- Un personnage principal, Angèle Lebrun, que l'on suit dans sa quête de bonheur depuis son départ de Spring Bay en tant que jeune infirmière, jusqu'à son âge avancé en Californie.
« …je suis obsédée par l'idée de quitter Spring Bay pour un monde meilleur. J'aspire à améliorer ma vie dans un milieu plus beau et plus cultivé que celui dans lequel je vivote. Tout me paraît laid, insignifiant ici. » (p. 11)
« Elle scrute l'inscription sur l'or massif : "To Dr. Angel Lebrown, with gratitude and admiration. Patrick Kelly, May 21, 1963." La date de sa graduation. Devenue médecin généraliste, elle avait suivi les conseils de son bienfaiteur qui l'encourageait à poursuivre des études en administration. De là, sa fonction haut placée d'aujourd'hui. » (p. 108)
- Plusieurs personnages secondaires (p. ex., l'employeur et patient d'Angèle, Mr. Kelly, la cuisinière, Mrs. Domonty, la mère, et les partenaires amoureux d'Angèle, Albert et Jeffrey) jouant chacun un rôle dans le cheminement personnel du personnage principal.
« Je leur ai parlé de Mr. Kelly. En route pour West Falls, il avait été admis à notre hôpital à cause d'une urgence médicale. Il m'a trouvée bonne garde-malade et a fini par m'offrir de devenir son infirmière privée en Californie où il vit avec sa femme et ses deux enfants. » (p. 17)
« C'est la cuisinière attitrée des Kelly, Mrs. Domonty, qui me rappelle le plus la présence de maman. En voyant son nom gratté sur une note laissée près de mon repas mijotant sur le poêle, j'ai compris qu'il s'agissait de Mrs. Dumont et non de sa déformation américaine. » (p. 36)
« Les hommes qu'elle a aimés l'ont quittée un à un : son père, ses frères Robert et Germain, Mr. Kelly, Albert et maintenant Jeffrey. Oui, elle les a tous aimés. À sa façon. » (p. 140)
- Narratrice participante dans les première et troisième parties de l'œuvre; narratrice omnisciente dans la seconde partie, permettant de suivre le personnage principal dans ses réflexions sur ses choix de vie et surtout dans ses nombreux changements tant psychologiques que physiques.
« Ma décision n'a pas été prise sans peine, mais je pense que les leçons de mon enfance restent collées à ma peau et m'empêchent de succomber à la tentation. […] Moi, je crois qu'il y a plusieurs bons chemins […] J'essaie de trouver celui qui me convient. » (p. 71)
« Pour me garder éveillée, je passe mentalement en revue les changements que j'ai vécus au cours des dernières années. Je ne suis plus la jeune fille innocente du passé. Mes goûts et mes habitudes ont changé, même si je n'arrive pas à me débarrasser de tous les vieux principes de mon enfance. » (p. 74)
« Avec l'aide du Dr Thomas, je profite d'une semaine de vacances pour me faire faire un nouveau nez. J'ai de la chance, parce que le chirurgien plastique est son ami. » (p. 88-89)
« La mort de sa mère l'a ébranlée au-delà de ses forces et Angèle décide de prendre des calmants pour apaiser ses nerfs surmenés. Sinon, elle sera incapable de reprendre son poste et de faire face aux problèmes complexes qui l'attendent. » (p. 121)
- Thèmes de l'exil, du changement, de la réussite et du travail, des relations amoureuses et familiales, pouvant intéresser les adolescentes et adolescents en quête d'un sens à la vie ou engagés dans un processus décisionnel sur leur avenir.
« Ça fait presque deux ans que je suis chez les Kelly. Durant mon premier mois ici, j'ai reçu deux lettres d'Albert, la première me demandant si j'étais heureuse dans mon nouveau milieu et si je reviendrais bientôt à Spring Bay. » (p. 49)
« – La majorité des gens vivotent. Ils ont peur du changement, ou ils sont tout simplement trop paresseux. Ils passent leur vie à faire un travail qu'ils détestent et s'amusent à des activités imbéciles. La plupart ne profitent pas des occasions qui se présentent. Ce n'est pas ton cas, Angel. » (p. 50)
« Elle se remémore souvent ses paroles : "Il faut aller jusqu'au bout de sa passion, Angel." Sa passion? Avait-il voulu parler de son ambition? De son désir d'atteindre un niveau social improbable en tant que femme issue d'un milieu aussi pauvre que le sien? Ayant atteint le succès, elle se demande pourquoi elle ne se sent pas en accord parfait avec la vie qu'elle mène. » (p. 111-112)
- Séquences narratives et descriptives faisant ressortir, dans un va-et-vient continu et selon l’avis d’Angèle, un contraste entre la vie riche et intéressante de la Californie et celle, pauvre et simple, du Canada.
« De temps à autre, après les cours d'arts, je sors prendre un café ou un verre avec le professeur et cinq ou six étudiants. […] On discute de compositeurs et de genres de musique dont je n'ai jamais entendu parler avant. Chez nous, on avait des cantiques d'église, des chansons de cowboy et deux ou trois disques de la Bolduc que mes parents faisaient tourner dans le temps des Fêtes. » (p. 55-56)
« Elle stationne son roadster dans le garage attenant à la maison qui surplombe l'océan. Ce soir, comme souvent en pénétrant dans cette enceinte, elle se remémore le village de son enfance où la plupart des gens n'avaient même pas de serrures à leurs portes. » (p. 109-110)
« La vieille église d’adobe respire la fête. […] Un groupe de mariachis entonne un chant folklorique […] Ce décor contraste complètement avec celui de mon enfance où nous nous retrouvions emmitouflés, enneigés, sur les bancs d'église, frissonnants dans l'attente solennelle du Minuit, Chrétiens. » (p. 154)
- Plusieurs indices du contexte socioculturel du milieu d'origine du personnage principal, notamment les valeurs, la mentalité et le style de vie de ce village dont Angèle ne peut pas tout à fait se défaire.
« …j'imagine la réaction de ma famille si je devais me présenter devant eux avec un divorcé! Et la tête du curé! D'autant plus s'il savait que ça fait des mois que je n'ai pas mis les pieds à l'église. Ses dogmes, sa vérité absolue ne cadrent pas avec le mode de vie californien… » (p. 68-69)
« Il veut savoir s'il est question de tartes au sirop d'érable et lui raconte qu'un ami parisien, croyant que ce sirop était la boisson nationale du Canada, en avait commandé un verre avec son repas en arrivant au pays. Maman rit aux éclats et lui explique que la tourtière est une tarte au porc aussi délicieuse que la tarte au sucre. » (p. 84)