- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre et familier à l’occasion; utilisation pertinente d’expressions familières et de quelques mots nouveaux dont on peut inférer le sens d’après le contexte.
« – Un maudit beau sans-cœur, ton frère. Pas capable de faire un petit signe. » (p. 40)
« – […] Les flics ont mis les scellés sur la porte. » (p. 55)
« Rien n’est plus morne qu’un grilled-cheese dans une assiette blanche quand on n’a pas faim. Mais Jeanne Arcand et sa fille n’étaient pas d’humeur à parler gastronomie. Esther attaqua donc son sandwich du bout des dents. Elle avait couru de la station de métro Sauvé jusqu’à la maison. Elle avait couru sans porter attention aux éclats de sloche qui maculaient maintenant le bas de son pantalon de cuir. Elle avait couru avec un petit espoir, au fond, celui qu’Olivier soit enfin revenu. » (p. 57)
« Le sergent-détective Paul Marsan était enrhumé, mais presque en forme, comparé à son acolyte, le sergent-détective Yves Bérubé, qui souffrait en plus d’une extinction de voix. » (p. 60)
« – […] Il était en état d’ébriété quand il a quitté son ami. » (p. 64)
« Du côté graphologique, ça allait des pattes de mouches à l’écriture trop appliquée des devoirs de première année; des bâtonnets majuscules aux hachures illisibles. » (p. 95)
« – Tout d’un coup c’est Olivier.
– Bien voyons, Christmas…
Défiant toutes les lois du savoir-vivre et de l’hospitalité, la fille décrocha l’appareil. Elle perçut un souffle, le souffle rauque d’un homme qui murmura aussitôt :
– Méfie-toi! Watch out! (p. 143-144)
- Œuvre comprenant une variété de types et de formes de phrases (déclarative, impérative, interrogative, exclamative et de forme impersonnelle).
« – Olivier, c’est moi. Olivier! » (p. 120)
« – Regarde ta chemise. Elle est pleine de rouge à lèvres et de maquillage. » (p. 141)
« – Énerve-toi pas pour rien.
– Tu appelles ça pour rien, toi? » (p. 146)
« Il ne neigeait plus. » (p. 150)
- Emploi de phrases de base et de phrases complexes contenant des manipulations linguistiques.
« Elle avait envie de courir, comme à l’époque où elle s’entraînait, courir, courir, courir à perdre haleine, courir jusqu’à retrouver le second souffle, celui qui étourdit un peu, celui qui ressemble tant à une bouée et qui est si bon. » (p. 56)
« Cet homme, visiblement aimé, entama un assez long monologue dans lequel se mêlaient habilement la tristesse de ce monde où le péché tenait une place de prédilection, où le Seigneur souffrant attendait patiemment son heure, et où les remerciements pour les dons généreux de tous les adeptes faisaient miroiter la miséricorde divine et, bien sûr, le pardon éternel, moyennant quelques avances hebdomadaires et substantielles. » (p. 173)
- Séquences descriptives permettant de visualiser les événements, de ressentir les émotions des personnages et de créer le suspense; séquences dialoguées contribuant à la compréhension de l’œuvre en permettant de s’immiscer dans l’esprit et l’imaginaire des personnages et de mieux saisir les relations entre eux.
« Dans la cohue du corridor, dans le remous nerveux des cris et des bousculades, Esther nageait en solitaire. Elle fendait les vagues. Son casier était au bout du cauchemar, même pas dans un coin tranquille. Alors elle se pressait. » (p. 16)
« C’était la voix de Karen, qui retenait un rire parce qu’elle trouvait comique d’utiliser une formule si sérieuse. "La résidence de…" D’ailleurs, Karen cachait toujours du rire dans sa voix. Une voix vivante, un vrai signe de vie, mais là ça ne voulait plus rien dire. […]
– Olivier, on est à la maison, maman et moi. Appelle-nous. À n’importe quelle heure, appelle. On t’attend. » (p. 36)
« – Qu’est-ce que tu comprends pas, Christmas? Il me semble que tout est clair comme de l’eau de roche.
– Je comprends pas la lettre de menace qu’Olivier a reçue.
– Simple, répondit Félix d’une voix de plus en plus tranchante. Je savais que ton frère était en train de devenir fou avec l’histoire de l’église. La Comtesse, qui travaillait pour eux, m’a fourni le papier. Elle savait pas pourquoi. Tu vois, la sauterelle, souvent, ce sont tes propres amis qui contribuent à ta perte. Bête de même, la vie.
Il se versa un autre verre de scotch.
– J’en prendrais, moi aussi.
Sa main tremblait en versant ce nouveau verre.
– C’est aussi bien, ça aide.
Esther avait compris qu’il lui serrait en quelque sorte le verre de la condamnée. Elle y trempa à peine les lèvres. Puis violemment, elle lança tout ce qu’il contenait au visage de Félix en visant les yeux. » (p. 206)
- Plusieurs figures de style (p. ex., comparaison, énumération, métaphore, personnification) ajoutant à la richesse du texte et permettant d’apprécier le style de l’auteur.
« Esther devint une guenille, molle comme un morceau de pain tombé dans le café bouillant. » (p. 19-20)
« À six heures, le soir tomba, raide comme un verdict final, définitif comme la mort, comme n’importe quoi qui inquiète. » (p. 31)
« Le vertige au cœur, elle resta accrochée à cette parade de lettres qu’elle ne voulut pas lâcher de peur de tomber et de se casser bêtement le dos. » (p. 32)
« Il n’était éclairé que par la lumière terne qui pénétrait de l’extérieur, la même lumière qui écrasait le mont Royal. Une lumière qui avait mal et qui ennuyait la ville. » (p. 47)