- Quatre-vingt-quatre chroniques titrées, de 2 à 3 pages chacune, présentées de façon chronologique et reflétant les valeurs et les convictions de l’auteur; extrait d’un essai inachevé, L’odyssée de Youssef, placé à la fin de l’œuvre.
- Narrateur engagé personnellement dans ses chroniques et dénonçant ou critiquant parfois durement de nombreuses situations politiques, sociales de même que plusieurs personnalités connues.
« Je me lance sans filet dans un plaidoyer inutile qui sera sans effet et que ces bourgeois corrects, propres et en santé qui nous gouvernent trouveront ridicule. Je me fourvoie dans le totalement politiquement incorrect. » (p. 47)
« En fait, il n’existe pas de bons ou de mauvais États, il n’y a que de bons et de mauvais gouvernements. De bons gouvernements dotés d’une vision du bien commun […] Et de mauvais gouvernements comme celui de Mme Forget, dénués de tout projet collectif… » (p. 101)
« Le génocide de 1994 se poursuit et tue chaque jour. Pas une seule journée depuis quinze ans, le génocide n’a cessé de tuer. Le génocide voyage. Avec les deux millions de Hutus réfugiés au Kivu en 1994, encadrés par les milices et les militaires du régime déchu, le génocide rwandais a déposé ses cellules cancéreuses et ses métastases dans la République démocratique du Congo… » (p. 201)
« Si Stephen Harper n’acquiesce pas à la demande de financement, c’est que depuis sa tendre enfance il a horreur des francophones, une sorte de haine morbide. » (p. 241)
- Un personnage principal dans L’odyssée de Youssef, illustrant non seulement le malheur, mais aussi la volonté de vivre d’un être et d’un peuple.
« Youssef, qui vit dans un village à cent kilomètres de Niamey, a vu depuis tout petit le sable avancer. […] Maintenant, il regarde le sable avancer au point qu’il atteint maintenant son lit au fond de la case qu’il habite avec ses sept frères et sœurs, sa grand-mère et ses deux parents. Les vaches maigrissent, et le prix qu’on peut en tirer au marché ne vaut même plus la peine de les y amener. Le puits du village est sec. Il faut marcher six kilomètres pour aller quérir de l’eau. » (p. 274)
« Quand Youssef quitte son village avec son petit pécule caché dans ses baskets, il se croit investi d’une mission humanitaire. […] En plus, il est béni ou ennobli par les anciens du village. Youssef est un missionnaire qui ne veut convaincre personne. Il souhaite seulement que les chèvres possèdent un pâturage, que les vaches pissent du lait, que le manioc pousse. » (p. 286)
- Procédés variés (p. ex., résumé, statistiques, conclusion frappante) servant à démontrer l’ampleur des situations commentées.
« Qu’on le veuille ou non, toute décision politique qui touche la communauté juive est délicate et recèle un potentiel explosif. Cela est vrai dans toutes les sociétés occidentales. Des siècles d’antisémitisme, la mémoire de la Shoah, les résurgences ponctuelles de gestes antijuifs, le sentiment souvent inconscient de persécution qui existe encore chez certains membres de cette communauté, tout cela transforme le terrain politique normal en champ de mines. » (p. 33)
« En deux ans, le taux de malnutrition chronique est passé de 4,4 à 9 %. Les deux tiers des Irakiens n’ont pas d’emploi et seulement 32 % ont accès à de l’eau potable. Ancienne fierté de l’Irak, le système de santé est en ruine : 12 000 des 34 000 médecins que comptait le pays en 2003 ont quitté le pays et 2 000 ont été assassinés. » (p. 122)
« On ne lit pas dans les écoles. Il n’y a pas de livres dans les écoles, seulement des programmes de compétences transversales et des objectifs de "diplomation". Et au nom de la nation, nous continuons à former des ignorants. Pas de mots, pas d’histoire, pas de culture générale, rien. Le Loft comme système d’éducation. » (p. 146)
- Nombreux thèmes (p. ex., religion, injustice, politique, liberté), parfois délicats, mais toujours présentés en contexte.
« Oui, les commentateurs ont raison. Ce fut un grand pape, un grand pape pour son Église. Comme on dit dans les pages financières, il a redressé la situation de son organisation, il a amélioré son image de marque et accru sa visibilité. Pour cela, pour cette détermination, il faut admirer son bilan. Pour le reste, il faut bien reconnaître qu’il a érigé une Église complètement coupée de la vie et de la douleur quotidiennes de ses fidèles. » (p. 43)
« Malgré toutes les chartes et tous les discours sur l’égalité, la femme en politique ressemble un peu aux jeunes des cités françaises; ils sont en théorie égaux, mais pour réussir ils doivent être dix fois meilleurs que ceux qui habitent les quartiers chics. » (p. 82)
« La liberté est un idéal et aussi le pire des pièges. La liberté de se regrouper peut mener à l’enfermement; celle de proclamer la vérité, à l’exclusion; et celle de dénoncer violemment peut entraîner la répression. La liberté est un instrument dangereux quand elle n’est pas accompagnée par la réflexion. » (p. 199)