Circatrices
Circatrices, c’est la poésie de ceux qui veulent mal l’entendre. À peu près et de loin. La déraison d’être, l’autre autre, l’orgasme annihilateur du moindre souffle, le désir d’indifférence, le je régénérateur, le moi enclavé, le vous à fleur de peau cisaillée, tous immunisent, comme des leucocytes, contre la plaie de la distance, et contre la lésion laissée par l’espoir pendant la vie qui meurt en réaction acuponctuelle. [...] Le papier est tissu, au même titre que la peau. Le moindre mot l’ébrèche, le déchire, le stigmatise. Le papier coupe sous les ongles; seul l’espace cicatrise.
La poésie ne doit pas exprimer les événements; elle doit les créer et les circonscrire, sans limites. Entre déjà et peut-être, entre jamais et sans doute, entre je et vous, il y a l’instant.
(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)