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Du vertige et de l’espoir

Les carnets africains de Michel A. Thérien se déploient comme des mots taillés dans la pierre. L’auteur les sculpte dans l’espace inconnu de son propre vertige qui s’arrime à notre regard tout au long de ce recueil. Mais ce qui sourd de cette poétique, à chaque tournant de page, est l’inexorable beauté, le sang et l’espoir, comme un soleil couchant dans l’émergence du continent.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Recueil de poésie en vers libres, au style sobre, dépouillé.

    « au cœur
    de nos paysages
    la joie n’est jamais
    seule

    quelqu’un la cueille
    la dévêtit
    l’aime jusqu’à la boue
    et la laisse dormir
    parmi les mousses
    les herbes le verglas
    de nos étreintes
    sauvages » (p. 68)
     

  • Descriptions imagées, permettant de se situer dans le temps et le lieu et de vivre la souffrance vécue par les esclaves africains et lors du génocide rwandais.

    « la violence de tes révoltes
    tes poings serrés sur le génocide
    les fers de l’esclavage
    à tes chevilles » (p. 33)

    « Un temps de sable
    sur Bamako

    l’odeur des embruns desséchés
    du désert lointain
    mêlée à celles des voitures
    et des motos

    un soleil sans ombre
    sans nuage ni compromis
    une ville de poussière
    de musique et de radios » (p. 63)

Langue

  • Poèmes, strophes et vers de diverses longueurs, sans ponctuation.

    « toujours
    en amont de nous
    le poème
    est ce lieu innommé
    quelque part entre le cœur
    et l’inconnu

    nos mains terreuses
    dans l’ardoise de ses mots » (p. 24)
     

  • Figures de style et procédés poétiques nombreux (p. ex., inversion, métonymie, métaphore, allitération).

    « je veux boire
    à ton sein
    la fougue des dieux
    qui te possède » (p. 31)

    « et nous enfantons
    la douleur de l’île
    en nos lèvres de feu » (p. 47)

    « dans la fumante des rues
    j’écris la lumière du jour
    avec le blanc et le noir
    de ses contours
    le ciel pour toile de fond
    quelques grains de sable
    dans le relief des mots
    et des taches de sang
    dans l’encrier » (p. 62)

    « à peine né
    dans les cloisons
    du souffle
    déjà l’air s’effrange
    s’effrite s’essouffle
    par l’esclavage
    qui te jette en lambeaux
    à la rue » (p. 71)
     

  • Champs lexicaux variés (p. ex., féminité, nature, esclavage).

    « Dans la mémoire
    de l’esclave
    les ombres du levant
    traînent leurs chaînes
    sur la jetée glissante
    du port » (p. 47)

    « Ta voix nue
    sur l’écran des eaux
    depuis le laurier
    à la jacinthe des neiges
    crève nos yeux terreux
    au clivage de ton sein » (p. 87)
     

  • Registre courant, mais complexité des images.

    « Par quels fleuves
    et méandres
    suis-je venu
    jusqu’à toi
    dans la beauté
    et l’herbe du vent
    où ton corps se déploie

    sculpture de lumière
    et d’ébène
    par quelle solitude
    jusqu’à toi » (p. 55)

    « Ton corps

    même le soleil
    s’y chauffe
    tu deviens solstice
    et lui si petit

    ton corps nous élève
    jusqu’en tes paupières
    de glaise
    et leurs métamorphoses
    évanescentes » (p. 82)

Pistes d'exploitation

  • Faire relever les mots, les expressions, les idées qui font appel aux cinq sens.
  • Lire de vive voix, dans le cadre d’un cours de théâtre, certains poèmes en faisant valoir le rythme, la tonalité, la sonorité des textes choisis; accompagner la lecture d’une musique, associée au poème lu.
  • Discuter, dans un cours d’histoire, de tout le système de la traite des Noirs et de la part qu’y a pris le Canada.

Conseils d'utilisation

  • Rappeler l’histoire du Rwanda, de ses guerres, de ses souffrances.
  • Préparer les élèves à la lecture d’une poésie qui exige de la réflexion pour en dégager le sens.
  • Permettre à l’élève d’écrire ses commentaires, ses pensées, de tracer des dessins, de relever à chaque page le mot, l’expression, la phrase qui plaît, qui surprend, qui choque.