- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre, populaire à l’occasion; champs lexical relié au thème de la démocratie (p. ex., listes électorales, préjugés raciaux ou religieux, financement des partis, caisse électorale), les termes étant souvent définis à partir du contexte ou à l’aide des illustrations.
« Chacune et chacun t’a dit : "Vote pour moi!" Et ils t’ont donné toutes sortes de raisons. Mais toi, tu as pris ton temps. Quand telle candidate est venue te faire des mamours, tu t’es dit : "Elle, c’est la première fois qu’elle me dit bonjour. D’ordinaire elle regarde à travers moi." Et, quand celui-qui-a-beaucoup-beaucoup-de-muscles t’a fait un beau sourire mur à mur pour avoir ton vote, tu t’es dit : "Lui, je le connais. Il voit le sport jusque dans ses céréales. S’il est élu, les haltères vont devenir matière obligatoire…" » (p. 1)
« Ils n’hésitaient jamais quand il s’agissait d’obtenir des octrois et de construire des routes avec l’argent des contribuables. Mais quand une espèce de bâtard se lève et dit : "Bon bien, finissons-en avec le parlotage…", t’as le goût de casser quelque chose. » (p. 27)
- Utilisations de phrases de base, de phrases transformées, de types et de formes variés, et de phrases à construction particulière, permettant une lecture dynamique de l’œuvre; utilisation prédominante du « tu », servant à interpeller directement le lectorat visé.
« Le témoin Étienne-Théodore Paquet, député de Lévis à la Législature, s’était trouvé à la Baie-Saint-Paul le dimanche précédant le vote. Il avait entendu le curé Sirois, en chaire, mettre les fidèles en garde contre un parti anticlérical qui voulait abolir la dîme et affamer les prêtres. Emporté par son imagination luxuriante, le curé avait prédit, à la suite du libéralisme, une révolution prochaine où les prêtres seraient persécutés. » (p. 8)
« Donc, vers 1867, pas de droit de vote aux pauvres ni aux jeunes. Pas de droit de vote non plus pour les femmes. » (p. 10)
« Les électeurs ont changé. Les candidats ont changé. Le système a-t-il changé? Oui et non. Parfois, il a changé. Parfois, il n’a pas bougé. Parfois il a bougé, mais dans la mauvaise direction. » (p. 32)
- Emploi de procédés stylistiques variés (p. ex., interjection, énumération, répétition, expressions familières et figurées) qui ajoutent de l’humour au texte, permettant au lectorat d’apprécier le style de l’auteur.
« Ouf! Des troupes, la police, la cavalerie! Les gens étaient-ils plus violents? Je ne sais pas, mais le vote était public. » (p. 6)
« Cette attitude va durer, durer, durer. Pendant quarante ans, à peu près personne n’osera demander que les femmes puissent voter. » (p. 10)
« La transaction, dit Joly, cache anguille sous roche. L’anguille a même le format d’un boa! Les docteurs Landry et Roy se disent propriétaires de l’Asile, mais le docteur Roy sert de prête-nom ou de masque à Joseph Cauchon. La preuve, c’est que l’Asile de Beauport reçoit 150 000$ par année, tandis que le bon docteur Roy reçoit un salaire de 2 000$! » (p. 31)
- Prédominance de séquences descriptives qui situent le lectorat dans le temps et le lieu de l’action, tout en le renseignant sur le sujet de la démocratie; peu de séquences dialoguées.
« Si l’autre parti avait les meilleurs boxeurs, il fallait du courage pour dire publiquement : "Moi, je vote pour l’autre candidat!" Voter en public comme les grands-parents de nos grands-parents, c’était risquer son emploi ou… son nez! » (p. 3)
« As-tu remarqué ces mots : "Il s’attache des hommes politiques…"? Le système permettait cela. Des hommes honnêtes ont combattu ce système, mais ils ont souvent frappé un mur. Ces hommes voulaient empêcher les administrateurs de compagnies ferroviaires d’être députés et surtout ministres. Il y eut même un projet de loi présenté par Pierre Bachand, député libéral de Saint-Hyacinthe, "pour déclarer inéligible et incapable de siéger dans l’Assemblée législative (…) tout actionnaire de compagnie…" ». (p. 26)
« Un exemple de ce que pouvait donner cette parenté entre la politique et le journalisme, c’est celui de Joseph Cauchon, un monsieur que tu connais maintenant. Joseph Cauchon est un homme important au Québec en 1867. Propriétaire du Journal de Québec, maire de la capitale, il est député et a failli être le premier premier ministre du Québec. » (p. 30)