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Comme un roman

Dans ce roman-essai, Daniel Pennac livre un vibrant plaidoyer à la défense de la lecture chez les enfants, les adolescents et même les adultes.  Avec humour et sensibilité, il nous présente le cheminement merveilleux ou douloureux du lecteur et ses dix droits imprescriptibles : ne pas lire, sauter des pages, ne pas finir un livre, relire, lire n’importe quoi, lire n’importe où, grappiller, lire à haute voix, nous taire et le droit au bovarysme. 

(Adapté de la quatrième de couverture du livre et du site de l’éditeur.)

À propos du livre

Contenu

  • Roman s’apparentant de près à l’essai et présentant des types de personnages en fonction de leur rôle ou de leur lien avec la lecture : les parents, les jeunes, les adultes et les pédagogues.

    « Pour lui, nous sommes devenu conteur. Dès son éclosion au langage, nous lui avons raconté des histoires. C’était une aptitude que nous ne nous connaissions pas. Son plaisir nous inspirait. Son bonheur nous donnait du souffle. » (p. 17)

    « Maison vide, parents couchés, télévision éteinte, il se retrouve donc seul… devant la page 48.
    Et cette "fiche de lecture" à rendre demain…
    Demain…
    Bref calcul mental :
    446 – 48 = 398.
    Trois cent quatre-vingt-dix-huit pages à s'envoyer dans la nuit! » (p. 71)

    « Quand un être cher nous donne un livre à lire, c’est lui que nous cherchons d’abord dans les lignes, ses goûts, les raisons qui l’ont poussé à nous flanquer ce bouquin entre les mains, les signes d’une fraternité. » (p. 97)

    « Au lieu de quoi, nous autres qui avons lu et prétendons propager l'amour du livre, nous nous préférons trop souvent commentateurs, interprètes, analystes, critiques, biographes, exégètes d'œuvres rendues muettes par le pieux témoignage que nous portons de leur grandeur. » (p. 105)
     

  • Narrateur omniscient qui connaît les pensées et les réactions des types de personnages face à la lecture, mais qui incarne aussi chacun d’entre eux par une narration participante à l'occasion.

    « Où donc se cachent tous ces personnages magiques, ces frères, ces sœurs, ces rois, ces reines, ces héros, tant pourchassés par tant de méchants, et qui le soulageaient du souci d'être en l'appelant à leur aide? Se peut-il qu'ils aient à voir avec ces traces d'encre brutalement écrasée qu'on appelle des lettres? » (p. 57)

    « Un soir, parce que nous aurons sauté une ligne, nous l’entendrons crier :
    – Tu as sauté un passage!
    – Pardon?
    – Tu en as passé, tu as sauté un passage!
    – Mais non, je t’assure…
    – Donne!
    Il nous prendra le livre des mains, et, d’un doigt victorieux, désignera la ligne sautée. Qu’il lira à voix haute. » (p. 65)
     

  • Œuvre dont la forme particulière se démarque par des anecdotes, des réflexions, des témoignages, des narrations, des dialogues, des théories et des droits fondamentaux reliés à la lecture.

    « Autant dire cinq cents. 500 pages! S’il y avait des dialogues, encore. Tu parles! Des pages bourrées de lignes comprimées entre des marges minuscules, de noirs paragraphes entassés les uns sur les autres, et, par-ci par-là, la charité d’un dialogue – un tiret, comme une oasis, qui indique qu’un personnage parle à un autre personnage. Mais l’autre ne lui répond pas. Suit un bloc de douze pages! Douze pages d’encre noire! » (p. 22)

    « La lecture ne relève pas de l'organisation du temps social, elle est, comme l'amour, une manière d'être.
    La question n'est pas de savoir si j'ai le temps de lire ou pas (temps que personne, d'ailleurs, ne me donnera), mais si je m'offre ou non le bonheur d'être lecteur. » (p. 137)

    « Je grappille, nous grappillons, laissons-les grappiller.
    C’est l’autorisation que nous nous accordons de saisir n’importe quel volume de notre bibliothèque, de l’ouvrir n’importe où et de nous y plonger un moment parce que nous ne disposons justement que de ce moment-là. » (p. 190)

Langue

  • Registre courant dans l’ensemble de l’œuvre; registre familier dans certains dialogues; vocabulaire et expressions moins utilisés au Canada, mais ne nuisant pas à la compréhension de l’œuvre.

    « Soyons justes; nous n'avons pas pensé tout de suite à lui imposer la lecture comme devoir. Nous n'avons pensé d'abord qu'à son plaisir. » (p. 17)

    « Douze pages d'encre noire! Ça manque d'air! Ouh là que ça manque d'air! Putain de bordel de merde! » (p. 22)

    « – Incroyable, ce début, monsieur : "les chambres puaient… les gens puaient… les rivières puaient, les places puaient, les églises puaient… le roi puait…" nous à qui on interdit les répétitions! C’est beau, pourtant, hein? C’est marrant, mais c’est beau, aussi, non? » (p. 130)
     

  • Satire et sarcasme accompagnés de sensibilité et d’humour allégeant ainsi le ton du texte.

    « Non, il allait à son rythme, voilà tout, et qui n’est pas nécessairement celui d’un autre, et qui n’est pas nécessairement le rythme uniforme d’une vie, son rythme d’apprenti lecteur […]
    Seulement, nous autres "pédagogues" sommes usuriers pressés. Détenteurs du Savoir, nous le prêtons contre intérêts. Il faut que ça rende. Et vite! Faute de quoi, c’est de nous-mêmes que nous doutons. » (p. 55)

    « Oui… La télévision élevée à la dignité de récompense… et, par corollaire, la lecture ravalée au rang de corvée… c’est de nous, cette trouvaille… » (p. 58)

    « – Bon, dit le prof, puisque vous n’aimez pas lire… c’est moi qui vous lirai des livres. […]
    Ils n’en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles. Ce type va leur lire tout ça? Mais on va y passer l’année! Perplexité… Une certaine tension, même… Ça n’existe pas, un prof qui se propose de passer l’année à lire. Ou c’est un sacré fainéant, ou il y a anguille sous roche. […]
    – Installez-vous confortablement, détendez-vous…
    (Il en a de bonnes, lui… détendez-vous…) » (p. 120-121)
     

  • Phrases de formes, de types et de longueur très variées; usage fréquent des parenthèses, des points de suspension et des apartés.

    « Il est sorti, accompagné par sa maman, justement, dans un crachin d'automne (oui, un crachin d'automne, et une lumière d'aquarium négligé, ne lésinons pas sur la dramatisation atmosphérique), il s'est dirigé vers l'école tout enveloppé encore de la chaleur de son lit, un arrière-goût de chocolat dans la bouche, serrant bien fort cette main au-dessus de sa tête, marchant vite vite, deux pas quand maman n'en fait qu'un, son cartable bringuebalant sur son dos, et c'est la porte de l'école, le baiser hâtif, la cour de ciment et ses marronniers noirs, les premiers décibels… » (p. 44-45)

    « Ici (petite parenthèse) intervention de la Veuve sicilienne :
    – Un Texan qui lit, monsieur, ça n’existe pas.
    – Ah! bon? D’où tu tiens ça?
    – De Dallas. Est-ce que vous avez jamais vu un seul personnage de Dallas un livre à la main?
    (Fermons la parenthèse.) » (p. 148-149)
     

  • Nombreuses figures de style (p. ex., répétition, énumération, périphrase) ajoutant du rythme, de l’insistance et de la couleur au texte.

    « Et cela, au plus mauvais moment de la journée. Soit à son retour de l'école, soit à notre retour du travail. Soit au sommet de sa fatigue, soit au creux de nos forces. » (p. 54)

    « Pour assouvir cette fringale, on s'en était remis depuis longtemps au petit écran, qui faisait son boulot à la chaîne, enfilant dessins animés, séries, feuilletons et thrillers en un collier sans fin de stéréotypes interchangeables : notre ration de fiction. » (p. 129)

Référent(s) culturel(s)

  • Multiples allusions à la littérature européenne par la mention d'auteurs francophones ou autres  (p. ex., Flaubert, Proust, Camus, Fante, Márquez) et par la présentation d'extraits de certaines œuvres littéraires connues (p. ex., Madame Bovary, Le parfum, Cent ans de solitude).
  • Références fréquentes au système scolaire français.

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de choisir un des auteurs mentionnés dans l'œuvre (p. ex., Kafka, Rousseau, Kierkegaard, Perros, Dostoïevski), de trouver des renseignements et un résumé d'une de ses œuvres, et de préparer une présentation créative ayant comme but de donner envie aux autres élèves de lire l'œuvre en question; leur demander de s’inspirer de certaines stratégies implicites proposées par Daniel Pennac.
  • Proposer aux élèves de rédiger un commentaire critique ou un essai présentant leur idéologie ou théorie personnelle sur la lecture; leur demander de faire des liens aux idées présentées par Pennac et d'incorporer des éléments concrets de leur expérience personnelle pour appuyer leurs idées.
  • Inviter les élèves à choisir une histoire qu'on leur a lue pendant leur enfance; leur demander de lire cette histoire à la classe de manière théâtrale ou créative et d'expliquer pourquoi elle leur a plu ou non.

Conseils d'utilisation

  • Présenter cette œuvre à des élèves de 12e férus de lecture et les accompagner tout au long du texte compte tenu, entre autres, des nombreux référents mentionnés; se servir de cette œuvre comme point de départ d’une discussion sur la littérature française et mondiale des XIXe et XXe siècles.
  • Revoir les particularités de l’essai et du roman et faire ressortir ce qui relève de l’un et de l’autre dans l’œuvre.
  • Utiliser la liste des raisons pour lesquelles la lecture est bénéfique à l'être humain (pages 80-81) afin de stimuler une réflexion et une discussion chez le groupe-classe.
  • Faire part aux élèves de sa propre expérience se rattachant à la lecture, depuis l'enfance jusqu'au présent, et leur présenter ses œuvres préférées tout en leur expliquant pourquoi elles le sont.