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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2La Métisse filante

Doté d’une verve poétique acérée, le poète rend la parole aux communautés tapies dans l’ombre des sociétés majoritaires et entraîne le lecteur dans une expérience euphorique de la réverbération du métissage et de la volatilité des identités. Ici, toute la couleur, toute la dynamique identitaire et terrienne des plaines de l’Ouest canadien se livre avec splendeur et puissance en une sorte de pulsion incantatoire qui s’enracine dans le rythme du poème, et cela, avec tous les chatoiements d’être, les frôlements d’idées, les miroitements de sensations, les luisances de souvenirs, qui obéissent à cette imprévisible luminosité de l’intensité poétique de l’auteur. Laissez-vous emporter par l’ampleur simple, la force tranquille et l’immense dignité de La Métisse filante.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Recueil de poésie très complexe divisé en cinq parties (En souvenir d’Alexis Klimov, Le carnet du poème promeneur, Cadence, L’inuite nuit et La Métisse filante)
  • Poésie moderne, mais sur fond de tradition (p. ex., la muse du poète); références savantes à la poésie française (p. ex., Gainsbourg, Verlaine, Ronsard); lyrisme (p. ex., utilisation du « je »).

    « sous ta langue le poème s’aiguise
    et je m’épuise à te lire bouche close » (p. 19)

    « je suis venu te dire
    que je ne pouvais plus le dire
    où je m’en vais
    de-ci de-là au vent mauvais
    des tas de poètes
    dans les mots sévissent elvis
    le savais-tu
    que la rose qui ce matin avait desclose
    à temps perdu ce vers volé m’envahit… » (p. 23)

    « …je m’exile
    je poudroie je tempère
    je réduis je rajoute
    je tempête un petit peu… » (p. 39)
     

  • Thèmes reflétant les préoccupations de l’auteur manitobain (p. ex., sensibilité, écriture poétique, métissage).

    « tu as fécondé ton être de ce qui affluait vers toi
                            des sourires des pleurs
               des cris sans voix de charniers livides
            et tout ce qui les motive dans leur vérité » (p. 10)

    « rappelle-moi qu’écrire est un monstre
              dans un corps de larme… » (p. 38)

    « la métisse accepte son propre territoire
    cette plaine qui longe ses souvenirs
    elle revisite volontiers les tribulations de sa naissance
    l’étreinte du bison
    l’ivresse du voyageur
    et cette fougère fraîche qui tend la main » (p. 59) 
     

  • Poèmes rythmés de longueurs variables numérotés en chiffres romains; texte aéré, espacement différent à l’intérieur de certains vers, ponctuation limitée aux guillemets et aux deux-points ; absence quasi totale de majuscule, strophes irrégulières de formes diverses.

    « j’ai de grands pronoms qui dansent sur ma langue
    valse         mille ans d’une tourmente » (p. 27)

    « delà l’étoile contestataire
    s'étale et jalouse :
    "l’illusion burlesque
    les mots échancrures
    amputés d’une lumière
    élision du préfixe
    ce n’est pas moi" » (p. 43)
     

  • Illustration (p. ex., Modern Ground de Michel Saint-Hilaire) et citation en préface de certaines parties du recueil.

    « "Ils m’ont chargé de te dire que le moment est venu
    de te confier leurs sentiments.
    Alors écoute bien, regarde vers le soleil.
    Les anciens veillent."
                  David Bouchard » (p. 54)
     

  • Caractère italique utilisé pour désigner, outre les mots en langue étrangère, les pensées sensuelles de l’auteur et les titres d’œuvres d’art. 

    « …l’humain échange se fracasse en tourbillons de sorry […]
    oui c’est bien bouge les reins… » (p. 27)

    « la brisure de la terre croît
    le souvenir froid de l’hiver se lézarde
    Melancholia
    la saison ulcérée de Dürer
    vient surseoir à l’exécution du monde » (p. 52)

Langue

  • Niveau de langue assez soutenu reflétant la grande complexité des poèmes.

    « la somme des bernaches habitées d’idées fixes
    n'égale pas les désirs qui se prélassent poitrine
    que faut-il taire
    pour s’amender des affronts de l’invisible
    qu’ai-je à dire du reflux d’émoi
    au-delà des mots qui m’abandonnent
    parler écrire gesticuler dans la jasette
    le silence n’est-il pas un souffle dans un cor brisé
    un vent ramifié
    né de l’ébrouement de l’animal en moi » (p. 30)

    « dans l’essaim de lui dire
    un poème s’affale
    chute libre de la dépossession » (p. 32)
     

  • Vocabulaire précis et souvent recherché, champs sémantique et lexical liés notamment aux thèmes du peuple inuit et de la nuit nordique.

    « peuple de carnation polaire
    peuple aussi fondu que la terre
    même l’ours lové dans ton avaloire
    ne sait plus grogner l’incomplétude… » (p. 48)

    « quand la nuit avance
    dans le froid parfum de la banquise
    elle devient longuement ce qu’elle ignore
    au firmament fasciné
    les étoiles prennent les devants
    une lumière rôde fugue suspend
    la folle espérance de la chair glacée
    d’une dérive
    qui m’atteint » (p. 49)
     

  • Nombreux procédés stylistiques (p. ex., découpage inhabituel, image insolite, assonance, allitération, comparaison, personnification).

    « j’avance        nuance
    le mouvement de mon corps conjugue l’effacement
    de ma cadence
    main dans la main les pronoms je les danse
    et mes deux yeux transigent d’invendables bescherelles » (p. 28)

    « …dans le livre du ciel
    qu’il faut lire
    cet infini filé
    fils d’un été encore très doux » (p. 43)

    « …l’émoi filant touffu dans la tête
    la métisse farfouillait le vent » (p. 55)

    « la métisse déplie son corps équinoxe
    comme le réveil de l’oiseau l’aile en pointe
    elle n’asperge plus son visage d’un sourire torride
    la lune lui fait la moue
    le ciel une salutation étrangère
    l’appel d’un appui dans l’invisible » (p. 57)

Référent(s) culturel(s)

  • Plusieurs références explicites et implicites à la culture francophone internationale (p. ex., Yourcenar, Ronsard, Verlaine, Gainsbourg, Trenet, Brel, Klimov).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves d’expliquer la présence des citations d’auteurs au début de certaines parties du recueil (p. 11, 42 et 54).
  • Proposer aux élèves de choisir un poème et de l’interpréter en petits groupes.
  • Inviter les élèves à faire une courte recherche biographique sur l’auteur manitobain.
  • Demander aux élèves de ressortir les images créées par des associations de mots (p. ex., les moteurs vrombissent des mots qui pétaradent, des milliers de petits Macbeth surgissent), d’en créer à leur tour et de les utiliser dans un poème de leur cru.

Conseils d'utilisation

  • En raison de la difficulté de compréhension de l’œuvre, en réserver la lecture à un lectorat féru de littérature.
  • Avant la lecture de chaque partie du recueil, en expliquer les référents.
  • Pour faciliter la compréhension, lire à haute voix les poèmes choisis.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : Francophonies d’Amérique, Le monde qui parlait aux arbres.