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Corps sauvage

Corps sauvage présente une suite de tableaux évocateurs où la femme-poésie, la femme-nature inspirent la réconciliation entre le lecteur et un univers au bord de l’éclatement. Dans une langue somptueuse et ardente, il exalte la beauté de la nature, tout en stigmatisant « les fossoyeurs de liberté », émouvant ainsi le lecteur, dont il remue à la fois les sens et la conscience.

(Tiré du site de l'éditeur.)

À propos du livre

Contenu

  • Thèmes de la nature et de la souffrance s'entremêlant dans les poèmes; quelques allusions à l'Afrique et à certains de ses malheurs dans la partie Africa.

    « remous d'eau saline
    dans une péninsule oubliée
    parmi châteaux de sable
    coquillages et scaphandriers » (p. 37)

    « nos taches de solitude
    sur des pans de murs blancs
    toutes nos déchirures
    au fil tendu des abandons » (p. 58)

    « Africa
    je sais
    nos pieds ont marché nus
    sur l'aridité des dunes
    ma peau était noire
    avant que le continent n'éclate
    dans le sang de l'adversité
     l'ivoire du braconnage » (p. 71)
     

  • Narrateur participant s'adressant avec lyrisme à divers destinataires plus ou moins énigmatiques, dont l’Afrique et la femme amoureuse.

    « aujourd'hui
    piétinées de siècles arides
    tes côtes sont une geôle » (p. 73)

    « je te revois
    jaillissante de ton île
    parfum d'algues et de sel marin
    l'avoine des plages dans tes cheveux » (p. 89)

    « tes seins s'abandonnent
    à l'ombre d'une lanterne
    improvisée » (p. 93)
     

  • Poèmes résistant à toute forme fixe (p. ex., longueur irrégulière des vers et des strophes, décalage entre certains mots et certains vers, absence de rimes), ce qui confère à l'œuvre son originalité.

    « vois

    le jour gémir

    où la souillure de l'air
    se mêle si mollement
    à l'odeur de la rosée » (p. 66)

    « chaque éclat    un feu allumé
    au geste de ton regard
    une rafale
    sur les méandres du mouvement » (p. 104)

Langue

  • Champs lexicaux liés à la nature, aux sentiments et au quotidien, faisant appel à tous les sens.

    « il y a l'odeur du poisson
    dans le village
    le bruissement blafard du vent
    et la nuit nue sans néon » (p. 32)

    « de grands grondements tremblent
    sous nos pieds confus et vaseux
    déjà les tsunamis ravagent les villes
    et nos voix se perdent dans la cohue » (p. 63)

    « ton cœur est suspendu
    au clou de ton existence
    où nous venons tous au bout du jour
    chauffer ou laisser choir
    nos quotidiennes amertumes » (p. 87)
     

  • Vers souvent elliptiques, dénués de ponctuation et de majuscules, contribuant à la fluidité des idées.

    « la plainte du huard
    clameur troublante de paix
    l'inertie rassurante du roc
    dans les contreforts de nos solitudes
    et la résine tumultueuse des conifères
    qui escalade les falaises » (p. 35)

    « ton cri s'étire
    au bout de la métamorphose
    son austère tonalité écorche
    ronces et falaises
    creuse des enclaves d'échos
    au lit de nos cratères » (p. 60)
     

  • Figures de style nombreuses et variées (p. ex., allitération, personnification, comparaison et métaphore) mettant en relief les sentiments évoqués par le narrateur; juxtaposition inattendue de mots.

    « le visage perdu en vos ramages
    vient boire sa vie dans vos mains » (p. 33)

    « tant de soleils
    s'effondrent à nos fenêtres
    titubent dans l'immobilité affolée » (p. 56) 

    « je suis dans nos îles
    comme on revient au port des départs
    je m'accoste à ton corps » (p. 109) 

    « tu enfouis
    tous les nœuds de la terre
    dans ton silence de pierre » (p. 111)

    « herbes d’amour
    ne m’oubliez pas
    dans l’armure de sa prunelle » (p. 114)
     

  • Registre soutenu étayé d’un vocabulaire riche et coloré.

    « l'éther et le phosphore
    étuves accablantes
    brûlent
    les dernières ondées de neige » (p. 31)

    « une nuit d'effroi
    étendue sur du verre de volcan
    dans l'éruption mauve
    des lunaisons amarrées » (p. 65)

    « j'écris
    sur les murs de la ville
    ton langage muet
    langoureuses paroles
    magma jaillissant des fissures
    dans la furie soudaine du geste » (p. 101)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de relever les mots et les expressions qui font appel aux cinq sens dans une partie déterminée du recueil.
  • Inviter les élèves à créer une œuvre visuelle, audio ou audiovisuelle (p. ex., peinture, sculpture, vidéo, chanson) en s’inspirant d'un extrait du recueil riche en sons et en images.
  • Demander aux élèves de trouver un événement tragique dans l'histoire de leur pays d'origine; les inviter ensuite à rédiger un poème sur cet événement en respectant la tonalité lyrique privilégiée dans l'œuvre.

Conseils d'utilisation

  • En raison de la complexité de l’œuvre, proposer la lecture de ce recueil à un lectorat dont la compétence linguistique est de haut niveau.
  • Vérifier les connaissances antérieures des élèves au sujet de la poésie en vers libres et expliquer le concept de licence poétique.
  • Lire la préface avec les élèves afin de faciliter leur incursion dans l’univers de l’auteur.
  • Accorder une attention particulière aux thèmes délicats abordés dans l’œuvre, notamment ceux de la souffrance et du contexte africain.