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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Il pleuvait des oiseaux

Vers quelle forêt secrète se dirige la photographe partie à la recherche d’un certain Boychuck, témoin et brûlé des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle? On ne le saura pas. Au moment où s’amène la photographe, Boychuck vient tout juste de mourir.

Tom et Charlie, deux survivants, ignorent que la venue de la photographe bousculera leur vie. Ils feront la rencontre d’un personnage aérien, Marie-Desneige. Elle a 82 ans et tous ses esprits, même si elle est internée depuis 66 ans. Elle arrive sur les lieux comme une brise espérée alors que la photographe découvrira que Boychuck était un peintre et que son œuvre était tout entière marquée par le Grand Feu de Matheson.

C’est dans ce décor que s’élabore Il pleuvait des oiseaux. Nous voilà en plein cœur d’un drame historique, mais aussi pris par l’histoire d’hommes qui ont choisi la forêt. Trois êtres épris de liberté et qui ont fait un pacte avec la mort.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Quatre personnages principaux un peu marginaux : la photographe Ange-Aimée, deux inséparables amis octogénaires, Charlie et Tom, déçus par la société, et Gertrude (Marie-Desneige), âgée de 82 ans et internée dès l’âge de 16 ans; un cinquième personnage, Ted Boychuck, tout juste décédé, mais qui est le sujet principal de l’œuvre.

    « Ils formaient une drôle de paire. Charlie, gros ours bougon qui cachait mal le plaisir qu’il prenait à la conversation, et ce grand efflanqué de Tom qui cherchait à retenir mon attention par tous les moyens. » (p. 26)

    « J’ai toujours su que j’aurais une vie, dit Marie-Desneige à son amie Ange-Aimée aux premiers jours de leur amitié, je n’ai jamais abandonné l’espoir d’avoir une vie à moi… » (p. 100)

    « Ted avait eu une vie probablement beaucoup plus chargée que tout ce qu’on avait pu imaginer à son sujet. De nous trois, affirma-t-il, c’est celui qui avait le plus à dire, trop peut-être, trop pour être dit avec des mots. Un homme qui passe les vingt dernières années de sa vie à s’arracher la tête pour donner un sens à des taches de couleur a énormément à dire. » (p. 116)
     

  • Intrigue basée sur les thèmes primordiaux reliés au vécu des personnages (p. ex., la liberté, la nature, la vieillesse, l’amour, la mort); autres thèmes abordés de façon accessoire (p. ex., l’incendie historique du nord de l’Ontario, la communauté, la drogue, la maladie mentale, le suicide), le tout présenté avec délicatesse et émotion.

    « Ils seraient bien étonnés si on leur demandait s’ils sont heureux. Ils n’ont pas besoin d’être heureux, ils ont leur liberté et ne craignent que la travailleuse sociale qui viendrait la leur enlever. C’est exactement ce que Tom m’a répondu quand je lui ai demandé ce qui l’avait amené dans ce coin perdu.
    – La liberté, ma jolie, la liberté de choisir ma vie. » (p. 26)

    « Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d’une phrase, s’assoupir. » (p. 82)
     

  • Alternance entre les narrateurs participants, témoins et omniscients, chaque chapitre étant introduit par un avant-propos (en italique) d’un narrateur omniscient qui s’adresse parfois directement au lectorat.

    « J’avais entendu le moteur de la Suburban de Bruno et j’étais sorti bien avant qu’il n’arrive. La tache blanche dans le pare-brise, vue de loin, pouvait être n’importe quoi. […]
    C’est seulement lorsqu’il est arrivé à ma hauteur que j’ai compris que cette tache blanche était une tête de vieille femme. » (p. 51)

    « L’histoire s’installe tranquillement. Rien ne se fait très vite au nord du 49e parallèle. […] Mais il faut faire une pause, présenter les Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle. » (p. 64-65)

Langue

  • Registre de langue courant sauf lors de dialogues familiers entre les personnages de la communauté du lac et dans les situations loufoques; vocabulaire parfois recherché (p. ex., roublardise, gravide, afféterie, freluquet), mais ne nuisant pas à la compréhension du texte.

    « Tout l’après-midi, j’avais emprunté des routes spongieuses qui ne m’avaient menée qu’à des enchevêtrements de pistes de VTT, des chemins de halage forestier, et puis plus rien que des mares de glaise, des lits de sphaigne, des murs d’épinettes, des forteresses noires qui s’épaississaient de plus en plus. » (p. 11)

    « Charlie a autorité en matière de mort. Il l’a connue de près quand il l’attendait dans son camp de trappe. Tom ne cesse d’ailleurs de lui demander. Tu l’as vue? Tu l’as vue?
    – Non, je l’ai pas vue, c’était pas mon heure.
    – Et dis-moi donc, pourquoi t’as pas pris ta pincée de sel à ce moment-là? C’aurait été si simple.
    » (p. 83)
     

  • Nombreuses figures de style, telles l’énumération, la personnification, la métaphore, la comparaison, qui accentuent l’émotivité du lectorat. 

    « Des déficients, des infirmes, des fêlés du bol, on ne faisait pas la différence, personne n’en voulait, personne ne les avait réclamés. » (p. 57)

    « Elle, si menue et si fragile, petit oiseau toujours sur le point d’être emporté par un vent de panique, et lui, massif, si lourd et si lent, un bloc de granit que rien ne semblait pouvoir ébranler. » (p. 106)
     

  • Séquences descriptives abondantes formées de phrases parfois nominales, souvent longues, parfois complexes et dans lesquelles s’ajoutent des séquences dialoguées indirectes.

    « Odeur d’abord de corps mal lavés, je n’ai vu aucune douche aucun bain dans aucune des cabanes d’habitation de mes vieux amis des bois. Odeur de graillon, ils se nourrissent principalement de viandes poêlées, d’épais ragoûts, de viande sauvage qui nécessite un lourd apport de gras. Odeur de poussière déposée en strates momifiées sur tout ce qui ne bouge pas. Et odeur sèche du tabac qui est leur principale drogue. » (p. 12-13)

    « Il était fier de me raconter ses histoires d’ours dévorés par les tiques et la faim qui vous attendent au pas de votre porte, de ces bruits qui geignent et grincent au vent la nuit, et les moustiques, je ne t’ai pas parlé des moustiques, en juin, ils y sont tous, les maringouins, les mouches noires, les brûlots, les taons […] » (p. 14)
     

  • Champ lexical souvent évocateur d’une nature poétique.

    « L’endroit était un ravissement. Cachée derrière une étroite bande de terre, la baie recevait un jeu d’ombre et de lumière qui s’amusait dans les eaux du lac. Sur la rive, quelques escarpements rocheux, des trouées blondes et sablonneuses, de minuscules plages baignées de soleil, et derrière, une végétation abondante, une forêt de cèdres dont l’odeur camphrée éloignait les moustiques, là était tout l’avantage de l’endroit. » (p. 115)

Référent(s) culturel(s)

  • Évidence de l’apport considérable des Canadiens-Français au développement du nord de l’Ontario et à sa reconstruction depuis les Grands Feux des années 1910; nombreuses références à des lieux et à des gens de cette région (p. ex., Cochrane, Timmins, Matheson, Haileybury, les jumelles Polson).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de rédiger un commentaire critique sur les raisons pour lesquelles les trois hommes auraient décidé de couper tous les liens avec la société.
  • Proposer aux élèves un débat sur l’euthanasie ou sur la place des aînés dans notre société; leur demander de s’inspirer des aînés dont on raconte l’histoire dans le roman et des aînés qu’ils connaissent.
  • Inviter les élèves à rédiger des textes épistolaires qu’aurait envoyés Theodore Boychuck aux jumelles Polson, et vice-versa.

Conseils d'utilisation

  • Afficher en classe une carte géographique du nord de l’Ontario pour situer les lieux où se déroule l’histoire.
  • Faire les mises en garde appropriées au sujet de quelques scènes du roman qui mettent en évidence l’utilisation de la drogue.
  • Avant, durant et après la lecture de l’œuvre, échanger avec les élèves sur les sujets délicats abordés, tels le suicide, l’euthanasie, la mort.
  • Encourager les élèves à lire les Chroniques du Nouvel-Ontario d’Hélène Brodeur et à relever les ressemblances (p. ex., péripéties, personnages, lieux) entre ce roman et celui-ci ou à comparer le style des deux auteures.