- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; emploi de quelques mots nouveaux que le contexte permet de définir (p. ex., donjon, incartade, palefrenier, étrillait, chanfrein, effluves, émerillon).
« Le lendemain, Jordan reçut son cadeau d’anniversaire. Il avait le cœur qui battait fort pendant que Félicien, le responsable de l’écurie, entrait dans le bâtiment. Le palefrenier s’en allait chercher le cheval de Jordan. Son premier cheval! Le garçon savait qu’il était arrivé depuis deux jours, mais il n’avait pas pu le voir. Malgré ses tentatives répétées, on ne l’avait pas laissé s’introduire dans l’écurie où l’animal avait été conduit en grand secret. Paulin aussi avait essayé, mais en vain : la garde était efficace à la porte de l’écurie. » (p. 35)
« Bertrand les convia à une chasse à la perdrix. Elle ne nécessiterait pas de grandes cavalcades, et ne mettrait donc pas à trop rude épreuve leurs jeunes compétences de cavaliers. Le seigneur et les deux garçons étaient déjà en selle et leurs chevaux dansaient impatiemment sur leurs pattes lorsqu’arriva Guiraud, le maître fauconnier. Il portait un émerillon sur son poing fermé. C’était un petit faucon au plumage gris bleu et aux pattes jaunes. On avait recouvert sa tête d’un chaperon afin de le rendre momentanément aveugle. » (p. 69-70)
- Texte contenant une variété de types et de formes de phrases qui avivent la lecture.
« Lors de l’arrivée du cheval à Gourron, Jordan avait été retenu par sa mère sous le prétexte de lui apprendre à lire. Lire! Quelle idée! Comme s’il avait besoin de savoir lire! C’était bon pour les prêtres, pas pour lui. Son père ne savait pas lire, son grand-père non plus, et cela ne les empêchait pas d’être de valeureux guerriers. Au grand chagrin de dame Garsie, qui avait tenté de l’intéresser pendant des mois, Jordan n’avait fait aucun effort pour reconnaître les lettres. » (p. 35-36)
« Guillemette prit les choses en main. Elle demanda des planches afin de confectionner une attelle et des linges pour la fixer. Elle voulut aussi un brancard pour transporter le blessé.
– Maintenant, dit-elle à Jordan, il faut que je redresse ta jambe. Ça va faire très mal, et tu ne dois pas bouger. Jean va te tenir pour que tu restes bien immobile.
Jordan se rebiffa :
– Je n’ai pas besoin qu’on me tienne! Je ne bougerai pas. » (p. 94-95)
- Nombreuses figures de style (p. ex., comparaisons, métaphores, énumérations) qui permettent d’apprécier le style de l’auteure.
« Malgré ses bonnes résolutions, il avait de plus en plus de mal à rester tranquille sur son banc et il frétillait comme une anguille que l’on sort de l’eau. » (p. 9)
« Sicard le regarda fixement. On sentait monter en lui la colère. Avec son visage devenu tout rouge, ses yeux exorbités, ses narines frémissantes, il faisait penser au taureau sur le point de charger : on aurait dit que de la fumée allait sortir de ses naseaux. » (p. 51)
« Jean lui racontait toutes sortes d’histoires sur les bêtes de la forêt, dont il connaissait bien les habitudes pour les avoir souvent observées. Il disait comment le lièvre se réfugiait au gîte, de quelle manière la perdrix se cachait derrière les mottes de terre soulevées dans les champs par les charrues, avec quelle prudence le cerf s’arrêtait pour humer l’air afin de déceler à l’odeur la présence de ses ennemis. » (p. 61)
- Séquences descriptives qui apportent des précisions sur les lieux, les personnages et les événements.
« Le sanglier surgit soudain des buissons, suivi par la meute qui le serrait de près. C’était une énorme masse noire qui fonçait droit devant, aveuglée par la peur et l’urgence de fuir le danger. L’animal se dirigea vers Jordan qui tira désespérément sur la bride de Vif-Argent pour éviter le choc. La jument recula, mais elle fut effrayée par l’odeur du fauve qui passa tout près d’elle. Alors elle se cabra dans un hennissement de frayeur et désarçonna son cavalier. En tombant, la tête de Jordan heurta une pierre. Il perdit conscience. » (p. 91)
« Tout le monde se réunit dans la salle pour assister à l’opération : dame Garsie, entourée de ses suivantes, le seigneur, Félicien, Jean et même Sicard. Paulin était là, bien sûr, ainsi que tous ses compagnons de jeu. Les visages des assistants reflétaient à la fois la crainte et l’espoir.
Le moment était solennel, et on aurait pu entendre voler une mouche. Guillemette déroula prestement les bandes de tissu, puis elle resta la main en l’air, comme si elle n’osait pas faire le dernier geste.
– Dépêche-toi! ordonna Jordan.
Alors, elle ôta les planchettes qui avaient maintenu la jambe en place. Tout le monde se pencha en avant pour mieux voir. La jambe de Jordan apparut. Elle était blanche et maigre. Mais elle était droite! » (p. 107-108)
- Quelques séquences dialoguées qui permettent de mieux comprendre les relations entre les personnages.
« – Merci mon Dieu! s’écria dame Garsie.
Jordan, qui n’avait pas pleuré sous la douleur, versa une larme de joie pendant que sa mère le serrait très fort contre elle. Tout le monde parlait en même temps. La salle résonnait de rires et de commentaires joyeux.
Jordan voulut se lever. Guillemette l’avertit :
– Attention, dit-elle, tu n’as pas marché depuis des mois et tu es très faible : il faut que tu recommences doucement.
Elle voulut l’aider, mais son père s’interposa. […] Jordan souffrait un peu, mais il ne se plaignit pas. Bertrand de Gourron, qui s’en était aperçu, lui dit d’une voix émue :
– Je suis fier de toi, mon fils! » (p. 108-109)