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L’anarchie des innocences

Un homme se retire du « projet collectif », loue un petit appartement, se branche à Internet et décide de mettre le nez dehors le moins souvent possible. Malgré ses efforts pour s’éloigner du passé de son « je » d’antan, des souvenirs reviennent constamment, hantent son quotidien. De plus, des personnages envahissent son écran alors qu’il tente de devenir « autre », s’abandonne à un automatisme débridé.

(Tiré du site de l’éditeur.)

 

À propos du livre

Contenu

  • Récit poétique qui marie la prose et la poésie pour illustrer les thèmes véhiculés, dont la recherche de soi, la guerre et l’obsession.

    « Au cœur d’une idéologie confuse, il tente de se ressaisir, se dit que la guerre se poursuit et que personne n’y échappe. » (p. 88)

    « Il pense à la femme de ses courriels, revoit le mouvement de ses yeux en relisant des textes qu’elle a partagés avec lui depuis leur première rencontre, entend sa voix, les bruits et les musiques d’une terrasse… » (p. 128)
     

  • Un seul personnage principal, qui assume à la fois l’identité du je, du il, de l’autre et du bon gars.

    « Je riposte du tac au tac, lui dit que le il de son moi l’habite en parallèle comme un personnage désarticulé qui perd les pédales à chaque phrase d’une guerre qui se déroule en catimini. » (p. 21)

    « Plus il se pose des questions, plus le bon gars a l’impression de comprendre une espèce de tremblement réclamant sa goutte d’éternité. » (p. 97)
     

  • Narrateur omniscient dans l’ensemble du récit; il livre aux lectrices et aux lecteurs les pensées du personnage principal.

    « Les bras en croix, le bon gars ferme les yeux, se laisse glisser, revoit la dame aux crevettes transformée dans un rêve liquide. » (p. 79)

    « Pour un instant, il cherche d’autres visages, d’autres images, se voit derrière la caméra d’une vie, réalisateur au moment critique d’une séance de tournage remplie d’histoires décousues, d’histoires à décrypter que siphonne un continent amnésique. » (p. 86)

Langue

  • Registre généralement courant à l’exception de certains mots plus recherchés; insertion de l’anglais pour accentuer certains passages de l’œuvre et les rendre plus réalistes.

    « […] a passé plus d’une heure à étudier les mouvements incongrus d’une mouche batifolant sur le calorifère de sa cuisine. » (p. 67)

    « […] un missionnaire hurlant la rédemption à tous ses camarades pécheurs… "X, Y, Z et Amen!" dans un fortissimo ahurissant. » (p. 85)

    « – Can you sense it? demande la dame aux crevettes. They’re coming, whispering through walls, almost playfully ashamed to show themselves, about to break through… » (p. 102)
     

  • Figures de style variées (p. ex., comparaison, énumération) et procédés linguistiques (p. ex., répétition, exclamation) qui enrichissent le texte.

    « Trébuchant sur un fil conducteur devenu beaucoup trop long, je s’allonge sur le dos comme une bête blessée, son clavier posé sur sa poitrine. » (p. 26)

    « Elle apparaît à son écran, lui parle d’un temps révolu, de révolutions possibles ou impossibles, des moments oubliés, d’impuissances, de la découverte d’un voyage intérieur et de zones obscures réservées aux plus intimes réflexions. » (p. 72)

    « Il se demande qui a précédé sa petite amie en ce lieu, si la femme ou l’homme partageait les mêmes objectifs, les mêmes repères, la même donne. » (p. 84)
     

  • Poèmes sans ponctuation, ce qui permet plusieurs interprétations du texte; abondance de parenthèses dans la prose et la poésie pour préciser la pensée de l’auteur.

    « à la table d’à côté / un homme sombre / les fixe d’un regard suspect / le jour à sa gauche / la nuit à sa droite / il grille un cigare / comme s’il allumait la mèche / d’une arme de destruction / autour d’eux / les clients vaquent à leurs affaires / dans la plus complète indifférence / pendant qu’une larme de beurre / coule sur le sourire de la femme » (p. 31)

    « "S’exposer? Ouvrir une brèche? Revenir à l’origine? (Mais où commence l’origine quand la mémoire laisse peu ou pas de traces?)" » (p. 81)

    « La question demeure, cherchant un sens creusé par un ongle qui égratigne par amour. (Oui, c’est ça! Ou peut-être autre chose… Qui sait?) » (p. 103)

Pistes d'exploitation

  • Revoir avec les élèves les règles de ponctuation. Les amener à observer l’absence de majuscules et de ponctuation dans la poésie aux pages 29 à 56 et à en commenter l’effet sur le sens et sur la lisibilité du texte. Demander aux élèves de choisir un extrait qui n’est pas ponctué et de le récrire avec la ponctuation et les majuscules qui s’imposent.
  • Proposer aux élèves de choisir un poème qui contient du texte en langue anglaise et de le traduire en français en respectant l’émotion exprimée dans le reste de la séquence (p. ex., p. 37).
  • Inviter les élèves à faire l’analyse caractérielle des personnages de je, de la dame aux crevettes et de Coleslaw, à partir des indices relevés dans l’œuvre.

Conseils d'utilisation

  • Avant d’aborder l’œuvre, prendre connaissance des autres œuvres de l’auteur, afin de mieux comprendre son style (p. ex., Famien – sa voix dans le brouillard).
  • Avant la lecture avec les élèves, leur présenter les messages véhiculés dans les poèmes à la terrasse d’un café (p. 27 à 40), territoires improbables (p. 41 à 48) et se laisser oublier? (p. 49 à 57).
  • Réserver cette œuvre à un lectorat averti en raison de la complexité du style de l’auteur et des thèmes.