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Aliénor

Aliénor ne connaît d’autre monde que la forêt qui l’a vue naître, où son père, Étienne, s’était exilé avec sa famille lors du Grand Nettoyage du village. Il y a très longtemps. Si longtemps qu’Étienne Landry en a oublié le nombre des années. Si longtemps qu’il s’est remodelé à ce monde d’arbres, d’oiseaux, de rivières et de gibiers. Un monde écru, nourri aux racines de la vie. Et, comme si l’hiver n’avait pas réussi à l’engloutir, Étienne Landry se voit soudainement propulsé dans l’univers de la « justice civilisée », accusé d’inceste sur la seule personne qui lui reste à aimer, son Aliénor.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnages principaux à portée symbolique, Aliénor et son père Étienne Landry, dont le parcours interpelle les autres personnages.

    « Françoise : L’homme affirme qu’il a passé sa vie en forêt après avoir été chassé de ses terres, à une époque dont il ne se souviendrait pas, par des hommes armés qui les ont terrorisés, lui et sa famille, au point où ils auraient dû abandonner le village qu’ils habitaient, lui, sa femme et ses trois filles. » (p. 35)

    « Robert : C’est vrai que c’est un cas intéressant. En plein 20e siècle, c’est comme avoir trouvé un dinausaure [sic]… » (p. 82)
     

  • Évolution marquée d’Étienne Landry, qui sort d’un long silence et accepte de s’épancher publiquement.

    « (Étienne Landry est incarcéré, en attendant son procès. Cet homme, meurtri, demeure impassible, réticent à se confier.) » (p. 11)

    « Françoise : Le procès s’est terminé par le témoignage d’Étienne Landry qui a demandé lui-même à prendre la parole et qui a fait une sorte de confession publique dans laquelle il a parlé, entre autres choses, de sa relation au crime dont sa fille a été victime, témoignage assez émouvant d’ailleurs, qu’il a conclu par des commentaires assez énigmatiques vis-à-vis de la justice. » (p. 98)
     

  • Indications scéniques explicites qui contribuent à l’intrigue et permettent de reconnaître l’endroit précis où se déroule l’action.

    « Au tribunal
    (Le procès est en cours.) » (p. 27)
     

  • Univers narratif qui relève parfois de l’imaginaire, surtout lorsque le personnage principal voit sa fille Aliénor en songe.

    « Étienne : Leur effronterie est brûlée dans nos murs. Leur haine va attiser notre rage, notre brûlure. Toute ma vie, je la vivrai avec ta peur dans le corps. » (p. 46)

    « Étienne : Hier soir, j’ai rêvé à elle. Elle m’a fait le reproche de mon silence. Je l’ai vue s’en aller, elle s’éloignait de moi, elle marchait vers votre monde. » (p. 69-70)
     

  • Texte allégorique sur les malheurs et le sort de l’Acadie qui souligne aussi l’antithèse entre la nature et la culture.

    « Étienne : J’avais choisi de me taire parce que je croyais qu’il y avait pas de mots pour dire cette rage-là et, surtout, qu’il n’y avait personne pour entendre ces mots-là. Mais ma fille m’a fait comprendre qu’il fallait reprendre la parole. […] Dans la forêt, tous les animaux obéissent à leur loi. La loi de leur espèce. C’est quoi, la loi de notre espèce? » (p. 98)

Langue

  • Registre courant pour les didascalies et registre familier, parfois même populaire, pour la plupart des séquences dialogales.

    « Étienne : Quand on connaît pas le bois, on peut pas avoir idée de ce qui se passe… C’est facile de parler quand on reste assis aura le feu à l’année longue, à se chauffer… » (p. 13)
     

  • Éléments et procédés linguistiques, syntaxiques et stylistiques variés (p. ex., comparaison, énumération, répétition) qui permettent de cerner la psychologie des personnages.

    « Étienne : Je me souviens pas de la grandeur de la terre. Vraiment, je m’en souviens pas.  Je m’en souviens pas… » (p. 12)

    « Étienne : Elle et moi, on partage le même sang, la même vie, la même promesse brisée, la même terre abandonnée, glacée, seule… » (p. 15)

    « Étienne : Disparaître dans le fond de la rivière. Comme une roche qui cale dans la noirceur. » (p. 20) 
     

  • Champs lexicaux évocateurs, entre autres des thèmes de la nature et du domaine judicaire, qui conviennent au lectorat visé.

    « Étienne : Je marchais dans le bois. C’était la fin de l’automne. Il ventait fort. La neige avait commencé à s’étendre. On entendait les fusils des chasseurs qui cherchaient leur gibier. » (p. 17)

    « Françoise : L’homme est arrivé, accompagné de deux policiers et, fait assez curieux, puisque dans ce genre de procès, la preuve se fait relativement vite, il semblerait qu’ici, l’affaire risque de traîner en longueur, en raison de la défense qui voudrait prouver la déficience mentale… » (p. 35)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de rédiger un prologue pour la pièce, qui expliquerait les détails entourant l’expropriation de la famille Landry.
  • Faire interpréter les partitions musicales et les paroles des chansons retrouvées à la fin de l’œuvre.
  • Demander aux élèves de faire une recherche sur la Déportation des Acadiens.

Conseils d'utilisation

  • Mettre en contexte la pièce de théâtre en faisant un survol de la Déportation des Acadiens.
  • Discuter avec les élèves des thèmes délicats de l’œuvre (p. ex., le viol et l’inceste).
  • Faire découvrir aux élèves que cette pièce peut avoir plusieurs niveaux de lecture (par exemple, allégorie de l’Acadie) et qu’elle a une portée universelle, car elle parle de l’être humain.
  • Consulter le plan de la scénographie (p. 9) pour aider les élèves à mieux comprendre la pièce.