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Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; utilisation judicieuse d’expressions familières et de mots plus complexes pouvant présenter un défi pour le lectorat.
« Les policiers sont-ils en train de me regarder? Je ne me retourne pas. J’en brûle d’envie, mais je ne me retourne pas. Me mordant les lèvres pour ne pas le faire, je marche en serrant les fesses et reprends le compte de mes pas. » (p. 89)
« Ce n’est pas sans une certaine fierté que j’estime avoir débrouillé cet imbroglio sans aide extérieure. Il ne me reste qu’une chose à faire : attendre que ces vêtements soient secs et les rapporter à Camille. Elle sera stupéfaite! » (p. 102-103)
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Texte contenant plusieurs types et formes de phrases qui avivent l’intrigue tout au long du roman.
« Cependant, je ne sais pas si je peux revenir en arrière. Pour quoi faire, d’ailleurs? Si les policiers ne m’ont pas vu, pourquoi irais-je au-devant d’eux? Je hausse les épaules, un peu piteux. J’ai agi comme un imbécile, d’accord. Mais ce qui est fait est fait. Je n’ai plus qu’à rentrer à la maison. » (p. 51)
« Et, brusquement, je me rends compte que je viens effectivement de comprendre. Des vêtements ramassés dans la forêt? Qu’elle allait remettre à la police? Quel enfantillage! Comment ai-je pu être naïf à ce point? Aveugle, disons le mot! » (p. 107)
« Je relève le nez. Que veut-elle dire? Qu’Alex Eberle était un gangster? Qu’elle était en état de légitime défense? Elle m’avait pourtant dit qu’elle l’aimait beaucoup. Un autre mensonge, sans doute. Malgré ma méfiance, cependant, ma curiosité est piquée. » (p. 116)
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Emploi fréquent d’expressions figurées qui caractérisent bien le style de l’auteur.
« Je m’accroupis contre un arbre pour reprendre mon souffle. Mon cœur bat la chamade. » (p. 50-51)
« Je suis rouge comme une pivoine. Ma grand-mère m’enveloppe d’un regard à la fois protecteur et émerveillé. » (p. 68)
« Les yeux fixes de Camille ne me quittent pas, me glaçant le sang. Combien de temps cela dure-t-il? Je n’en sais rien. » (p. 109)
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Séquences descriptives mettant l’accent sur les émotions ressenties par les personnages et assurant le suspense tout au long du roman.
« Le bruit des pas de ma poursuivante est tout proche maintenant. Je n’avais aucune chance, de toute façon : Camille est une sportive accomplie, alors que je suis un sédentaire indécrottable.
Lorsque sa main s’abat enfin sur mon épaule, je suis résigné. Je ne me retourne même pas. Je cesse de courir, tête baissée. Les larmes coulent abondamment sur mes joues. Je ne suis qu’un petit garçon qui ne possède rien. Quand je pense que c’est elle qui m’a poussé à brûler mon cahier rouge, et avec quelle habileté! » (p. 112-113)
« Pourtant je ne bouge pas d’un poil. Mais ce n’est pas la peur qui me paralyse, cette fois. C’est… la pitié. Je ne suis pas certain d’analyser correctement mes sentiments, mais je crois que c’est de la pitié que j’éprouve, de la compassion.
Camille me semble si faible, si vulnérable, que, malgré sa confession, je n’arrive plus à la considérer comme une personne dangereuse. Je la vois plutôt comme une victime, la vraie victime, en fait de cet enchaînement d’événements dramatiques dans lequel elle a été entraînée à son corps défendant. » (p. 126-127)
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Séquences dialoguées permettant de comprendre la relation entre les personnages et de bien suivre le déroulement de l’intrigue.
« – J’en suis convaincue, répond-elle avec douceur. Ce n’est pas ce que je veux dire, Quentin. Cependant, si tu veux que je t’aide, il faut que je comprenne ce qui s’est passé. C’est une affaire très grave. Je connaissais bien Alex Eberle. C’était un ami. Il a disparu dans des circonstances inexplicables et tu es apparemment le dernier à l’avoir vu. Ton témoignage peut être essentiel. Mais…
– Vous voulez dire que personne ne me croira si je raconte une histoire pareille?
– J’en ai peur, Quentin.
– Que faut-il faire, alors? Brûler ce cahier et oublier?
– Oui, je crois que c’est le mieux. Je te l’ai dit. Tu dois me faire confiance. L’homme qui a tué Alex est diabolique et insaisissable. Remarquablement intelligent. Il opère à l’insu de tous, on ne sait jamais quand il va apparaître. » (p. 76-77)
« – C’est à cause de la disparition de ce journaliste, Alex Eberle, précise-t-elle [grand-mère]. Ils voulaient savoir si nous l’avions revu par ici ces derniers jours. J’ai répondu que non, bien entendu. Les allées et venues des uns et des autres ne me regardent pas. Je ne suis pas la concierge du quartier. Est-ce que tu les as croisés? Ils venaient de s’en aller en direction du lac peu avant que tu arrives.
– Oui, je crois, bredouillé-je. Mais moi non plus, je n’ai rien vu, tu sais…
– Bien sûr, mon chéri, dit-elle en se rapprochant de la table et en me caressant les cheveux. Si tu avais vu quelque chose, c’est à moi que tu l’aurais raconté, n’est-ce pas? » (p. 90-91)