- Roman qui s’apparente à un essai autobiographique thérapeutique.
« Je ne les baisais pas toutes (ceci est un essai autobiographique après tout, pas un roman!), mais je les côtoyais, je m’immisçais dans leur vie, je devenais leur ami, leur confident, leur compagnon d’étude, leur chevalier servant, leur punching bag – j’avais l’habitude – et parfois, lorsque les étoiles s’enlignaient en ma faveur, leur amant. » (p. 82)
« Une des trames de ma vie que je devrais certainement dérouler afin que vous me compreniez mieux (est-ce donc ça mon objectif, être mieux compris? Avouons que ça fait pas mal pathétique!), ce sont mes nombreuses tentatives de soulager mon mal de vivre par des médicaments, thérapies, régimes ou autres recettes miracles. » (p. 113)
« Et moi, une semaine plus tard, je m’apprête à refermer ce carnet pour de bon. J’ai le goût de vous remercier de m’avoir accompagné jusque-là, mais je sais maintenant que vous n’existez pas, que c’est à moi-même que j’écrivais depuis le début. » (p. 201)
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Narration écrite à la première personne, le narrateur participant, dont on ne connaît jamais le nom, racontant des épisodes troublants de sa vie et présentant son propre point de vue au sujet des gens qu’il côtoie.
« Au fond, si je veux être complètement honnête, et l’honnêteté est, malheureusement sans doute, une des qualités dont je suis affublé, je dois avouer que mon désir de déranger le moins possible par ma mort est moins grand que mon désir de mourir. » (p. 10)
« Tout ça pour dire qu’il y a plein de choses dont je ne vous parle pas et qui importent peu : elles n’ont pas changé le cours de ma vie et n’influeront en rien sur ma décision ultime. Ma relation avec Violaine (voilà, j’ai réussi à écrire son prénom) n’en fait pas partie et, si je veux continuer à être honnête avec vous et avec moi-même, je devrai vous en parler. Seulement, pas tout de suite. » (p. 112)
« Au fond, je crois que je voulais avant tout épargner les deux filles. Leur vie avait été suffisamment chamboulée comme ça, je ne voulais pas ajouter à leur fardeau. Moi qui jugeais sévèrement l’égoïsme de leur mère qui n’avait pas su les mettre à l’abri de ses démons, je me refusais à poser un tel geste sans tenir compte de l’impact sur elles. » (p. 190)
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Réflexion sur l’importance de la parole, sur le geste de dire, d’écrire et sur le désir de créer un lien avec le lecteur.
« Je ne sais pas ce qui me poussait au juste à retranscrire ensuite presque mot à mot ces scènes ridicules. […] J’écrivais à toute vitesse, jusqu’à en avoir mal à la main tellement je tenais mon crayon serré. J’écrivais d’un seul souffle, comme si j’étais en transe, et j’arrêtais subitement lorsque j’avais tout dit, tout noté, dans les moindres détails. Il m’arrivait rarement d’ajouter autre chose, une réflexion, un commentaire ou une émotion. Il me semblait que c’était complet en soi : qu’est-ce que j’aurais pu dire de plus? » (p. 47-48)
« Il faut que j’arrête de tout remettre en question. Tout ce que j’ai écrit, je le croyais au moment de l’écrire. C’est la seule réalité à laquelle je puisse m’accrocher. Lorsque je laisse les mots couler d’eux-mêmes, sans les examiner, les juger ou en freiner le flot, c’est là qu’ils me semblent le plus vrais. Je vais donc me laisser aller à vous raconter combien j’ai été heureux durant ces années tumultueuses. » (p. 158)
« Maintenant que j’y suis, je ne sais pas trop comment procéder. Je m’en veux un peu de vous avoir entraîné jusque-là avec moi et en même temps, votre présence, bien qu’uniquement le fruit de mon imagination, m’est d’un certain réconfort alors que je m’apprête à revivre les semaines au cours desquelles ma vie a basculé. J’imagine que la seule chose à faire est de tout raconter, simplement, froidement, franchement. » (p. 177)
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Récit sérieux parsemé de passages humoristiques, reflets d’une certaine légèreté chez le narrateur participant.
« Une heure ou deux plus tard, elle se levait brusquement, semblait surprise de me voir là, à côté d’elle, et se remettait à bourrasser (tiens, mon correcteur informatique me souligne que ce n’est pas un mot, mais il me semble bien que c’est ce qu’elle faisait. Bourrasser : déplacer beaucoup d’air, comme une bourrasque, en marmonnant d’un ton bourru). C’était à rendre fou et d’aucuns affirmeront sûrement que je l’étais. » (p. 25)
« Je constatais que, bien qu’ils observassent (pardonnez-moi, j’ai toujours eu un petit faible pour l’imparfait de subjonctif!) les pratiques religieuses prescrites, ils n’avaient pas laissé la Lumière les pénétrer. » (p. 55)
« Saint Pierre : Vous voudriez aller où, alors ?
Moi : Nulle part.
Saint Pierre : Nulle part?
Moi : C’est ça, nulle part.
Saint Pierre : C’est impossible.
Moi : Comment ça, impossible? Je me suis tué parce que je voulais être mort, pas pour aller vivre ailleurs.
Saint Pierre : Vous vous êtes tué? C’est sérieux, ça. C’est un péché mortel, vous savez. Vous êtes-vous repenti avant de mourir?
Moi (Sarcastique.) : Non, mais je commence à le regretter de plus en plus!
Saint Pierre : Avec une telle attitude, vous ne me donnez pas d’autre choix que de vous envoyer en enfer.
Moi : C’est quoi, l’enfer?
Saint Pierre : C’est de ne pas voir le visage de Dieu.
Moi (Horrifié.) : Oh! non, vous allez donc me renvoyer sur Terre! » (p. 59)