Contenu
- Personnage principal, héroïne anonyme, rêveuse et en quête d’identité, présentée depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte.
« L’enfant appuie sa main sur sa bouche et serre les lèvres. Elle veut grandir, connaître l’amour, non s’engouffrer dans un monde de réalités violentes qui saccageraient ses rêves. » (p. 38)
« Face aux trésors enfouis dans le tiroir ouvert, l’adolescente se demande si, plus tard, lorsqu’elle ne sera plus là, une main attentive viendra palper un objet, un bijou lui ayant appartenu. Elle aimerait que l’on se souvienne d’elle, de ses goûts, des vêtements qu’elle aura portés un soir de tristesse ou de triomphe. » (p. 46)
« Peu après son arrivée dans la ville, le directeur du journal local lui cède une page hebdomadaire qu’elle remplira à sa guise. Elle sera libre de publier des entrevues, des poèmes, des comptes rendus de conférences et même un courrier de cœur. » (p. 71)
- Personnages secondaires, la mère, le père, le cousin et le mari, nommé L., du personnage principal, qui contribuent directement ou indirectement à sa vision du monde.
« Une fois la crise traversée, […] la mère reconnaît la lourdeur de l’héritage reçu. Elle évoque l’ampleur des charges familiales, les frais encourus pour chacun des frères et sœurs dont le père avait la responsabilité. Elle comprend cependant mal sa déception d’avoir dû renoncer aux études commencées à Lowell. Après tout, elle-même a déjà été institutrice, et ça ne l’a pas empêchée de partager la vie de la belle-famille, de supporter ses exigences et ses caprices. » (p. 18)
« L’anglais restera pour elle la langue du père à demi absent, l’homme inatteignable qui n’habite jamais complètement le domaine familial. » (p. 20)
« En quittant l’armée, le cousin se fiance à une riche et séduisante héritière qu’il laisse languir pendant quatre ans avant de la quitter. […] L’homme au front dégarni représente l’indépendance, la connaissance des vieux pays. […] Pour l’adolescente, son visage restera associé aux amours faciles, aux photos de marins publiées dans les journaux, aux résistances que la conscription soulevait dans les villages. » (p. 89-90)
« L. laisse à la jeune mère l’entière responsabilité de l’enfant dès qu’il n’exige plus de biberon avant l’aube. Elle insiste pour qu’il se rende près du berceau qu’il n’approcherait pas autrement. Peut-être craint-il cet enfant qui appelle à lui tout son savoir, excède tout ce qu’il pourrait en dire. » (p. 114)
- Roman captivant dévoilant la perception de la narratrice sur le statut de la femme au fil du temps; intrigue marquée par des retours en arrière, des présages et de nombreuses ellipses permettant de suivre l’évolution de la vie d’une femme; thèmes (p. ex., temps, famille, amour, écriture, condition de la femme, mort) reflétant le périple existentiel du personnage principal.
- Mise en page aérée et dynamique; texte réparti en 6 chapitres numérotés; éléments graphiques (p. ex., italiques, espace indiquant un laps de temps ou un changement de scène) qui facilitent l’interprétation du roman; liste des œuvres de l’auteure et dédicace au début; liste d’œuvres de la même collection à la fin; courtes notes biographiques sur l’auteure à la quatrième de couverture.
Langue
- Registre de langue soutenu dans l’ensemble de l’œuvre, traduisant la profondeur et la complexité des pensées du personnage principal; lexique du quotidien, du rêve et du temps, conférant à l’œuvre une portée philosophique; utilisation d’un vocabulaire riche (p. ex., turgescentes, pimbêches, envoûtées, pénombre, obsèques) et quelques mots anglais (p. ex., factories, darling, garden-party) compréhensible à l’aide du contexte.
- Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; emploi surtout de la phrase déclarative; quelques phrases interrogatives soulignant les sentiments de l’écrivaine au fil du temps.
« L’industrie hôtelière est en plein essor. Il fait miroiter les revenus mirobolants qu’elle pourrait tirer du bar et de la salle à manger. Ravagée, la mère fixe le parebrise et se cramponne à son siège. Elle n’ouvre pas la bouche lorsque l’oncle nous ramène à la maison. Aussitôt entrée, elle s’enferme dans sa chambre pour pleurer et ne se montre plus du reste de la journée. (p. 43)
« Il a signé plusieurs recueils, il se désole. « La poésie, c’est ce qui sauve le monde, cela et seulement cela sauvera le monde, tu entends? » » (p. 111)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., comparaison, antithèse, énumération, métaphore, personnification, répétition, hyperbole) qui rendent imagées les pensées et les expériences des personnages.
« Tout s’est figé comme dans un tableau. » (p. 14)
« Autour d’elle s’affiche partout une démarcation très nette entre l’ici et l’ailleurs, l’exceptionnel et le coutumier, les heures de travail et les temps de repos. » (p. 27)
« Le jardin d’été, qui longe la cour et les plates-bandes de fleurs exposées à la vue des passants, accueille les fines herbes, les légumes fins, les haricots, les radis, les tomates et les poivrons. » (p. 28)
« Certains jours durent des semaines, d’autres filent comme un éclair dans la spirale du temps qui crache ses bombes de l’autre côté de l’Atlantique. » (p. 90)
« Rien ne bouge autour d’elle, ni les rideaux de tulle, ni son sac à main jeté sur une chaise, ni la fleur de plastique orange sur la table à café. » (p. 93)
« Pour chacun d’eux, mille vies en perspective et autant d’aventures possibles. » (p. 133)
- Texte entièrement constitué de séquences narratives et descriptives, abondant en indices socioculturels de la société évoquée (p. ex., mode de vie, pratiques religieuses, valeurs).
« Avec ses sœurs, elle retrouvera la cohue grouillante de la sortie, le modeste attelage, les rires sur les trottoirs. Aucun homme de la maison ne sera dans la voiture. Ils préfèrent marcher la distance qui sépare la propriété des chics résidences du village. » (p. 33)
« Le sacrement leur est administré dans une église colossale et glacée où la douzaine d’invités, éparpillés dans les premiers rangs, font figure de figurants dans un théâtre oublié. En franchissant la nef, la fiancée est prise d’un vertige. » (p. 106)
« L’hôtesse écoute à peine. Ce qui a toujours été tenu secret dans son milieu, par pudeur ou ignorance, est maintenant divulgué comme une recette de gâteau au chocolat ou une soupe aux artichauts. Elle a toujours cru que mieux valait laisser la sexualité s’épanouir en son propre mystère. » (p. 110)
Référent(s) culturel(s)
- Allusions au phénomène de la dualité linguistique en milieu familial.
- Référence à des auteurs de la littérature française (p. ex., Pascal, Corneille) se rattachant à la passion de l’héroïne pour l’écriture.
Pistes d'exploitation
- Animer une table ronde sur le rôle de la femme dans les sociétés passées, présentes et futures. Inviter les élèves à discuter de femmes exceptionnelles ayant contribué à des changements sociaux importants (p. ex., mère Teresa, Rosa Parks, Simone de Beauvoir).
- Suggérer aux élèves, réunis en dyades, de comparer l’évolution de la famille dans les années 1900 et 2000 à l’aide d’un outil organisationnel. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur comparaison au groupe-classe.
- Demander aux élèves de rédiger un texte descriptif reflétant leur vie à la troisième personne du singulier, en insistant sur les quelques individus ou situations les ayant profondément marqués, de l’enfance jusqu’à présent. Jumeler les élèves, puis les inviter à présenter leur texte à leur groupe.
Conseils d'utilisation
- Revoir les règles de la table ronde.
- Inciter les élèves à lire d’autres œuvres traitant du rôle de la femme, telles que Mon père, je m’accuse et La louve de mer, tome 3 – Les enfants de la louve, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Ecce homo, La famille; Hommes et femmes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : Artisans du changement, Espoir au féminin.