- Récit autobiographique relatant une période de la vie de Claude Jasmin, celle où il fut grand-père et gardien délibéré de ses petits-fils; roman donnant libre cours aux pensées de l’auteur sur le monde des enfants.
« Ces expéditions avec mes petits-fils furent donc un "chemin de croix" agréable, excitant souvent, et sans douleur aucune. Cela durant plus d’une décennie. » (p. 9)
« Dès janvier 1986, scénographe de télé démissionnaire, je suis devenu un préretraité. Et vive la liberté! […] J’ignorais que j’allais vivre un temps de total bonheur, plus d’une décennie plongé dans une existence de l’ordre du fantastique. Décidé à divertir des gamins délurés, je serais immergé dans un univers ludique, parfois fantasmagorique. Je vais vous raconter un "gardien d’enfants" ébloui, vous narrer des bribes d’un temps épatant. » (p. 10)
« Mais d’abord dire que les enfants ne sont pas des ânes, qu’ils devinent les réalités […] Trop d’adultes les tiennent pour des têtes vides et ne daignent pas – pas un seul instant – les instruire sur les grands conflits de la planète. » (p. 79-80)
- Un personnage principal, l’auteur Claude Jasmin, imaginatif à souhait pour ses petits-fils au point d’ajouter un sous-titre à son roman : L’art d’être un grand-père délinquant; un « papi » qui mérite les éloges de ses petits-enfants.
« J’annonce : "Un feu, mes amis, allons quelque part allumer un feu!" […] Ce qu’on appelle un feu de camp. Ah! le feu! L’éternelle fascination des gamins. Mais… était-ce permis en ville? Bof! » (p. 61)
« Que font ces gamins et ce bonhomme à cheveux blancs, qui piochent? J’ai mon gros marteau dans une main et mon ciseau à bois dans l’autre. […]
Le policier se tourne vers moi : "C’est strictement interdit de stationner le long de cette voie." […]
Merde, encore une fois, être vu en grand-père délinquant. » (p. 113)
« Notre grand-père, Claude Jasmin, porte le surnom de papi, un mot plein d’affection. Nous l’avons toujours appelé ainsi. Papi est un écrivain habité par l’imaginaire. Il aime la spontanéité, les arts, l’onirisme, les souvenirs, la vie de tous les jours, la naïveté, l’optimisme. En sa compagnie, nous avons formé un joyeux cortège, une équipe de jeunes aventuriers avides. » (p. 193)
- Personnages secondaires profitant, chacun à leur façon, des bontés du personnage principal : la fille Éliane (et son mari Marco), le fils Daniel (et sa femme Lyne); les petits-enfants (Laurent, David et Gabriel, Simon et Thomas) choyés par l’imagination d’un « papi » ludique.
« Mes deux enfants, les parents de mes petits-enfants, venaient souvent nous visiter au chalet du lac. Les cinq garçons en profitaient chaque fois pour accaparer le grand-père de tempérament disons… ludique. […] À Sainte-Adèle, plein d’espace en ces beautés naturelles pour tricoter des mondes imaginaires et inventer des légendes. » (p. 42)
« Vers 1987, notre dollar s’affaiblissant, ce sera la visite de nos provinces québécoises. Îles de la Madeleine comprises. La maison du lac se faisait alors envahir par mes petits galopins et leurs parents. Chaque fois, j’y laissais des messages. Et des occasions de jeux. Aussi, dans ma cave, des pinceaux, de la gouache, du papier. Et de l’argile à modeler. » (p. 85)
- Narrateur participant qui, en plus du gardiennage, s’intéresse à l’actualité de l’époque et à la lecture sur la physique universelle.
« Pas la plus petite tentative de raconter aux enfants les très graves querelles du monde. C’est un tort […] Aussi, il m’arrivait parfois de – un peu – les informer, de commenter les actualités, d’expliquer, au moins sommairement, l’état du monde. » (p. 80)
« 1998, entre mes cafés du matin, je lisais : "Des milices serbes font 2 000 morts." Oh! mon pauvre petit David, aviateur virtuel! Trop tard? Pire par là : deux cent cinquante mille réfugiés en Albanie. C’est "non" au clonage humain, partout en Europe. À Belfast, signature d’un accord fragile entre cathos et protestants. Voici du nouveau : on vient de frapper la première pièce d’euro! » (p. 91-92)
« Voici trois marmots qui cognent avec leurs petits marteaux sur la roche des falaises du mont Royal! […] Et puis, revenu de cette bizarre excursion, le vieil homme s’instruit, se colletaille de nouveau avec le réel, la vérité. Stylo à la main, il va barbouiller, salir les chapitres de cette Brève histoire du temps. » (p. 108)
- Thèmes dominants de l’enfance enjouée et du passage du temps, laissant exhaler la nostalgie du narrateur.
« Ma mère nous avait appris le jeu de ne dire "ni oui, ni non". Enfants, nous raffolions tous de cette joute piégée. […] Que de jours de pluie à jouer ainsi! » (p. 17)
« À quelle vitesse passait donc notre temps quand les petits se constituaient des ménageries d’animaux, ou bien, dans ma cave en libre atelier avec de la glaise plein les doigts, l’argile rouge se métamorphosant en une faune inconnue? » (p. 119)
« Il m’arrive d’autres souvenirs en fugitives visions. Ainsi David, comme honteux, un soir d’Halloween : "Oui, je vais passer aux portes, mais c’est la dernière fois." Il m’avait paru triste, savait que "la vie file". Terminés donc, à jamais, mes feux de la Saint-Jean n’importe où… » (p. 183)