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La louve de mer, tome 1 – À feu et à sang

Pour venger la mort de son mari injustement condamné par le roi de France, la comtesse Rachel de Kergorieu, secondée par ses deux jeunes fils, lève une armée et sème la terreur dans les villages de Bretagne. Alors qu’elle sent la bataille perdue sur terre, elle vend tout ce qu’elle possède, arme un bateau et se fait pirate pour poursuivre les navires royaux de sa haine implacable…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, la comtesse Rachel de Kergorieu, dominante et vengeresse dans un monde d’hommes, entourée de nombreux personnages secondaires, dont les trois plus importants : ses deux fils, Gilles (le narrateur) et Nicolas (l’aîné), ainsi que Le Moine, bras droit, mercenaire et impitoyable.

    « La comtesse de Kergorieu était méconnaissable. Sa magnifique robe brodée, sa superbe coiffure, ses parures semées de perles et de dentelles, ses bracelets et ses bijoux, tout avait disparu au profit de bottes de cuir et d’une tenue de tireuse de sabre aux couleurs sombres. Mais ses yeux, plus que tout, flamboyant d’une fureur vengeresse, imposaient un respect immédiat. Pas un mot ne s’est élevé de l’assistance.
    – Vous tous qui êtes ici, a-t-elle déclaré d’une voix impérieuse, savez dans quelle entreprise vous vous êtes engagés. Vous avez tous quelque chose à défendre, quelque chose à préserver – une terre, votre indépendance, ou simplement vos gages -, et c’est ce pour quoi vous combattrez. Sachez cependant que moi, je n’ai plus rien. On m’a tout pris. Il ne me reste que ma haine et le désir de semer la mort chez ceux qui m’ont anéantie. Je chevaucherai en tête. Que ceux qui le peuvent me suivent, que les autres disparaissent. » (p. 26-27)

    « J’ai bien vu à son air renfrogné que l’affaire ne plaisait qu’à moitié à Amaury, pour qui Le Moine n’était qu’un aventurier sans foi ni loi. Nicolas paraissait aussi peu satisfait que lui – sans doute prenait-il ombrage de ce qu’un étranger avait la préférence de notre mère pour une opération aussi délicate. […]
    Notre vie allait en effet dépendre d’un homme que nous ne connaissions pratiquement pas. » (p. 56)

     

  • Roman inspiré d’une histoire vécue, mais transposée du XIVe au XVIIe siècle; intrigue souvent prétexte à la violence, voire au barbarisme, dans un monde de piraterie; quelques passages laissant tout de même pointer des sentiments nouveaux chez certains personnages.

    « – Les Kergorieu sont protestants et cela déplaît au roi de France. Le roi a aussi besoin d’argent pour ses campagnes militaires et, dans ces cas-là, il est toujours tentant de prendre celui des autres sous prétexte de leur hérésie religieuse. » (p. 12)

    « – Le meurtre infâme de votre père est non seulement une insulte à votre famille, mais un affront à la Bretagne tout entière. Le roi de France ne veut plus reconnaître nos droits et il ne s’arrêtera pas là. La paix est rompue. La comtesse Rachel de Kergorieu a décidé de reprendre la lutte menée par son mari. Toutefois, face à l’attitude des Français et de leur roi, elle ne croit plus à la solution politique. Le roi de France veut la guerre, il l’aura. » (p. 19)

    « Pour la première fois depuis que nous avions quitté Kergorieu, après des semaines de violences et de combats sanguinaires, son énergie et sa fureur destructrice semblaient l’avoir abandonnée. Comme si la tristesse avait enfin pris le pas sur la haine… » (p. 161)

     

  • Narrateur participant (le fils de la Louve de mer) qui évoque souvent son passé, démontrant ainsi une certaine prise de conscience une fois adulte; aussi, questionnement récurrent du narrateur, à travers les péripéties, pour ainsi entretenir le suspense et, à la fois, permettre au lectorat de connaître ses pensées, ses peurs, ses sentiments.

    « – […] Je ne me rendais pas compte à l’époque que ces hommes, qui méprisaient la faiblesse et jouaient volontiers les matamores en se vantant de leurs exploits guerriers, ne demandaient en fait qu’à suivre le premier chef assez audacieux pour leur faire face et parler plus haut qu’eux. » (p. 27-28) 

    « Jamais, d’ailleurs, je ne me serais cru capable de me jeter à corps perdu dans une mêlée de combattants furieux comme un chien de guerre, et encore moins d’y survivre. Ce que m’avaient appris ces expériences, et en tout premier lieu celle du village fortifié où, pour la première fois, j’avais tué un homme, c’est que la haine et la peur peuvent déclencher un courage qui peut manquer, parfois, aux soudards les plus aguerris. » (p. 106-107)

     

  • Premier roman d’une série de trois dont les derniers chapitres laissent tramer à la fois le mystère et d’autres aventures à venir dans le deuxième et troisième volets.

    « Nous nous retrouvions à présent dans notre troisième journée de dérive, je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où nous nous trouvions et le désespoir était à son comble. […]
    Loïc s’est agité. J’ai posé ma main sur son front. Ses lèvres ont remué doucement, comme s’il voulait me dire quelque chose sans y parvenir. […]
    Tout à coup, le radeau s’est mis à tanguer. Casse-Pipe venait de se relever et il regardait vers l’est, vacillant sur ses jambes, une main en visière.
    – Une voile, a-t-il fait d’une voix rauque. Là-bas. Elle vient vers nous…
    À suivre. » (p. 178-179)

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre, rehaussé d’un vocabulaire souvent soutenu, voire technique, relié au champ lexical maritime de l’époque; registre populaire dans quelques séquences dialoguées.

    « Tout à coup, un hurlement à glacer le sang avait déchiré la nuit. Un hurlement de louve blessée, un long cri de douleur et de désespoir qui m’avait serré le cœur. » (p. 9)

    « – Ça t’arracherait la gueule de t’excuser, face de cul? Ou est-ce que tu as avalé ta langue?
    –  Je n’ai pas l’habitude qu’on me parle sur ce ton, a répliqué Nicolas en se redressant de toute sa taille, ce qui semblait dérisoire face au colosse.
    – Ce serait peut-être une habitude à prendre, morveux. » (p. 74-75)

     

  • Phrases généralement courtes dans les séquences dialoguées reflétant l’urgence d’agir; à l’opposé, nombreuses phrases plus longues, plus complexes et remplies de détails dans les séquences narratives.

    « – Sous les arbres! a-t-il crié. » (p. 48)

    « Le Moine l’avait sans doute déjà mise au courant de la tension qui régnait sur le bateau et, si la décision de ne pas attaquer la flûte avait été aussi longue à prendre – alors que, pour le Dauphin, tout s’était passé très vite -, c’était certainement parce qu’ils avaient envisagé les réactions possibles de l’équipage. » (p. 126)

     

  • Figures de style en abondance, oppositions, métaphores et comparaisons en particulier, recréant ainsi l’ambiance dans laquelle le narrateur est plongé.

    « – Je comprends ce que tu ressens, Gilles, m’avait-elle répondu d’une voix douce. Jamais je n’aurais cru moi-même en arriver à de telles extrémités. Cependant, le chien qui défend le maître qui le bat et l’exploite vaut-il mieux, au bout du compte, que ce dernier? L’homme n’est un homme que debout. Nous, nous avons brisé nos chaînes, nous n’avons plus de maître. Nous sommes devenus des loups. » (p. 45)

    « Lady Killimer ressemblait à une momie. Elle nous souriait à demi, comme si la peau parcheminée de ses joues avait été tendue avec des épingles. » (p. 140)

     

  • Descriptions de personnages fixés dans un moment précis, véritables images visuelles, comme des tableaux, leur conférant toute la gravité du moment.

    « Tout à coup, la porte de la cabine s’est ouverte et ma mère est apparue. Les hommes se sont instantanément figés. Son accoutrement était pour le moins curieux.
    Sous la ceinture, elle portait ce costume informe de matelot, large pantalon de toile grossière, mais au-dessus elle avait revêtu une sorte de corsage brodé d’une élégance qui jurait avec le reste. Sur les épaules, elle avait jeté un châle à maille serrée. Enfin, elle avait relevé ses magnifiques cheveux noirs en un chignon compliqué maintenu par des peignes ne laissant libres, sur les tempes, que deux frisettes qui lui donnaient l’air d’une gouvernante de bonne famille.
    Devant l’air ahuri des matelots, elle s’est écriée :
    – Eh bien! Est-ce la première fois de votre vie que vous voyez une femme? » (p. 88-89)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses allusions à des villes de l’ouest de la France (p. ex., Nantes, Montfort, Vannes, La Rochelle), pays que la Louve des mers tente de fuir en remontant vers la Bretagne du XVIIe siècle.

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de relever, sur une carte géographique, les déplacements nombreux de la comtesse Rachel et de préciser, en quelques mots, la raison du déplacement d’un endroit à l’autre.
  • Inviter les élèves à relever des passages où les sentiments et les émotions sont clairement traduits par les gestes des personnages.
  • Soumettre aux élèves un projet de réécriture sur ce mystère entourant Loïc à la toute fin du roman; imaginer ce que Loïc peut bien vouloir dévoiler à Gilles.

Conseils d'utilisation

  • Attirer l’attention des élèves sur le titre de ce premier tome, À feu et à sang; aborder avec eux les thèmes délicats du roman (vengeance, violence, piraterie) ainsi que le type de péripéties à venir.
  • Inviter les élèves à retracer dans Internet la vie de la première femme corsaire, soit Jeanne de Belleville, dont l'auteur s'est inspiré pour écrire La louve de mer.
  • Pour immerger les élèves dans l’atmosphère de la piraterie, lire devant la classe le premier chapitre, sûrement le plus tragique, avec, comme musique de fond, la trame sonore de la célèbre trilogie cinématographique Pirates des Caraïbes.
  • Tenir compte du fait que cette œuvre intéressera particulièrement les garçons des cours de types appliqués, précollégiaux et préemploi compte tenu des thèmes abordés (p. ex., piraterie, mer, vengeance, aventure) et de l’action continue.
  • Consulter les fiches pédagogiques sur le site Web de l’éditeur.