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La critique

Depuis l’âge de douze ans, Pascal Pigeon rêve de devenir écrivain. C’est seulement à la cinquantaine, quand une fortune inattendue et inespérée le lui permet, qu’il publie son premier roman.

Dans son plan de carrière, Pascal n’avait pas prévu l’impact d’un jugement fielleux sur sa motivation et la confiance en son talent. Camilla de Beaumarchais, critique littéraire renommée, se charge de le lui révéler en dénigrant à la télévision nationale son roman Le Saule.

Il n’écrit plus, il tourne en rond, il broie du noir, sa femme le quitte. Seul dans son château, il élabore un projet de vengeance pour lui et pour tous les auteurs que la critique littéraire a écorchés.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Pascal Pigeon, homme dans la cinquantaine qui réalise son rêve de devenir écrivain, puis celui de se venger.

« En fait, Pascal n’avait qu’un seul regret : ne pas être écrivain. L’idée de quitter cette terre sans laisser de traces lui était désagréable et décevante. Il souhaitait léguer ses mots, ses histoires et ses idées aux nouvelles générations. Il voulait qu’on le découvre avec bonheur, qu’on l’étudie dans les universités, qu’on le cite, qu’on l’admire, qu’on l’aime… tout simplement. » (p. 28)

«-Écoutez-moi bien, Monsieur L’Oiseau-Machin, je n’ai pas l’intention de m’éterniser dans votre fichu château! grinça Camilla. […]
– Donc, je résume : vous me séquestrez pendant une année. Je serai logée, nourrie et blanchie pour que j’écrive un roman. Quand j’aurai terminé, je retournerai à ma vie, comme si rien ne s’était passé, c’est bien ça?
– C’est juste. » (p. 108)

  • Quelques personnages secondaires entourant Pascal, dont Camilla de Beaumarchais, célèbre critique littéraire, Béatrice, son ex-épouse, et le détective Peter Klomsky, son complice.

« – Quant à l’écriture en elle-même, Monsieur Pigeon connaît bien la langue française, mais sans plus. Souhaitons-lui d’avoir gardé son emploi et souhaitons-nous qu’il ne récidive pas en littérature. Pitié pour les arbres! Et là, je ne parle pas du Saule mais de ceux abattus pour faire du papier à imprimer des bouquins de ce genre. » (p. 54)

« Le chagrin causé par le départ de Béatrice ajouta à son désarroi. Un jour, elle rentra à l’aube, ses cheveux sentant l’eau de Cologne pour homme. Pascal était encore dans sa tour, à boire, à fumer et à n’écrire rien. Elle attendit que son mari sorte de son antre pour lui annoncer qu’elle le quittait cette semaine même. » (p. 63)

« Le détective griffonna quelques notes dans un calepin, tentant de ne rien laisser paraître de la curiosité qui le rongeait.
– Une dernière demande, dit encore Pascal. Il faudrait que Brigitte fasse quelques déclarations dans les médias et qu’elle serve d’intermédiaire entre Camilla et Monsieur de Beaumarchais, son père.
Klomsky laissa tomber sa plume sur le bureau et regarda son client droit dans les yeux.
– C’est un enlèvement! Vous enlevez Madame de Beaumarchais? C’est criminel, vous le savez?
– Criminel peut-être, mais… nécessaire. Je vous en prie, prenez l’argent et taisez-vous.
– Je m’expose à des poursuites et à je ne sais quelles accusations si je participe à un enlèvement!
– Vous ne participez à rien du tout, vous faites votre travail. Je vous promets qu’advenant le cas où ça tourne mal, vous n’aurez aucun problème. Jamais votre nom ne sera mentionné. Faites-moi confiance.
Devant le regard déterminé de son client, Peter Klomsky acquiesça à toutes les demandes de celui-ci. » (p. 85)

  • Roman fascinant dont l’intrigue permet de suivre l’évolution psychologique du personnage principal après un tournant inattendu; thèmes (p. ex., acte de l’écriture, perte de contrôle, désespoir, vengeance, enlèvement) aptes à intéresser le lectorat visé.
  • Mise en page aérée; œuvre répartie en 13 chapitres numérotés; éléments graphiques (p. ex., italiques, symboles indiquant un laps de temps ou un changement de scène, points de suspension, guillemets, majuscules) facilitant l’interprétation du texte; remerciements, hommage à l’écrivain Jean-François Somain, citations et dédicace au début; liste des œuvres de la même auteure, table des matières et liste des œuvres de la collection Romans à la fin; renseignements sur l’auteure à la quatrième de couverture du livre.

Langue

  • Registre courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., éblouirent, intransigeant, prostré, pilonnages, prussien) et quelques expressions familières (p. ex., merde, allez au diable) compréhensibles à l’aide du contexte.
  • Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., impérative, déclarative, interrogative, négative); phrases brèves et rarement très complexes conférant un rythme rapide au récit.

« Écoutez-moi bien, Madame de Beaumarchais, vous saurez tout ce dont vous avez besoin de savoir et ce, en temps et lieu. En attendant, voici quelques précieux conseils. La journée a été éprouvante pour vous, j’en conviens. Vous avez besoin de repos. Familiarisez-vous avec les lieux que vous seule occuperez. Ici, c’est votre bureau, votre lieu de travail. Il vous plaît? Ne répondez pas tout de suite. Attendez de découvrir la magnifique vue que vous avez de la fenêtre. Vous serez inspirée! Pour le moment, détendez-vous, prenez une douche ou un bain, à votre guise, et mettez-vous au lit. Demain, nous discuterons. » (p. 91)

  • Variété de figures de style et de procédés stylistiques (p. ex., ellipse, comparaison, métaphore, ironie et mise en abyme) convenant bien au sujet de l’œuvre, à savoir la création littéraire.

« Et voilà qu’un soir d’orage, Pascal écrivit le mot FIN. Comme un enfant qui court apporter à sa mère le dessin enfin achevé, Pascal imprima le manuscrit et l’apporta à Béatrice. » (p. 38)

« Tel un lion en cage, Pascal faisait les cent pas dans sa tour de silence, s’acharnant à forcer sa concentration, espérant stimuler sa motivation. » (p. 62)

« Et c’est dans ce silence et dans cette solitude, terrain fertile aux meilleures comme aux pires idées, que germa un projet farfelu, saugrenu, presque diabolique. » (p. 63)

« Sans le réaliser encore, elle venait d’être atteinte du virus qu’est le narcissisme dont elle accusait les auteurs d’être porteurs. » (p. 146)

« – J’ai deux très bons romans à vous présenter. D’abord, celui de Pascal Pigeon, qui s’intitule La critique. […]
– Il s’agit d’une critique littéraire acariâtre, acerbe, à la langue de vipère et à la plume trempée dans le fiel qui fait beaucoup de dommages en parlant des livres qu’elle a lus. […] 
 Et voilà qu’un jour, poursuivit Aline Lapierre, un auteur, dont le roman a été écorché à la télévision nationale par la critique en question, décide de régler son compte à cette femme. […] 
 Il la kidnappe! […] 
 Farfelu, me direz-vous, mais considérant le monde dans lequel on vit, c’est tout à fait plausible. Ainsi donc, l’écrivain lui donne un ultimatum : écrire un roman pour recouvrer la liberté. » (p. 201)

  • Séquences descriptives détaillées et imagées qui situent bien les lieux et le temps de l’action et qui appuient le développement de l’intrigue.

« Bâti au cœur d’une forêt de quinze acres, le château, comme s’amusait à l’appeler Pascal, comptait, entre autres pièces, cinq chambres à coucher, une immense cuisine, deux salles à manger, deux salons, une salle de cinéma, et une tour. C’est dans cette tour que Pascal élut son quartier général : un bureau avec vue sur un ruisseau dévalant à travers les conifères. Il entra d’un pas solennel, là où il écrirait ses plus beaux romans. » (p. 37)

« Le premier jour d’allure printanière fut radieux et splendide. Tôt le matin, Camilla descendit dans son jardin cloîtré où elle put respirer le grand air et apprécier le bleu du ciel. Elle resta de longues heures à rêvasser en écoutant le chant des oiseaux. Elle pensa à la vie grouillante à l’extérieur de ces murs, aux poursuites qu’elle allait intenter contre son ravisseur. Il venait de lui voler deux mois de sa vie, et Dieu sait combien d’autres il allait lui prendre. » (p. 165)

  • Nombreuses séquences dialoguées qui contribuent à la vraisemblance de certaines situations et qui permettent de bien saisir les liens entre les personnages.

« – N’avez-vous jamais entendu parler de critique constructive?
– Foutaise! Comme s’il incombait à la critique de parfaire le talent des artistes!
– Je sais, vous, c’est l’opération de destruction massive qui vous stimule. Carboniser les auteurs, ça vous connaît! Plusieurs ont déjà appris de quel bois vous vous chauffez… moi compris!
– Le sang ne peut pas sortir d’un navet, cher Monsieur Pigeon, dit Camilla, avec superbe.
– N’est-ce pas plutôt que vous trouvez les raisins toujours trop verts? répliqua Pascal.
Tous deux semblaient prendre un certain plaisir à cette joute verbale. » (p. 153)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses allusions à des écrivains célèbres (p. ex., Camus, Balzac, Troyat, Zola, Marguerite Yourcenar) et à des œuvres françaises (p. ex., Germinal, Au bonheur des Dames, Thérèse Raquin, L’Assommoir).
  • Trois citations d’auteurs francophones (Jean-François Somain, Honoré de Balzac et Janette Bertrand) présentées dans la préface du roman.

Pistes d'exploitation

  • Proposer aux élèves, regroupés en dyades, de développer la technique de la mise en abyme en rédigeant leur propre court récit. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
  • Former des équipes, puis leur assigner un chapitre du recueil. Leur demander de relever les procédés stylistiques, appuyés d’exemples, qu’utilise l’auteure. Animer une mise en commun afin de leur permettre de faire part de leur travail au groupe-classe.
  • Suggérer aux élèves de visionner quelques critiques littéraires en ligne pour en voir le modèle. Leur demander de rédiger leur propre critique portant sur une œuvre qu’ils auront choisie. Jumeler les élèves, puis leur demander de partager et de discuter de leur travail avec leur partenaire.
  • Proposer aux élèves, réunis en équipes, de mener une recherche au sujet du syndrome de Stockholm, puis de préparer une infographie en tenant compte de critères précis (p. ex., définition, symptômes, causes). Les inviter à présenter leurs trouvailles au groupe-classe.

Conseils d'utilisation

  • Présenter les caractéristiques de la mise en abyme en tant que procédé narratif afin de faciliter la compréhension de l’œuvre.
  • Accorder une attention particulière à certains thèmes et sujets délicats dont il est question dans l’œuvre (p. ex., le suicide, la dépression, l’enlèvement).
  • Inciter les élèves à lire d’autres œuvres de la même auteure, telles que Le chêne et Un canard majuscule, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Léa Olivier – Les secrets du journalisme (Audio), Comment devenir bon en écriture? Trucs de Sylvain St-Laurent du journal Le Droit.