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Le Coulonneux

Comme l’oiseau, la petite Camille est rêve, liberté et vie sauvage. Lorsqu’elle disparaît du terrain vague un soir de février, son monde est plongé dans l’obsession et la folie, dans une longue attente amoureuse, aussi, comme celle qui guette la grâce.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

 

À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages principaux, Gabriel et Camille, reliés entre eux par le goût de la nature, de l’aventure et de la solitude de même que par l’attrait qu’ils ont l’un pour l’autre, entourés de personnages secondaires, dont Amandine, la sœur de Camille, et Léopold, le grand-père de Camille, qui jouera un rôle important dans la vie de celle-ci.

    « Il ne supportait pas la foule – c’était la famille Tardiff proliférée – évitait la messe, les foires, les places publiques. Ne se sentait respirer que parmi les arbres ou, seul, dans les champs.
    Il s’était mis à rêver d’une vie d’ermite; lui et peut-être un chien, mince et muet, au milieu de la forêt. Quelques pièges, une canne à pêche, un poêle à bois, des jours remplis de l’odeur des pins, des poissons et du poil des bêtes. Ou d’une existence vagabonde, sur les routes du monde, loin des traces battues et de l’usure humaine. » (p. 22)

    « …Moi, je ne demandais pas mieux : le seuil de la porte aussitôt franchi, j’oubliais jusqu’à l’existence des autres et de leurs dérisoires abris. Je m’étais fait un monde dans la prairie du terrain vague, un éden duquel aucune épée ardente n’aurait pu me bannir. Je le possédais » (p. 90)

    « Comment la convaincre que Léopold, le vrai, c’était l’homme calme, tranquille, avec qui elle râtissait [sic] la litière de sable du colombier, avec qui elle devisait de Noé et des oiselles de l’arche… » (p. 177)
     

  • Intrigue organisée en cinq parties vécues à travers les yeux des différents personnages, permettant ainsi de faire avancer l’histoire selon leur point de vue.

    « J’avais mis deux ans à me méfier de lui, de sa traîtrise et de sa mystérieuse folie, deux ans à le maudire, jusqu’au jour où il vint me trouver dans la boue de la rivière pour me remettre entre les mains un pigeonneau blanc. […] Il vint à moi, les chaussures, le bas du pantalon abandonnés comme ça à l’eau, riant, insoucieux, tout empoigné qu’il était par le trémoussement de petites ailes contre la paume de ses mains. » (p. 106-107)

    « Elle avait vu sa mère, la belle Clothilde, sombrer peu à peu dans une insidieuse folie. Elle avait été témoin des accès de fièvre de Léopold, avait emprunté avec lui les méandres de la démence et, face au mal et à la déraison, Amandine avait chanté. » (p. 194)
     

  • Narrateur omniscient qui se sert des retours en arrière et de nombreuses descriptions pour faire connaître la vie des personnages, leurs désirs, leurs hantises et leurs pensées, et qui présente le point de vue de quatre personnages.

    « C’était le corps des autres qui le repoussait. Leur odeur, leur pilosité, leurs rondeurs flasques. Les bruits aussi, leurs bruits, leur présence animale, leur absurde suffisance. Lui-même pratiquait le silence, l’effacement. Voulait se résorber jusque dans l’os, se dépouiller de l’excès de chair. Déjà, il lui semblait qu’il était de trop; que sa carrure, pourtant si peu imposante, s’arrogeait un surplus de place. » (p. 20-21)

    « Suite à son apparition, perruche à la main, il était devenu la proie d’atroces visions. Les « sals alboches » possédaient à nouveau les rues de sa ville : ils mettaient le feu aux maisons de son quartier et arrachaient les fauteuils bourrés des salons de ses voisins pour les installer dans les caniveaux. » (p. 174)

Langue

  • Registre soutenu pour les séquences descriptives et narratives; registre parfois familier dans les dialogues, correspondant à certains personnages.

    « Gabriel avait à peine maîtrisé l’envie de hurler, de battre, d’occire. Le jardin de Camille profané, son ciel avili, et la peau brune d’Amandine une flaque sombre au clair de lune. » (p. 197)

    « -J’me tasse un peu, pour y vouère la face, à c’te vieux bonhomme, et j’me rends ben compte, ça saute aux yeux, bon sang, y voit pus rien pantoute. Y’a le regard loin, loin, comme si y pouvait vouère jusque dans un autre monde, y comprend pus rien, y’entend pus rien, veut pus rien savouère. » (p. 204-205)
     

  • Phrases de longueur et de complexité variées, souvent poétiques et parsemées d’images et de figures de style (p. ex., énumération, personnification, inversion, paradoxe, métaphore).

    « Mais ils ne savaient pas encore que, lorsqu’arriverait le moment du départ, l’une partirait pour se perdre, l’autre, pour se trouver. » (p. 112)

    « Mais les matins où Léopold montait la retrouver dans le colombier, les lendemains de veilles particulièrement pénibles, les soirées où il avait marché de long en large dans le salon; ou insisté qu’on éteigne les lampes et qu’on tire les rideaux, c’est la consigne, vous m’entendez, c’est la consigne; ou bien avait réveillé les petites, les enjoignant de s’habiller à toute vitesse et en silence et de le rejoindre dans la rue, où ensemble ils trouveraient leur place dans la longue procession des familles paysanes [sic], des brouettes et des charrettes tirées par des chiens belges, par des chevaux de trait, des carosses [sic] chargés de couvertures et de marmites, des amoncellements de biens sur lesquels on avait installé les petits et les grands-mères, leur parapluie tenu ferme dans la poigne de leur main, et avait attendu avec elles sur l’épaule de la rue, dans la poussière soulevée par toutes ces roues, ces pieds et ces sabots, avait pris place dans la file, avait passé devant les volets fermés des magasins, devant les usines abandonnées, devant l’heure allemande des horloges de l’hôtel de ville, avait traversé la rivière, avait vu les champs mûrs que personne jamais ne viendrait moissonner, avait vu les paysans dépouillant les chevaux morts au milieu des betteraves, avait été aveuglé par les lanternes des officiers allemands, ces yeux blancs qu’ils portaient sur la poitrine pour fendre la nuit et semer la terreur; après qu’il avait connu tout ça dans les rues tranquilles de cette ville sûre de ce pays de paix, en traînant derrière lui en pleine nuit deux petites filles endormies, ces lendemains matins, Léopold craignait de monter au colombier et d’y découvrir une Camille amère, ses yeux pleins de reproche et de mépris. » (p. 176-177)

    « Elle est fascinée par l’image de ces bras blancs, longs et secs et frêles comme des roseaux, levés devant la face dure de la mort… » (p.193)
     

  • Vocabulaire riche lié aux thèmes de la nature, des animaux, de la chasse et de l’aventure.

    « La mer : cette plaine d’eau, prairie sillonnée au passage du vent, survolée de goélands, de frégates et de sternes fluettes comme des hirondelles… » (p. 13)

    « Sautant dans la Chevrolet, il suivait les routes qui rapetissaient et se perdaient dans la jungle ou dans l’immensité du ciel au sommet des falaises. » (p. 19)

    « C’était une forêt qui s’élevait au bord des grandes étendues de neige, une vraie forêt avec des bouleaux, des pins, des mélèzes dénudés d’aiguilles, des peupliers à l’écorce tachetée. » (p. 125)

Référent(s) culturel(s)

  • Péripéties qui se passent dans l’Ouest canadien et aux États-Unis; nombreuses références à des gens de descendance européenne, dont sont issus certains personnages, et à des lieux européens.

    « …dans la rue de Saint-Boniface à laquelle il n’avait pas pensé depuis si longtemps. » (p. 31)

    « Rapatrié après la grande guerre, il avait réintégré le foyer paternel sur les bords de la Sambre, y avait vécu assez heureux jusqu’au jour où sa Clothilde s’était amourachée d’un beau grand flamand [sic]. » (p. 168)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de reproduire un colombier à l’image de celui que Léopold a construit dans le grenier, ou en inventer un de toutes pièces.
  • Inviter les élèves à faire une recherche traitant des effets de la guerre sur les gens qui en ont été victimes.
  • Proposer aux élèves de dresser un parallèle entre le style de vie des personnages, particulièrement celui de Camille, Gabriel et Amandine, et celui des adolescents d’aujourd’hui. 

Conseils d'utilisation

  • Indiquer aux élèves que l’œuvre est organisée de façon à ce que les lecteurs connaissent l’histoire et le point de vue des quatre personnages les plus importants à tour de rôle.
  • Donner des pistes pour aider les élèves à se situer dans le temps étant donné qu’il faut y replacer les événements et que les indices temporels passent parfois inaperçus.
  • Accompagner étroitement les élèves dans l’étude de ce roman. Au préalable, faire une recherche sur le monde des animaux et des plantes, sur les guerres et ses sévices, sur le style de l’auteure.
  • Mentionner que le roman contient quelques coquilles (p. ex., s’oublait p. 176, paysanes p. 176, carosses p. 176, savanne p. 28, râtissait p. 177).