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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Il faut prendre le taureau par les contes!

Les contes de Fred Pellerin ont ceci de particulier qu’ils sont véridiques, en général…

Véritables, comme des contes de faits, hauts et forts, qui parlent d’eux-mêmes et qui sont d’ailleurs trop beaux pour ne pas être vrais. Si les histoires de son premier recueil faisaient le tour des amours de la belle Lurette, en voici d’autres, comme rénovées d’un hier encore récent, qui rapportent l’âme de Babine, le fou du village. 

Des découpures de journées, des légendes en pièces, qui se cousent et secouent pour donner à voir et à entendre une histoire qui en dit long sur un homme qui avait le dos large.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Conte moderne dont le personnage principal est Babine, le fou du village, un homme étrange, peu gâté par la nature, souffre-douleur de ses concitoyens et sorte de symbole de la fragilité humaine.

    « En fait, l’enfant souriait. Il entra dans la vie de l’avant, malgré les apparences. Le devant comme un derrière. Parce qu’il était affreux. D’où la confusion. » (p. 19) 

    « Babine subissait donc la volée sous prétexte de soupape et en souriant. Régulièrement, depuis son tout début. Toujours désagréable à l’œil nu, il s’offrait comme une proie facile à fesser sincèrement. À sept ans, la laideur de Babine s’amplifiait tant que sa mère ne le laissait plus sortir le dimanche à cause des vidanges. » (p. 24)  

    « Et quand on lui offrait une job, tel qu’il fut dit avant, il se voyait incapable de dire non. C’est ainsi qu’il écopait de toutes les besognes. » (p. 70)
     

  • Nombreux personnages secondaires, des villageois de Saint-Élie-de-Caxton, parmi lesquels le curé neuf, le forgeron Riopel et Brodain Tousseur, le seul ami de Babine.

    « Comme de fait, le curé neuf annonça la cascade prévue. » (p. 61)

    « Le forgeron découvrit même avec ce nouvel appareil que la deuxième semaine du mois de novembre dure près de trente jours. Lui qui buvait une once de gin chaque soir avait dépensé près d’un quarante onces avant que le temps ne change de semaine. » (p. 75)

    « Un des quelques à s’investir dans le minuscule bien-être de Babine, ce fut M’sieur Brodain Tousseur. Lui-même qui avait mis la main à la pâte au moment de son arrivée au monde. On le reconnaissait d’ailleurs comme un des plus proches amis du fou. Brodain Tousseur l’utilisait sans en abuser. Aussi, il l’invitait chez lui et l’accueillait bouche ouverte lors de ses visites. » (p. 111)
     

  • Narrateur omniscient, Fred Pellerin, faisant le récit approximatif de contes dits autrefois par sa grand-mère et racontant le quotidien des villageois; narrateur participant, ce même auteur, commentant les événements et ajoutant ainsi sa touche personnelle afin de leur donner un caractère véridique; peu de séquences dialoguées.

    « Babine était si repoussant que jamais encore, même rendu à l’âge majeur, il n’avait senti l’effet d’un regard de femme sur lui. Pour lui, l’amour et ses effets appartenaient à cette sorte de choses accessibles qu’aux autres. Et puis on en parle tant, de l’amour. Le curé en faisait un sujet de prédication dans ses sermons, les chansons ne se répondaient que sur cette note. » (p. 30) 

    « Comme récompense, je vous le disais et je n’ai pas l’intention de l’omettre, Babine a été condamné à mort. Cette fois-là, si je ne me trompe pas dans ce qu’on a dit à ceux qui me l’ont répété, ce fut la guillotine. Une guillotine-maison, un sciotte rouillé sur un brancard de flaube. La foule criait :
    – La mort! La mort!
    La lame n’était pas affilée, mais ça faisait mal quand même. On laissa tomber le couperet plusieurs fois, jusqu’à lui blesser la bosse. Une soirée magnifique. » (p. 45-46)
     

  • Un lieu unique et bien réel, affublé de différents noms au fil des chapitres : le village de l’auteur, Saint-Élie de Caxton, en Mauricie. 

    « Saint-Élie de Garnotte, sortie 166 de l’autoroute 40, à droite au T puis à gauche à la troisième lumière, toujours tout droit ensuite, malgré les portions de terre battue, c’est mon village. Saint-Élie de Garnotte : quand t’es perdu, t’es rendu! When you’re lost, you’re là! » (p. 17)

    « Saint-Élie de Klaxon, une bande de criards qui s’en font une légende, de la rumeur, c’est mon village. Un patelin amplifié qui s’entend entre les branches. » (p. 29)

    « Saint-Élie-de-Caxton, véritable, c’est mon village. Un patelin qui existe. » (p. 111)
     

  • Récit puisé dans l’imaginaire collectif teinté de merveilleux et composé de plusieurs anecdotes relativement vraisemblables, dont les thèmes toucheront aussi bien les garçons que les filles (p. ex., l’idiot du village, le bouc émissaire, le harcèlement).

    « Le réflexe étant toujours le même (Quand ça va mal, c’est à cause du fou!), le curé organisa une délégation pour aller brasser Babine et lui demander de nous débarrasser de la bête. Sous les invectives, le fou refusa. » (p. 41)

    « Les circonstances allant toujours contre lui, qui de mieux comme coupable. Toujours, tout était contre lui : la chance, les gens, la météo. Il choisissait de sortir que déjà le ciel s’obscurcissait. Et on ne se tannait pas. Plus ça allait, et plus les gens lui en voulaient. » (p. 48)

    « La troupe arrivait au presbytère. Le curé vint ouvrir. Trois, quatre entrèrent en dedans, tenant Babine par le chignon du cou, par la bosse. Ils le tenaient, pour montrer leur supériorité, pour faire semblant qu’ils avaient eu à réussir alors que Babine n’avait eu qu’à échouer, simplement. » (p. 52)
     

  • Plusieurs photos en noir et blanc du village et de ses habitants, dont une de Roger Lafrenière (mort en 2001 et source d’inspiration pour le personnage de Babine), apportant une touche de véracité aux histoires; disque compact capté en 2002 dans les Maisons de la culture de Montréal et dont le contenu, à cause de l’oralité, diffère de la version écrite, mais enrichit tout autant la lecture des contes.

Langue

  • Langage très typique et truculent; univers poétique et surréaliste propre à l’auteur.

    « Les animaux défilaient, on se serait cru dans le logement de Pépère Noé. L’arche du triomphe pour cette dresseuse faisant démonstration de son pouvoir de charmeuse sur son troupeau. » (p. 34) 

    « Comme récompense, et pour cause, Babine fut condamné à mort. Sur le coup de l’émotion, le curé ne pensa même plus à ses mitaines en peau de fesses. Tout ce qui l’occupait tourna en persécution. Cette fois-là, si je ne me trompe pas, ils l’ont rependu. Chance ou malchance? La corde a recassé. » (p. 56)

    « Puis l’Évêché nous consola avec un curé neuf, bien repassé, sans un pli sur la soutane. » (p. 60)
     

  • Rythme soutenu, jeux de mots et figures de style innombrables (p. ex., exagération, personnification, allusion, comparaison, métaphore); code grammatical transgressé, anachronisme.

    « Un hiver à vous péter les dents dans la gueule au moindre sourire externe. […] En décembre, déjà, il fallait chercher le clocher de l’église avec une perche dans les montagnes blanches. Tant frette que certains perdirent leur goutte de mercure dans le thermomètre et ne la retrouvèrent jamais. » (p. 31)

    « La fournaise étira la langue trop loin, l’église fut réduite en cendres que le vent emporta comme une montagne de souvenirs en pourde. » (p. 59-60)

    « Rien n’arrivait plus à le rejoindre ci-haut perché. Il tenait dans son bec un nuage. » (p. 62)

    « Le curé n’eut pas le temps de faire reply pour lui dire qu’il ne voulait pas la voir, que déjà elle retontissait dans une carriole de luxe. » (p. 76)
     

  • Ton ironique, humoristique, mais le plus souvent tendre envers un personnage malmené et une population solidarisée contre lui; champs lexicaux et sémantiques (p. ex., l’amour, l’oubli, la mort) caractéristiques des contes ruraux.

    « – L’amour, mon Babine, c’est un frisson dans la colonne vertébrale. Tu vas voir, tu vas le sentir. Si jamais ça te pogne, ça va te branler à partir du bas du dos, ça va te faire vibrer jusque dans la tête. L’amour, Babine, c’est un chatouillage vertical à double sens. » (p. 31)

    «Oublié. Roger n’habitait déjà plus nos mémoires.
    Quand même, il fut embaumé cinq étoiles, exposé au salon funéraire. Lui qui avait toujours pensé qu’à son tour ce serait plein parce qu’il avait toujours assisté aux funérailles des autres. Mais il n’y avait pas pensé. Les morts n’étaient pas là, seulement les vivants. Et bien peu. Trop peu. » (p. 123)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses références à la francophonie canadienne : des lieux (p. ex., les Îles-de-la-Madeleine, Saint-Élie-de-Caxton, Alma), des hommes forts (p. ex., Jos Montferrand, Louis Cyr, Alexis le Trotteur) et des fêtes traditionnelles (p. ex., Noël, Pâques).
  • Citations d’auteurs canadiens ou français dans les textes placés en exergue de chaque conte (p. ex., Yves Thériault, Antonine Maillet, Yvan Bienvenue, Émile Ajar, Antoine de Saint-Exupéry).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de relever les caractéristiques du fou du village dans ce conte. Leur proposer ensuite l'écoute et la lecture d’autres textes (p. ex., La fleur qui faisait un son, Le cheval de Vaudoux ou Le sac d’Yves Thériault) afin d’illustrer le stéréotype de ce genre de personnage.
  • Inviter les élèves à écrire un texte à la manière de Fred Pellerin.
  • Proposer aux élèves de comparer le style de Fred Pellerin à celui d’autres conteurs ou humoristes (p. ex., Sol, Michel Barrette, Gilles Vigneault).                                                                                 

Conseils d'utilisation

  • Replacer certains sujets délicats (p. ex., le fou du village, le bouc émissaire) dans le contexte du conte.
  • Accompagner les élèves apprenants du français qui éprouveraient des difficultés à comprendre les textes lus et écoutés de Fred Pellerin.
  • Lire les annexes qui permettent d’en connaître davantage au sujet de Saint-Élie-de-Caxton et de quelques personnages qui y ont vécu et dont on parle dans les contes.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : Y paraît que…, divers épisodes.