- Un personnage principal, Carmen, jeune fille de 15 ans, qui vit une crise d'identité et dont on suit l'évolution psychologique.
« Carmen est une bonne élève, studieuse et disciplinée. Toujours bien mise, elle ne crie pas, ne désobéit pas, n'est pas insolente avec ses professeurs. […] En presque quinze ans de vie, elle n'a jamais fait de vraie folie. Jamais, jusqu'à ce matin gris de février… » (p. 10-11)
« Il s'est passé tant de choses au cours des deux dernières heures, tant d'émotions qui ont fait bondir son coeur d'adolescente, qu'elle se rappelle à peine son propre nom. » (p. 82)
« Carmen reprend son souffle.
– Ce soir, j'étais là sur la scène. C'était la plus belle chose de ma vie. Être là devant toutes ces personnes, à dire des secrets. […]
Elle se tait. Pendant quelques secondes, elle écoute l'écho de sa propre voix qui résonne encore dans la pièce et ne la reconnaît pas tout à fait. Est-ce bien elle qui a crié? Elle se sent légère, comme si on lui avait enlevé deux ou trois kilos d'une substance mystérieuse qui pesait sur son estomac. » (p. 115-116)
- Nombreux personnages secondaires, certains contribuant aux changements qui s’opèrent chez Carmen lors de sa fugue (p. ex., Manu Gris et Angelo), d’autres réagissant simplement à sa situation (p. ex., Sophie Lacaille et Odile Saint-Amour).
« Et pendant qu'elle descend les quatre étages à toute vitesse dans le noir, avec Manu, devant, qui la tient solidement de sa main douce, et Angelo, derrière, qui rit et raconte des folies, Carmen ressent un doux mélange de vertige, de peur et de pur bonheur. » (p. 65)
« – Oh oui, s'empresse de répondre Odile. On la connaît tous. Elle s'appelle Carmen. Elle est très timide. On ne pensait pas qu'elle avait des problèmes aussi graves. C'est probablement à cause de ses parents. » (p. 124)
- Narratrice omnisciente présentant principalement les sentiments que ressent Carmen.
« Carmen est déchirée. L'idée d'entrer dans ce lieu mystérieux et d'y faire ce que Manu attend d'elle la terrorise complètement. Mais la perspective de demeurer seule sur le trottoir dans ce trou perdu, petite fille aux allumettes mourant lentement de froid devant La fin du monde, lui fait encore plus horreur. » (p. 88)
« Elle a beau tourner ces événements dans tous les sens, elle ne voit pas comment elle pourrait raconter son histoire de façon cohérente. Et puis elle aurait peur de rompre la magie à force de vouloir s'expliquer. Tout est si chaud encore, si agréable à revivre, les yeux fermés. » (p. 138)
- Intrigue ponctuée de retours en arrière établissant des liens entre le passé de Carmen et sa nouvelle réalité.
« Tout à coup, entre ses doigts barbouillés, surgit le sourire baveux d'Odile Saint-Amour.
C'était à l'école, quelques semaines plus tôt. Carmen sortait de son cours d'arts plastiques et voulait laver ses mains entièrement recouvertes de gouache violette. Dans les toilettes du troisième étage, Odile Saint-Amour, Aube Allard-Bélanger et Noémie Côté se disputaient une place devant le minuscule miroir… » (p. 23-24)
- Thèmes de la fugue, de l'angoisse et de l'amour, correspondant aux préoccupations des jeunes.
« "Voilà un témoignage qui en dit long sur la détresse de nos jeunes, ne trouvez-vous pas? Partout, on parle de la famille éclatée, de l'effritement des valeurs, du suicide chez les moins de vingt ans." » (p. 70)
« Trois jours se sont écoulés depuis sa longue conversation avec Simon autour d'un punch aux fruits de la passion. Depuis ce temps, elle n'arrive plus à se concentrer sur autre chose que le souvenir de ce moment magique. » (p. 135-136)
Séquences descriptives détaillées servant à rendre vraisemblable les situations dans lesquelles se retrouve le personnage principal et séquences dialoguées abondantes reflétant les relations tantôt tendues, tantôt amicales entre les personnages.
« Sans réfléchir une seconde, Carmen a répliqué, en s'essuyant les joues avec sa manche: "Je n'en veux pas, ça fait pitoune."
C'est alors qu'Odile a explosé. […]
– Pitoune! Tu as bien dit pitoune! Non mais, tu ne t'es pas regardée! Avec tes cheveux ordinaires, ton linge ordinaire, tes petits sourires de bonne fille, tu es transparente, ma pauvre Carmen! » (p. 25)
« – Moi, je t'aime, tu le sais, et il y a Louis-Charles, Ève et…
– Je sais, mais c'est comme si ce n'était pas assez. Jamais assez.
– Tu voudrais qu'on t'aime plus?
– Non, non, la rassure Carmen en souriant. » (p. 130-131)