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La Tour du silence

La Tour du silence est le tout premier recueil de poésie publié par Arash Mohtashami-Maali. La « Tour du silence » est le nom que portaient les cimetières zoroastriens. Il s'agissait d'un édifice à toit ouvert, placé en haut d'une montagne, où l'on déposait les corps des défunts pour pouvoir plus tard recueillir les ossements. Retours fables est un ensemble de poèmes autour du thème de l'exil et du silence en exil.

(Tiré du site de l’éditeur.)

À propos du livre

Contenu

  • Recueil divisé en deux parties titrées, de forme semblable, constituées respectivement de 11 et de 15 poèmes.
  • Narrateur participant s’adressant parfois à un être aimé et dévoilant des pensées intimes, troublées, empreintes de nostalgie et de rêverie.

    « Parfois, quand ton sourire va jusqu'aux charmes de ma chambre,
    toute en rêve, accomplir tes désirs du calme sombre et doux,
    mes yeux, comme ceux d'une perdrix
    admirant le chien du chasseur,
    soucieux, désespérés, tourments,
    brillent sur ce désordre; » (p. 9)

    « Le frisson redouté, la pluie immobile
    et l'avenir n'est qu'un regard;
    j'ai en moi cette colère contre ma mort qui me doit cette fois
    son retard,
    son retard qui m'élance. » (p. 32)

    « Je suis un enfant qui n'a pas assez pleuré.
    Les jours sont navrants,
    des deuils prolongés et silencieux
    pleins de peines et de soupirs
    et le départ a tant de songes ombrés… » (p. 49)
     

  • Thèmes de l'amour, de la mort, de l’exil et du rêve, abordés de manière délicate et soutenant l’image métaphorique de la tour du silence dans laquelle l’auteur se sent confiné.

    « J'ai aimé pour mieux mourir, pour mieux écraser l'avenir mal dit
    comme on aime la cendre de la douce mémoire
    et toutes les mains de femmes,
    tous les regards du doux et de l'espoir
    sont dans ce tourbillon dérisoire des voyages, prémices de l'usure. » (p. 17)

    « Mais mourir ne suffirait pas, il faut vivre pour mourir
    et parfois la vie même est une douloureuse grimace
    aimée,
    douce. » (p. 32)

    « L’exil est la mémoire incapable,
    comme les feuilles simples et blanches figée,
    battue par sa contenance et la lumière-lueur tenue dans ses murs,
    l’exil est le silence,

    l’exil silence. » (p. 58)

    « Je rêve de poser mes mains châtiées sur les murs et leurs songes
    et de les clouer, si seulement je le pouvais,
    et de regarder le sang futile des rêves, vomissures des yeux
      cristallins,
    couler à la vitesse de tous mes cris… » (p. 82)
     

  • Strophes et vers de longueurs irrégulières dans lesquels s'intercalent de longues phrases selon les sacs et ressacs de la pensée du poète.

    « Le ciel ne sait pas;
    moi, revenu du froid, me retourne au sein des soleils éteints
    et sans crainte pour mon âge,
    riche de larmes glacées et contiguës,
    je vois mes sentiments, comme l'ombre, obscurcis
    s'adoucir à l'insu de quelque légende. » (p. 6)

    « Jamais sentence plus vague ne s'annonce
    hormis commencements affolés
    tout seuls,
    sans relâche,
    épuisés. » (p. 26)

    « J'ai conduit le jour à travers le seul silence
    le rongement-calme insoutenable prend les yeux fermés, lointains,
      éteints
    et serre cette tête malheureuse, en attente, démunie
    parce que je n'ai pas vu
    parce que je n'ai pas vu l'homme désastreux dans sa gloire de la
      rue
    parce que ceux qui s'en allaient dans la lumière transformée,
           comme le passé,
    n'arrivaient pas de montrer leur visage parsemé. » (p. 71)

Langue

  • Registre soutenu dans l’ensemble de l’œuvre; entrelacement d’un vocabulaire riche, souvent abstrait, d'images oniriques abondantes et de rapprochements inattendus de mots témoignant de la virtuosité littéraire de l’auteur.

    « Longtemps la nécrose s'attachait à mes entrailles,
    longtemps mes yeux ne savaient où trouver le repos éternel
    et maintenant, ils se meurent comme l'oiseau aux ailes de
      corbeau, étripé et sourd » (p. 30)

    « Le rêve ne peut consoler que cette rue qui attend,
    j'ai brisé sa continuité sur les cristaux du monde-fable
    et sur l'immense qui revient avec ses étoiles
    justes polaires, livides
    du maintenant. » (p. 60)

    « La douceur,          la condamnée,            la lente,
    tamise les terriers du désert
    et ne cherche pas la senteur, l'horrible connaissance
    de la décomposition
    et de la désintégration des soupirs,
    les derniers. » (p. 67)
     

  • Poèmes de forme libre, caractérisés par une ponctuation fréquente et variée ainsi que par des jeux de décalages entre certains mots ou certains vers contribuant au rythme et à la musicalité de l’œuvre.

    « – Elle attend comme un messager…
    – J'arrive, j'arrive…
    …le chemin était long et sans portée… » (p. 21)

    « Une barque figée dans la glace de la rivière
    soutenue par le souvenir d'une turbulence minutieuse
    attend        le manteau-reine         de la plaine
    dessiné par les fleurs jaunes; » (p. 25)

    « Jamais,
           non,
             jamais
    charme plus calme,
    yeux pris des curiosités,
    devoir onirique des paupières,
                           jamais… » (p. 50)

    « Au départ…
    Le ciel voilé tend ses souvenirs vers le bleu; et l'attente. Une
      simple disparition dans l'horizon, un adieu de la mer.
      Qui reprend le jour les transhumances? Balbutiements. » (p. 55)

    « … insuffi, humain.
    Moi!

    J'attends entendre mon sang, mon sang grincer –
    qui ne se plaint jamais? » (p. 59)
     

  • Comparaisons, anaphores et énumérations abondantes provoquant des sensations et mettant en relief tantôt la peine, tantôt le désespoir ou encore la résignation du narrateur.

    « mes mains tiennent la glace pour trembler de la sorte
    et elles sentent les rigueurs de la pierre froide,
    comme une couverture,
    au fond de ce
    cimetière. » (p. 15)

    « Je n'ai pas de sommeil,
    je n'ai jamais eu de sommeil,
    j'en ai peur,
    le rêve est un fait volontaire,
    le rêve, c'est quand je le veux,
    le rêve, c'est quand personne n'est là, personne ne peut rien… » (p. 80)

    « Je rêve d’une maison pleine de souvenirs
    d’objets surannés, fatigués, sans appartenance autre que mienne,
    sans désordres,
    et de rien d’autre que de ce soleil accroché à un toit
    et de quelques lumières d’un rien tenues à la fenêtre ou à l’œil
      de chaque mur. » (p. 81)
     

  • Champs lexicaux et sémantiques liés à la nature, à la mort et au temps insufflant, dans les poèmes, une mélancolie d’une grande douceur et laissant poindre une lueur d’espoir au-delà de la douleur exprimée.

    « Le ciel est bleu noir dans son désordre aimé.
    Derrière ces cloisons, au sommet de ma dernière montagne, aux
      pieds de ma dernière ruine
    je rêve de fleuve et de chants marins,
    je rêve d'être enfin un brin de soleil sur l'impuissance immobile. » (p. 14)

    « Le rouge du soleil est à jamais le sang.

    J'aimerais tant y rester et voir brûler à feu bas
    le songe superflu sur le linceul altéré,
    et mêler cette poussière endeuillée à l'innommable sentiment de
    sourire; » (p. 37)

    « Les longs couloirs de l'enfance, les pièces pleines de livres,
    les tapis traçant tant de figures horribles,
    les soleils sur les vitres,
    l'été consolateur, reposé, incompris;
    les années
    sont mortes,
    tout a été dépassé… » (p. 44-45)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de créer, au fusain, une œuvre visuelle traduisant les sentiments plutôt tristes du narrateur dans un poème de leur choix.
  • Proposer aux élèves et notamment aux nouveaux arrivants de parler, dans le cadre d'une discussion en classe, de leur expérience personnelle de l’exil.
  • Inviter les élèves à rédiger un poème sur un de leurs rêves, en s'inspirant du dernier poème du recueil (p. 81).

Conseils d'utilisation

  • Présenter aux élèves les caractéristiques de la poésie contemporaine, avant la lecture, afin de leur permettre d'apprécier une forme de poésie moins conventionnelle.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Ecce homo, La mort.