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La dernière allumette

Dernière cigarette pour des soldats sur le front. Dernier recours d’une jeune mère dans un bidonville. Dernier appel d’un romancier claustrophobe. Dernières larmes versées en plein désert. Dernier repas du condamné. Dernier combat de boxe… qui se termine mal.

Qu’elles soient campées au Canada, aux États-Unis, au Mexique ou en Égypte, les onze nouvelles réunies dans ce recueil font entendre des voix parfois désespérées, souvent désemparées, ironiques ou tendres. Acculés à leurs derniers retranchements, les personnages de La dernière allumette se retrouvent en équilibre sur le mince fil du présent, prêts à basculer dans le vide.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnages principaux, une narratrice ou un narrateur, dans dix des onze nouvelles, qui raconte des moments d’intériorité, voire de solitude.

« Je dors peu ou pas, suis soumise à un stress permanent qui dépasse le cadre et l’horaire de mon travail, abuse de caféine, de nicotine et d’antianxiolytiques. Je suis incapable de poursuivre une relation affective ou sexuelle au-delà d’une semaine et je me nourris de barres protéinées et de jus instantanés. Je compte dans mon carnet d’adresses les noms de célébrités politiques, financières ou du grand écran. En revanche, je rentre chez moi pour un chat de gouttière et je discute en ligne avec quelques abonnés de deux sites personnalisés. » (p. 60)

« Allongée sur mon lit, je regarde le plafond. À travers mes paupières closes. Je devine chacune de ses rainures. Je sais, ça paraît fou. Mais c’est un fait. Ce plafond, il est imprimé sur mes rétines. Gravé à force d’avoir été fixé. Pendant les fièvres, sous le corps de Pablo, en veillant sur mes enfants malades. Pour me calmer et m’aider à penser. » (p. 75)

  • Personnages secondaires peu nombreux, rarement identifiés, différents dans la plupart des nouvelles et arrivés à leurs derniers moments, entre autres, comme soldat, prisonnier, élève ou lutteur.

« En face, l’ennemi a visé, épaulé et tiré. Deux impacts. Deux casques qui sautent. Deux corps qui s’affaissent dans l’abîme, alors même que l’allumette s’est éteinte. Le bout rougi des deux cigarettes allumées a été balayé lui aussi avant de disparaître dans l’obscurité de la nuit. Dernière lueur de vie. » (p. 16)

« J’entends le roulement d’un chariot qui approche. Le voilà. Mon festin. Mon dernier repas. Celui du condamné. Quelques heures pour le savourer, l’ingérer et en garder le souvenir pour les siècles à venir. » (p. 30)

  • Nouvelles littéraires courtes et touchantes, cherchant à laisser une impression plutôt qu’à raconter une histoire; scènes qui permettent de visualiser, de ressentir et de partager des instants de vie intenses de douze personnages brillamment esquissés; thèmes sérieux (p. ex., la solitude, la mort, l’angoisse) traités avec finesse et profondeur tout en demeurant simplement dits.
  • Mise en page simple; texte réparti en onze courtes nouvelles, chacune marquée par une fin; éléments graphiques (p. ex., points de suspension, majuscules, italiques, guillemets) facilitant l’interprétation du texte; liste des œuvres de la même auteure et dédicace au début; table des matières et liste d’œuvres de la collection à la fin; notes biographiques sur l’auteure en quatrième de couverture du livre.

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., salubre, tergiverser, cambrure, ignominies), mots du registre familier (p. ex., con, putain) et mots anglais (p. ex., parking, fast food, penthouse, coaching, trip, uppercut) compréhensibles à l’aide du contexte.
  • Phrases de base, phrases transformées et nombreuses phrases à construction particulière; juxtapositions de phrases courtes donnant au texte un rythme rapide, ponctué.

« L’ennemi est sans pitié. Sans fatigue aussi. À eux de se montrer vigilants. De tenir jusqu’à l’aube et de reprendre le combat. De vivre et de vaincre. Voilà le leitmotiv de ces années-ci. Les composantes de l’homme. Tenir, vivre et survivre. Pour vaincre. Et tuer. » (p. 10)

« On échange alors des mots. Des regards. C’est comme ça que j’ai su pour la maison. Pour le trafic d’organes. Comment ça se passe? On prend rendez-vous. J’ai mon contact à l’orangeraie. Qui a son contact. Qui rapporte à Ernesto. Il attend. Il sait. » (p. 77)

  • Figures de style abondantes (p. ex., métaphore, expression imagée, personnification, interjection, antithèse, énumération, comparaison, répétition, anaphore) permettant d’apprécier le style imagé de l’auteure.

« Les hiboux et autres prédateurs nocturnes ont préféré la chaleur de leur nid à l’encre de la nuit. » (p. 9)

« – Approche-toi camarade, qu’on puisse faire d’une pierre deux coups. » (p. 16)

« Dehors, le soleil sourit à la vie et fait courir ses rayons sur le ciment brillant de la route. » (p. 31)

« Qu’est-ce que j’ai hâte! Pfff! Et qu’est-ce que ça passe lentement le temps ici! » (p. 33)

« Heureusement – ou malheureusement –, ses yeux se sont fermés sur son pays, sur sa ville, sa maison et sa famille et rien n’est venu effacer entre-temps les souvenirs. » (p. 36)

« Les voici envahissant la cour d’école et se répandant sur le trottoir comme une nuée de moineaux. » (p. 37)

« Voilà, voilà… une minute, j’arrive. » (p. 53)

« Je veux être réconforté. Je veux parler à quelqu’un. Je veux que quelqu’un m’écoute. » (p. 57)

  • Nombreuses séquences descriptives reflétant les gestes, les sensations et les lieux, réussies par l’accumulation de détails; quelques séquences dialoguées traduisant les sentiments des personnages.

« Le jeune loup est là et me regarde. Me raille-t-il? Je bats des cils en reposant mon verre sur la table et rechausse mes lunettes de soleil. Il s’approche sans se presser et se penche pour me les remettre sur la tête.
– Tu n’as pas besoin de ça.
Sa voix est chaude. Son tutoiement me choque et me fait mal. Agréablement mal. Sans que je l’y invite, il s’assoit en face de moi et étend ses jambes devant lui. Son pied touche le mien. Son audace me scie. » (p. 19)

« J’ai dressé la liste de tous ces aliments qui croquent sous la dent, ceux dont le jus et la consistance régalent les papilles, ceux dont l’arôme et l’épice font remonter à l’esprit les souvenirs d’un autre temps, ceux dont la texture fond dans la bouche. » (p. 26)

« Retour aux sources. Escapade du quotidien. Retrouvailles tendres et réconciliations avec soi. Du bleu, de la mer, des saveurs culinaires qui me semblent être restées loin derrière depuis trop longtemps. Le chant des cigales et la course du vent sur les flots. Je [une enseignante] sens déjà l’iode blanchir sur ma peau et l’olive tendre craquer sous ma dent. » (p. 32)

« – Je voudrais récupérer vos larmes dans mon vase pour faire boire ma mère. Si je ne lui rapporte pas de quoi boire ce soir, elle mourra elle aussi.
La douceur de sa voix semble surprendre la femme qui le regarde de ses grands yeux noirs. Momo y voit toute la souffrance de la perte de sa chair, mais aussi une promesse de vie s’il fait vite.
– Je vais tenir votre bébé pendant que vous garderez la jatte entre vos mains.
Momo prend délicatement l’enfant dans ses bras… » (p. 46)

Pistes d'exploitation

  • Animer une discussion sur la description de l’œuvre qui paraît à la quatrième de couverture : « Dans une écriture vive et sensible, Aurélie Resch propose des histoires singulières et touchantes, qui rappellent la fragilité de la destinée humaine. » Demander aux élèves de porter une attention particulière à chacun des mots-clés et de relever des exemples tirés du texte pour les appuyer.
  • Demander aux élèves, réunis en équipes, de rédiger une courte nouvelle pour marquer le début d’un événement (p. ex., la naissance d’un enfant, le premier rassemblement d’une équipe sportive, le premier trajet en avion). Colliger les textes afin d’en créer un recueil, puis le placer au centre de ressources de l’école.
  • Proposer aux élèves, réunis en équipes, de suggérer un nouveau titre pour l’œuvre. Animer une mise en commun afin de leur permettre de faire part de leurs titres au groupe-classe en prenant soin de les justifier. Inviter les élèves à choisir un des titres proposés, puis à créer une nouvelle page couverture portant ce titre. Afficher les créations dans la salle de classe.
  • À la suite de la lecture de l’œuvre, entamer une discussion à partir de l’idée que dans chacune des nouvelles, les personnages évoluent dans un encadrement différent. Poser aux élèves les questions suivantes : Les liens entre le contexte géographique et social et les thèmes abordés sont-ils accidentels ou essentiels? Que faudrait-il changer si l’action racontée se déroulait dans un milieu ou un pays différent?

Conseils d'utilisation

  • Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans l’œuvre, soit la guerre, la mort et la vente d’organes.
  • Avant et durant la lecture du recueil, discuter avec les élèves de la solitude, de ses causes et de ses effets chez l’individu.
  • Encourager les élèves à lire d’autres œuvres de la même auteure, telles que Le Bonheur est une couleur, Les yeux de l’exil et Obsessions, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.