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La première pluie

Quitter sa famille et son village pour la première fois; surmonter toutes les difficultés et les angoisses; faire le deuil de son adolescence : voici l’histoire d’un jeune Acadien qui a quitté son village pour faire la récolte du tabac en Ontario dans les années 1970. D’inspiration moderne dans son style et son contenu, ce récit à la première personne, à la fois roman d’initiation et roman de la route, mise davantage sur l’évolution intérieure du personnage et sur la finesse de l’observation que sur l’abondance et l’éclat des péripéties.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnage principal et narrateur, Daniel, un adolescent qui quitte sa famille au Nouveau-Brunswick pour la récolte de tabac, un emploi qui lui permet de forger son identité de jeune homme.

« Incapable de supporter plus longtemps autant d‘émotion, je me hissai rapidement à bord, en prenant bien soin de ne pas regarder en arrière. Ma valise devant moi, j’avançai lentement dans l’étroit corridor encombré de passagers qui, comme moi, cherchaient une place où s’asseoir.
Le train quitta lentement la gare. Faute de place, je n’avais d’autre choix que de m’enfoncer vers l’avant. » (p. 13)

« Je pinçai délicatement le bout de la cigarette entre mon pouce et mon index comme s’il s’agissait d’un bijou précieux. Et comme je le faisais souvent depuis une semaine, j’essayai encore une fois de camoufler du mieux que je le pouvais mon inexpérience. » (p. 85)

  • Nombreux personnages secondaires, dont la famille de Daniel, qui accepte de le laisser partir, Albert, Jean et Gaston, les hommes qu’il côtoie dans le train, M. Horthy, le fermier qui l’embauche, Marius, un travailleur saisonnier qui lui apprend le métier, Joseph, Marcel, Pierre Lafleur et Olivier Bellefeuille, surnommé l’Allemand, les jeunes adultes embauchés en même temps que lui, ainsi que René Beauchemin, Léopaul et Antoni Cantini, les remplaçants à la ferme Horthy.

« Dans l’auto, la tension était aussi lourde que le train arrêté devant nous. Ma mère s’impatientait. Elle devinait que mes frères, ma sœur et elle-même étaient de trop pour ce départ. […] Mon père sortit de l’auto et empoigna, silencieux, ma valise. Sur le quai qui s’était rapidement vidé, à l’abri du regard de ma mère, il sortit un billet de vingt dollars qu’il glissa dans ma poche de chemise. » (p. 12)

« Je posai ma valise sur le porte-bagage au-dessus de ma tête et m’assis en face de lui près de la fenêtre. Au bout d’un moment, mal à l’aise, il se présenta. Il s’appelait Albert. […]
Comme beaucoup d’autres, cet été-là, il avait perdu son emploi au moulin. Quand j‘appris que nous nous rendions au même endroit et, qu’en plus, il y était déjà allé, je ressentis une vague de réconfort. Je ne ferais finalement pas le voyage seul. […]
Plus tard dans la soirée, il me conseilla de dormir.
– On est loin d’être arrivés, tu devrais te coucher. Demain tu verras, la journée sera longue. » (p. 13-14)

« L’un s’appelait Jean, et l’autre, Gaston. Nous ferions le reste du voyage avec eux. Jean, le plus vieux – du moins en apparence – et le plus bavard des deux, devait frôler la trentaine. » (p. 16)

« Le fermier répéta, étonné, après moi : ²Eighteen?”Il détourna la tête et consulta le passager en haussant les épaules. L’autre, après quelques secondes, fit signe de “oui” avec la tête. Le fermier se retourna vers moi et déclara en souriant : “Get in!”» (p. 44)

« Marius n’avait que vingt-quatre ans et travaillait à la ferme de M. Horthy depuis cinq ans. Il m’annonça fièrement que, demain, il me ferait visiter la ferme. » (p. 46-47)

« – Olivier Bellefeuille, bonsoir!
À mon tour, je me présentai poliment. Il rajouta :
– Tu peux m’appeler l’Allemand. Ici tout le monde m’appelle l’Allemand. C’est notre ami Joseph qui m’a baptisé ainsi. » (p. 54)

« Tout en rangeant ses boites de conserve, Pierre, par politesse, tentait d’engager une conversation en me posant des questions. J’appris que Marcel, l’Allemand et lui étaient tous originaires de Montréal, mais qu’ils ne se connaissaient pas avant. Ils étaient à la ferme de Horthy depuis une semaine. » (p. 55)

« Un peu plus tard en soirée, il ramena à la cabane un homme d’une quarantaine d’années, un dénommé Léopaul, un franco-manitobain. » (p. 146)

  • Roman initiatique qui raconte l’histoire d’Olivier, un adolescent qui quitte le nid familial pour entreprendre un voyage de transformation personnelle au cours duquel il vit des expériences et rencontre diverses personnes qui lui permettent de donner un sens à sa vie; intrigue riche en rebondissements, qui se termine en queue de poisson; quelques retours en arrière sous forme de souvenirs, permettant de saisir le désir de liberté du personnage principal; thèmes (p. ex., drogues, alcool, évolution intérieure) invitant le lectorat à réfléchir sur les cycles de la vie et les transformations qui en découlent.
  • Mise en page aérée; texte réparti en 5 chapitres numérotés; éléments graphiques (p. ex., tirets, guillemets, majuscules, points de suspension, italiques marquant les mots anglais) qui facilitent l’interprétation du texte; mention de deux œuvres de l’auteure et dédicace au début; liste d’œuvres de la collection à la fin; extrait et renseignements sur l’auteur à la quatrième de couverture du livre.

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., morne, titubant, exorbités, taries) et mots du registre familier (p. ex, chiotte, ti-cul, traintrain, faiblarde) compréhensibles à l’aide du contexte; phrases et paroles de chansons anglaises (p. ex., Let’s Go!, Don’t forget to reverse the charges, Once upon a time you dressed so fine) reflétant la langue première des fermiers.
  • Prédominance de phrases transformées; emploi d’une variété de types et de formes de phrases (p. ex., exclamative, interrogative, impérative, négative); emploi de l’imparfait et du passé simple de l’indicatif dans les séquences narratives.

« Ma petite sœur de 12 ans répondit. Sans grand intérêt, elle prit de mes nouvelles comme si j’appelais de la maison d’à côté. Lorsqu’elle cria à mes parents que c’était moi qui appelais, on entendit comme une grande agitation loin derrière. Ma mère prit le téléphone. Malgré son calme habituel, sa voix hésitante dissimulait mal une excitation que je ne lui connaissais pas.
– Allo! Daniel, c’est maman. Comment ça va?
– Bien, bien, et vous autres?
– Tout le monde se porte bien; ton père et moi, Martin, Marco et ta sœur aussi. Et toi, tu es où exactement? » (p. 93)

  • Nombreux procédés stylistiques (p. ex., gradation, personnification, expression imagée, comparaison, répétition, énumération) qui permettent d’apprécier le style imagé de l’auteur.

« C’était un vent chaud, un vent fou, un vent sauvage, comme l’aurait appelé ma mère. » (p. 47)

« Pendant que les éclairs continuaient de lézarder le ciel en griffant les nuages d’encre noire, et que les vents prenaient de la force, le tonnerre semblait s’essouffler. » (p. 47-48)

« À peine assise, elle repartit comme un coup de vent. » (p. 79)

« De partout, il tombait du ciel de puissants rayons de soleil qui éclairaient les champs comme d’immenses projecteurs que l’on s’amusait à éteindre et à rallumer pour la simple beauté du spectacle. » (p. 115)

« Probablement, pour avoir trop travaillé, trop longtemps, trop dur et pendant de trop longues heures, nous devions maintenant en payer le prix. » (p. 123)

« Les étiquettes, pâles et déteintes, représentaient des noms de villes canadiennes : Vancouver, Halifax, Summerside, Québec, Montréal et d’autres, devenues illisibles avec le temps. » (p. 147)

  • Prédominance de séquences narratives et descriptives; séquences dialoguées qui révèlent les traits de caractère des personnages et aident à comprendre les relations qui existent entre eux.

« Ma deuxième journée sur la ferme de Horthy s’annonçait comme une copie conforme de la première. Le petit déjeuner à peine avalé, nous nous retrouvions, silencieux, assis dans nos habits jaunes à l’arrière de la camionnette qui fendait l’obscurité matinale. Une fois les préparatifs d’usage terminés, nous nous enfonçâmes sans perdre de temps, dans le champ encore brumeux. J’avais la bouche ouverte, les yeux mi-clos et je baillais sur mon siège de métal lorsqu’une grande feuille de tabac ruisselante d’une épaisse couche de rosée me frappa au visage. » (p. 81)

« – Daniel, as-tu déjà fait de la voile?
Un peu surpris, je me tournai vers lui et répondis :
– Non! jamais. Pourquoi?
– Parce que tu viens d’un coin de pays près de la mer.
– Ha! mais j’ai déjà pêché du homard avec un de mes oncles, mais ce n’est pas un voilier, ce n’est pas la même chose.
Marcel, imperturbable, regardait toujours droit devant lui.
– Moi et quelques amis, nous avons un beau projet, Daniel! À la fin de la récolte, on se rencontre tous à Vancouver et on achète un voilier. Après un mois de pratique, on descend toute la côte pacifique jusqu’à Hawaï, peut-être même jusqu’à l’île de Pâques. » (p. 98-99)

Référent(s) culturel(s)

  • Mention du Nouveau-Brunswick.
  • Référence aux villes de Montréal et de Québec.

Pistes d'exploitation

  • Proposer aux élèves, réunis en dyades, de mener une recherche sur les méthodes modernes utilisées dans la culture du tabac et de les comparer à celles décrites dans l’œuvre à l’aide d’un outil organisationnel. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
  • Proposer aux élèves de rédiger un texte qui reflète un événement ou une expérience ayant contribué à leur développement personnel ou social. Leur demander de trouver des photos pour représenter cette transformation, puis de les utiliser pour créer un collage. Exposer les collages en salle de classe.
  • Suggérer aux élèves, regroupés en dyades, d’effectuer une recherche sur les différentes fermes d’agriculture de leur province, d’en choisir une, puis de rédiger une proposition d’embauche pour un travailleur saisonnier. Animer une mise en commun afin de leur permettre de faire part de leur annonce au groupe-classe.

Conseils d'utilisation

  • Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans l’œuvre, notamment la consommation de drogues et d’alcool, ainsi que l’exploitation des femmes.
  • Prévenir les élèves de l’utilisation d’un langage vulgaire dans certaines scènes du roman.
  • Noter que ce roman a été rédigé en tenant compte de la nouvelle orthographe.
  • Inciter les élèves à lire d’autres œuvres qui traitent de la quête d’identité, telles que Chroniques du Nouvel-Ontario, tome 1 – La quête d’Alexandre, 178 secondes, L’Écureuil noir et Pour rallumer les étoiles, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Garde-Manger, La relève agricole; Bio à vendre.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : 180, Une fermière aux mille idées.