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Agaguk

Le Grand Nord canadien, plus précisément celui du Québec, ce vaste territoire au climat rude que seuls les Inuits, opiniâtres par nature, ont réussi à apprivoiser, est le théâtre de cette très belle et rare épopée que nous a léguée Yves Thériault.

L’action se situe vers les années 1940, alors qu’Agaguk, dont le père est le chef de sa tribu, décide de prendre femme et d’aller vivre en solitaire sur la toundra; cette nouvelle vie, qu’il souhaitait calme et loin des rivalités tribales, sera toutefois rapidement perturbée par la perfidie d’un trafiquant sans scrupule.

La suite des événements verra, sur fond de neige et de sang, s’accomplir la vengeance des uns et la fourberie des autres sous l’œil inquisiteur de la Gendarmerie royale du Canada.

Le roman d’Yves Thériault, un des fleurons incontestés de la littérature québécoise, est ici magnifiquement servi par l’adaptation de Djian et les illustrations d’Yvon Roy.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Transposition du roman bien connu Agaguk à la bande dessinée, dans le respect du sujet, des thèmes et des qualités narratives de l’œuvre originale.
  • Un personnage principal, Agaguk, accompagné de celle qu’il a choisie, Iriook, et, éventuellement, de son fils,Tayaout; quelques personnages secondaires (p. ex., Ramook, le père d’Agaguk, Ghorok, Brown, Henderson) jouant tous un rôle dans la vie d’Agaguk.

    « Il avait dix-huit ans, était un grand chasseur et savait apprêter les peaux; tout le savoir utile. » (p. 4)

    « Iriook était belle… ses dents ne s’étaient pas encore usées à mâcher les peaux. » (p. 5)

    « Henderson était seul contre la ruse et la tranquille astuce d’une centaine d’Esquimaux. » (p. 25)
     

  • Intrigue alternant entre ce qui se passe dans la tribu (au village) et dans la vie du couple (dans la toundra).

    « Henderson est venu enquêter sur la mort d’un trafiquant blanc. Nous sommes à peu près certains que le Blanc a été tué ici et que vous avez tué Henderson. Je donne jusqu’à demain à la tribu pour nous livrer le coupable. » (p. 37)

    « – C’est notre vie que nous jouons. Si la fille périt, que restera-t-il? Si tu m’enlèves ma fille, qu’est-ce que je ferai?
    – Tu n’es pas une Esquimaude. Tu parles trop haut. Je pourrais te faire taire!
    – Je partirai, Agaguk. J’emmènerai Tayaout! Je prendrai des peaux, mon fusil, des balles. Un matin, tu t’éveilleras et je ne serai plus là.
    – Je te suivrai. Je te tuerai et je reprendrai Tayaout. » (p. 50)
     

  • Illustrations évocatrices de vastes espaces nordiques et de sentiments intimes, de la tension romanesque et de la résolution de conflit. Voir, par exemple, les illustrations du « ruisseau torrentueux » (p. 8), de la joie du chasseur triomphant (p. 23), du conflit entre Ramook et le gendarme (p. 43), du couple réconcilié (Agaguk et Iriook) (p. 50).
  • Plans (p. ex., général, américain, rapproché, de détail), angles de vue (p. ex., normal, en plongée, en contre-plongée) et grosseur des vignettes variant d’une page à l’autre et permettant au lectorat de bien visualiser les actions et les sentiments des personnages; illustrations en couleurs, sur papier glacé.
  • Dimensions : 21,5 cm x 28 cm.
  • Narrateur omniscient dans ce récit plutôt sombre de violence, de mensonges, de mœurs, de traîtrise, se terminant sur un ton de réconciliation et d’espoir.

    « C’était l’immobilité. Dormir, s’éveiller, rester sans bouger dans l’igloo, attendre, manger aux heures… » (p. 19)

    « Il [Henderson] sacrifia sa lampe de poche en acier nickelé pour aider l’Esquimau à retrouver la mémoire et à parler à voix basse. Ayallik était amoureux d’Iriook, la fille qu’Agaguk avait emmenée… » (p. 26)

    « Agaguk savait que si Iriook se mettait à pleurer… il ne pourrait refuser la vie à la petite, mais Iriook le fixait de ses yeux secs. » (p. 50)
     

  • Œuvre du 9e art suivie de textes informatifs concernant Yves Thériault et son œuvre (p. 51-55), le Québec et son histoire de 1534 à 2006 (p. 56-61) et les Autochtones au Canada (p. 62-63).

Langue

  • Enchaînement séquentiel de dessins et de dialogues pour raconter l’essentiel de l’histoire; récitatifs parfois nombreux pour clarifier certaines idées ou certains événements difficilement traduits par l’image. Voir, par exemple, le commencement de la vie de couple d’Agaguk et d'Iriook (p. 4 à 7) ou la relation d’aide entre Iriook et Agaguk (p. 34 à 36).
  • Registre courant dans les dialogues et dans les récitatifs; quelques expressions inuites dites par les personnages.

    « Il y a des gens plus au nord. On les nomme les gens du sommet de la Terre. Il en est venu deux au village, un hiver. » (p. 7)

    « Plus loin, l’eau était rapide et blanche. Elle gèlerait beaucoup plus tard que les autres eaux. L’automne venu, ce serait là l’endroit où les bêtes à poil viendraient boire. » (p. 8)

    « – Il nous faut aller habiter avec les derniers Esquimaux, ceux du dos de la Terre, les Kidlinermeun…
    – Pourquoi? La neige est éternelle en ce pays. Ils vivent toujours dans l’igloo.
    – Akragolok aodlanialertugutug…
    – Partir demain?… Mais il y a du soleil ici. » (p. 21)
     

  • Phrases souvent courtes, propres à la bande dessinée, sans nuire à l’intelligibilité du texte narratif; emploi de plusieurs onomatopées dans certaines situations, p. ex., lors de l’altercation entre Brown et Agaguk, ou lors de la lutte entre Agaguk et le loup blanc.
  • Nombreuses énumérations rendant beaucoup d’information en peu de mots.

    « Au sud, après la toundra de mousse, c’était le pays des arbres, des collines, des bêtes étranges, des Blancs et de leurs villes, des Indiens aussi, Montagnais, Abénakis, Ojibwés, Sang-mêlé… » (p. 5)

    « Agaguk obtint un fusil, vingt boîtes de balles, un bidon de kérosène, du tabac et du sel. Il avait demandé aussi du coton, un chaudron de fer et une pioche, mais le facteur les lui refusa. » (p. 16)

    « Assassin, vengeur, Agaguk ne s’était pas fait prendre! C’était un exploit à redire aux veillées d’hiver. Une qualité de chef, ruse, intelligence, autorité, habileté, jeunesse, puissance! » (p. 47)

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à relever des exemples de plans et d’angles différents et discuter de l’usage et de la valeur de chacun dans le contexte précis de l’histoire racontée. Par exemple, le plan d’ensemble (p. 22), le plan moyen (p. 24), le gros plan (p. 33), la vue en plongée (p. 49), l’angle de vue normal (p. 50).
  • Avec les élèves, comparer le roman, le film et la bande dessinée Agaguk. Relever les ressemblances et les différences. Des trois modes d’expression artistique, préciser laquelle est préférée et expliquer pourquoi.
  • Demander aux élèves de démontrer l’évolution des deux personnages principaux séparément ainsi que l’évolution du couple qu’ils forment.

    « Il semblait à Agaguk que ses relations avec Iriook n’étaient plus les mêmes. Quelque chose de nouveau s’était introduit dans leur vie de chaque jour. Était-ce un respect de la femme qu’il n’avait jamais cru posséder auparavant? » (p. 46)
     

  • Proposer aux élèves de relever des textes et des images qui illustrent des habitudes, des valeurs et des mœurs des Inuits tels que présentés dans Agaguk (p. ex., traditions relatives à la chasse et à la pêche, rôles traditionnels des membres de la famille, cérémonie et festin, animisme).

Conseils d'utilisation

  • Présenter aux élèves les caractéristiques de la bande dessinée afin qu'ils puissent apprécier l’œuvre étudiée, p. ex., la case, la vignette, la bande, la planche, le phylactère, les plans, les angles, les mouvements.
  • Avant la lecture, situer l’œuvre dans son contexte géographique et socioculturel. Utiliser les textes informatifs paraissant à la fin du livre pour ce faire.
  • Suggérer aux élèves de consulter le lexique à la page 64 pour connaître le sens de certains mots (p. ex., Montagnais, mukluks, sang-mêlé, tapinois).