suppléante en congé de maternité se cherchant désespérément une garderie pour sa fille et un poste permanent dans une école.
« Ce matin, mes parents sont rassurés et partent sans dire un mot. Maman conduit notre vieille auto et laisse papa à l’autobus. Moi, je n’aurais qu’un kilomètre à marcher jusqu’à l’école. Mais aujourd’hui, j’ai un autre plan, bien meilleur que l’école : je décroche. Pour de bon. » (p. 9)
« Il n’y a de place nulle part. Alors que j’aimerais bien retourner travailler. Mieux encore : trouver un poste permanent. Je suis enseignante, mais jusqu’ici, je n’ai été que suppléante. » (p. 10)
« Il faut que je trouve un emploi avant que mes parents découvrent que j’ai abandonné l’école. » (p. 20)
« Dans le fond, je ne suis pas à plaindre. Je vis avec un homme que j’aime. J’ai un bébé que j’adore. Avec un peu de chance, je trouverai bientôt une garderie et j’aurai un travail intéressant. » (p. 22)
- Personnages secondaires peu développés, parmi lesquels Paméla, le bébé de Juliette, nécessitant les soins continus de sa mère, Martin, ancien camarade de classe de Roméo et décrocheur qui tente de voler le sac à main de Juliette, Mélissa, la fille que Roméo aimerait fréquenter, Victor, le conjoint de Juliette, lui prodiguant amour et encouragement, et les parents de Roméo, qui le questionnent sur ses choix d’avenir.
« Paméla va avoir un an et demi. Et je ne lui ai pas encore trouvé une garderie.
[…]
C’est pour ça que je dois m’occuper toute la journée de ma fille… » (p. 10)
« Surtout, je connais quelqu’un qui travaille là. Martin Dubuc, un décrocheur, lui aussi. » (p. 21)
« J’essaie de lui arracher le sac. Mais Martin ne se laisse pas faire et me balance un coup de poing. » (p. 53)
« Juste comme je viens de penser à elle, voilà Mélissa Denville qui vient vers nous. C’est la fille que j’aurais invitée au cinéma si j’avais eu de l’argent pour l’inviter. » (p. 80)
« Je pense à tout ça lorsque Victor arrive.
[…]
– Chérie, je sais que tu as hâte de te remettre à travailler. Si tu veux, je peux te laisser la voiture demain et tu iras faire le tour des garderies. On ne sait jamais : il s’est peut-être libéré une place. » (p. 86-87)
« – Tu voulais lâcher l’école? demande ma mère.
– Oui. Mais j’ai changé d’idée. Parce qu’y a deux carrières qui m’intéressent, si je continue l’école. Je pourrais entrer dans la police…
– La police? Tu veux être dans la police? demande mon père qui n’en croit pas ses oreilles.
[…]
– Des policiers, il en faut, proteste ma mère qui rêve peut-être de voir son fils en uniforme.
– Puis, c’est quoi, ton autre carrière? demande mon père.
– J’aimerais ça, être cuisinier. » (p. 92-93)
- Court roman intimiste relatant avec légèreté et humour la rencontre fortuite entre un adolescent et une enseignante suppléante qui réussit à le convaincre de l’importance de ses études; intrigue présentée en séquences de deux pages faisant alterner la narration du décrocheur et celle de la suppléante, et permettant de suivre les pensées et réalités distinctes des deux personnages de façon quasi-simultanée; thèmes de l’éducation, du décrochage, de l’enseignement et du travail pouvant susciter chez le lectorat adolescent des réflexions et des discussions sur les avantages de finir ses études.
- Illustrations en noir et blanc encadrées et imitant le style de la bande dessinée, qui représentent certaines situations ou les complètent par les pensées et les paroles souvent comiques des personnages.
- Mise en page simple; œuvre répartie en 45 séquences de 2 pages, chacune portant le titre Le décrocheur ou La suppléante afin d’identifier le narrateur ou la narratrice, et 2 dernières séquences intitulées L’ex-décrocheur et L’ex-suppléante constituant implicitement un épilogue; quelques retours en arrière relatant des situations survenues en milieu scolaire et permettant de mieux comprendre le lien entre les personnages principaux; bibliographie de l’auteur au début du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots et tournures de phrases du registre familier dans les séquences dialoguées (p. ex., téteux, prof, cou’donc, plate, y a, eux autres); vocabulaire relié à l’école, à la famille et au travail (p. ex., directrice, carrière, souper, éducation, grammaire, mère, diplôme, cuisine) permettant au lectorat de faire des liens avec son vécu.
- Prédominance de phrases simples, généralement courtes, contribuant à la vraisemblance des personnages et de leurs réflexions.
« Ce que j’aime dans l’enseignement, c’est justement ces conversations avec des jeunes. Surtout s’ils sont curieux, idéalistes et impertinents, comme moi quand j’avais leur âge. » (p. 42)
« Je n’ai pas envie d’avouer que j’ai décroché. Pas à elle, en tout cas. Elle ne comprendrait pas. Ou elle me ramènerait à l’école. » (p. 44)
« Je suis fière de moi! Il ne l’a pas dit clairement, mais si j’ai bien compris, il va y aller cet après-midi. Je l’ai convaincu de raccrocher après seulement une matinée manquée. Je suis sûre qu’il est capable de se trouver une bonne excuse pour avoir été absent ce matin. Un rendez-vous chez le dentiste ou le médecin. Et ses parents seront contents de lui signer un billet s’il leur promet de ne pas décrocher. » (p. 74)
« Mes parents ne semblent pas inquiets. J’ai manqué une demi-journée d’école. Il y a des crimes pires que celui-là. Surtout qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. » (p. 92)
- Procédés stylistiques (p. ex., antithèse, anaphore, énumération, comparaison) et expressions idiomatiques contribuant aux tonalités humoristique et ironique de l’œuvre.
« Mais l’école est obligatoire. Je me ferais peut-être moins prier pour y aller si j’avais le choix. Mais je ne suis pas ministre de l’Éducation. » (p. 9)
« Comment j’ai pu faire pour devenir un imbécile héroïque? » (p. 57)
« Je ne suis pas allé à l’école ce matin. Je n’irai pas cet après-midi. Je n’irai pas demain. Je n’irai plus jamais. De toute ma vie. » (p. 60)
« Je vois des gars pas tellement plus vieux que moi qui roulent en décapotable, qui ont des blondes belles comme des actrices, qui ont des condos avec vue sur la rivière, qui s’achètent tous les six mois les plus nouveaux téléphones intelligents et qui dépensent une fortune pour des concerts rock. Je suis sûr qu’ils n’avaient rien de tout ça quand ils allaient à l’école. Et maintenant ils ont de l’argent plein les poches. » (p. 64)
- Séquences narratives permettant de s’immiscer dans l’esprit des personnages principaux et de comprendre leur évolution; séquences dialoguées reflétant la relation de confiance entre le décrocheur et la suppléante.
« Je la regarde s’éloigner. Et je suis tout à coup fier de moi : elle m’a confié son sac à main.
Pourtant, elle ne me connaît presque pas. Je pourrais être un voleur. » (p. 48)
« Finalement, elle retrouve son sérieux et me demande :
– Tu sais que décrocher une demi-journée, ça ne s’appelle pas décrocher.
– Ça s’appelle comment?
– Ça s’appelle faire l’école buissonnière.
Je connais l’expression, je l’ai lue dans un livre. Mais elle m’a mal compris.
– Je ne fais pas l’école buissonnière. J’ai décroché. Pour de bon. » (p. 60)
« J’ai devant moi un garçon qui vient d’abandonner l’école il y a trois heures à peine et j’ai l’occasion de le convaincre d’y retourner avant qu’il soit trop tard. » (p. 62)
« – Alors, qu’est-ce que tu aimerais faire, qu’est-ce qui te passionne dans la vie?
[…]
– Ça a l’air drôle, mais ce que j’aime, c’est faire la cuisine. Ce matin, j’ai inventé les linguines à la Roméo. On prend du fromage bleu, on le fait fondre dans du lait et on verse ça sur des pâtes.
[…]
– C’est une bonne idée, cuisinier. Mais pour le devenir, il faut faire des études. » (p. 70-71)
« C’est la rentrée, aujourd’hui. Une rentrée bien spéciale, parce que ce n’est pas seulement ma rentrée à moi. C’est aussi le premier jour de Paméla à l’école, en maternelle!
Le temps a passé vite depuis que je lui ai trouvé une garderie et que je me suis mise à enseigner à temps plein. » (p. 98)
« Je ne serai jamais chef de cuisine, ni même simple cuisinier.
Je n’ai pas décroché. J’ai juste découvert des métiers que je trouve plus intéressants. Je change d’avis tous les deux mois : est-ce que je vais être arpenteur-géomètre, prof d’éducation physique ou nutritionniste? C’est ce que j’aime, de l’instruction : plus on en a, plus on a le choix. » (p. 100)
Référent(s) culturel(s)
- Référence au système d’éducation et à des organismes québécois (p. ex., cégep, DPJ, Sûreté du Québec).
- Allusion aux règles de grammaire et d’usage de la langue française.
Pistes d'exploitation
- Proposer aux élèves, regroupés en dyades, de rédiger deux séquences narratives, l’une du point de vue de « l’ex-décrocheur » et l’autre du point de vue de « l’ex-suppléante », qui présenteraient les personnages cinq ans plus tard. Les inviter à lire leurs textes devant le groupe-classe.
- Demander aux élèves de créer une illustration supplémentaire pour accompagner ou compléter une des séquences de leur choix en respectant les caractéristiques des illustrations existantes (p. ex., noir et blanc, encadrement, phylactères).
- Inviter les élèves, réunis en équipes, à concevoir une campagne de sensibilisation aux dangers du décrochage et à l’importance des études. Leur demander de créer une affiche ou une courte vidéo pour faire part de leur message aux autres élèves de l’école.
- Suggérer aux élèves, regroupés en dyades, d’effectuer une recherche sur le décrochage scolaire dans les écoles secondaires de langue française de l’Ontario, au cours des 50 dernières années, en tenant compte d’éléments précis (p. ex., taux de décrochage, causes, effets, programmes en place pour limiter ce phénomène). Les inviter à présenter leurs trouvailles au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Discuter des idées véhiculées dans l’œuvre relevant de généralisations ou de stéréotypes (p. ex., « On dit qu’il faut être brillant pour faire des études… » (p. 17); « Autour de moi, il y a surtout des retraités qui étirent un café pour étirer leur journée. »; « Et mon père dit toujours que la cuisine, c’est la place des femmes. » (p. 72))
- Faire un retour sur les extraits dans lesquels une mère que Juliette ne connaît pas lui demande de surveiller son enfant pendant qu’elle retourne à la maison chercher son parapluie (p. 14) et Juliette laisse son bébé sans surveillance lorsqu’elle passe aux toilettes au centre commercial (p. 22-23), puis discuter des conséquences que peuvent engendrer de tels gestes.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Les décrocheurs.