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À tire d’ailes

À tire d’ailes suit le regard parfois tendre, parfois tranchant d’une jeune femme sur le quotidien, les incertitudes de la vie, les élans et les confusions du cœur. Sa jeunesse incertaine dans un village nord-ontarien prépare sa prise de conscience identitaire et personnelle qui ouvre une perspective de changement sur le monde. Au fil de ce trajet intérieur, elle se découvre et se révèle avec émotion et authenticité. 

(Tiré du site de l'éditeur.)

À propos du livre

Contenu

  • Recueil de 59 poèmes dont la forme libre s’exprime par l'absence de titres, de majuscules et de ponctuation.

    « j'ai mis mes souvenirs
    à l'index

    en famille en amour
    je pratique l'évitement
    j'évite le sujet
    le verbe me fait du bien

    crier
    un vers dans un poème
    qui ne dit rien » (p. 35)

    « entre fauquier et blind river
    un rire aveugle
    se tord dans le fil » (p. 53)
     

  • Narratrice participante décrivant sans retenue ses actions et ses pensées intimes, tout comme sa quête littéraire et personnelle.

    « j'évite ses yeux
    j'ai peur de me perdre
    dans le néant
    de ses pupilles
    dilatées » (p. 36)

    « je me gave de livres qui parlent de
    bien-être
    je me vomis dans mon écriture
    à faire le deuil de moi-même

    je suis un cercueil ouvert
    sur un poème sans fin » (p. 47)

    « je suis poète
    je parle à l'envers
    je parle en vers et pas en anglais
    je suis vers libre
    personne n'est libre de me comprendre
    mais tout le monde doit
    m'écouter » (p. 58)

    « ma place est ici
    là-bas
    quelque part
    sur une autoroute » (p. 64)

  • Thèmes variés : relations interpersonnelles (p. ex., amoureuses et maternelles), temps, écriture et langue, tous tissés au quotidien.

    « il allume son corps
    une cigarette
    qu'il enlace
    de ses lèvres
    trop serrées » (p. 13)

    « ta mère te ravale en cascades
    ton corps
    un plat refroidi sans couvercle » (p. 33)

    « le cycle de la vie
    une machine à laver
    la tête pleine de visages qui
    s'effilochent de souvenirs
    qui rétrécissent avec le temps
    de la laine à l'eau chaude » (p. 41)

    « je file dans le vent
    dans l'écriture
    en tournant les pages
    sur la pointe des doigts » (p. 44)

    « je parle la langue-du-peuple
    je suis comédienne
    dans un téléroman québécois
    qui parle de séparation
    je ne prends pas position
    ma langue se replie en position fœtale
    un poussin dans sa coquille » (p. 57)
     

  • Mentions fréquentes de lieux existants et de moments parfois précis, parfois suggérés, ancrant les pensées de la narratrice dans une réalité spatiotemporelle.

    « entre fauquier et sudbury
    je pense au verre qui aurait pu me noyer
    au fil qui aurait pu me pendre
    du pont noir » (p. 25)

    « nous sommes le 5 novembre
    le vent lèche la route 11 » (p. 30) 

    « les feuilles d’érable
    dégoulinent des arbres
    le sang d’un canadien fusillé » (p. 42)

Langue

  • Registre soutenu, caractérisé par un riche vocabulaire imagé et un enchaînement rapide d'idées.

    « dans le vent du nord échevelé
    l'haleine de ton souffle givré
    le clin d'oeil embué d'un matin
    le soleil perçant valse et se noie
    dans les plis du rideau » (p. 33)

    « je ne sais plus où me mettre
    je me mets partout
    je m’use sur les planchers de bois
    je porte l’empreinte de mes aventures
    je deviens face de bois » (p. 45)

  • Vers de longueurs variées, souvent nominaux, donnant du rythme et du mouvement aux idées qui s’enfilent.

    « je leur vole les regards
    les trottoirs
    tapis rouge de leur zone
    de travail en chantier » (p. 10)

    « dans chaque prunelle
    mon sourire
    s'allume se déverse
    en lui
    un coucher
    de soleil mielleux » (p. 51)
     

  • Jeux de mots (p. ex., homophonie) et figures de style (p. ex., métaphore, anaphore, comparaison) contribuant à la qualité de l’imagerie poétique.

    « ce soir
    sous l’oreiller

    la page attrape mes papillons
    par les "l" » (p. 28)

    « je suis une chenille dans un cocon

    une chenille à sud-bury
    le nord surchauffé de ma province » (p. 28)

    « je suis en peine du nord
    je suis en panne d'amour
    et je le sais
    je suis en canne
    et je veux sortir » (p. 39)

    « elle cueille des rêves
    dans les failles de ses mains
    pendues comme deux tumeurs
    à son corps » (p. 54)

  • Rimes parfois régulières créant des effets inattendus et donnant à certaines strophes des airs de comptines.

    « à fauquier
    les murs se replient
    comme une règle
    sur la tête d'enfants
    qui n'ont pas compris
    le principe de symétrie
    et qui en sont
    marqués
    symétriquement » (p. 22)

    « dans la cuisine
    le repas fume
    la bière écume
    l'amour consume » (p. 31)
     

  • Nombreux enjambements accélérant le rythme des vers et mettant en valeur certains mots lourds de sens.

    « l'histoire se répète
    et pète
    un ballon
    dans les mains d'un garçon » (p. 21)

    « les arbres me retiennent
    chiffonnée » (p. 25)

    « l'amour cesse de battre
    je
    cesse de battre » (p. 42)

  • Lexique du temps, de la nature et du corps, établissant un rapport entre les émotions évoquées et leur contexte; quelques mots anglais mis en italique.

    « je me laisse
    malmener
    par l'horloge » (p. 9)

    « s'égoutter
    s'écouler
    goutte à goutte
    dans le fleuve écarlate
    minute à minute
    le temps qu'il guérisse » (p. 48)

    « pendue à ses cils
    je me berce
    sur l'ombre
    fatiguée de son oeil
    couchée sous la lune
    friande d'étoiles » (p. 52)

    « le musicien me demande
    would you quit your job
    for writing
    » (p. 59)

Référent(s) culturel(s)

  • Allusions directes et indirectes à la langue, à l'identité franco-ontarienne et aux enjeux linguistiques propres à la communauté du Nord de l’Ontario (p. ex., français cassé, accent, éloignement des écoles de langue française, bilinguisme, assimilation).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de rédiger un court essai sur leur identité en s'inspirant de la quête personnelle de la narratrice.
  • Proposer aux élèves d'assembler différents courts extraits du recueil pour en faire un monologue reflétant leur for intérieur; les inviter à présenter leur monologue à la classe.
  • Inviter les élèves à participer à un débat sur l’un des sujets suivants en se référant à certains extraits du recueil : le sens de l'identité franco-ontarienne, l'importance de la mère au sein de la famille, le sens de la vie.

 

Conseils d'utilisation

  • Réserver l’étude de l’œuvre aux élèves des filières théoriques du niveau supérieur en raison de sa complexité.
  • Présenter aux élèves les caractéristiques de la poésie en vers libres pour leur permettre d’apprécier le recueil.
  • Lire certains poèmes à haute voix afin d’en faire apprécier le rythme dans le cadre d’une étude collective.
  • Consulter la fiche pédagogique disponible sur le site du Regroupement des éditeurs franco-canadiens.