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Vermillon, l’empire des damnés

Dans sa contrée sauvage, Garance n’a connu que la misère depuis sa naissance. Elle s’enfuit le jour où tous les Damnés, dont ses parents, sont tués et son village détruit par une horde de guerriers sanguinaires.

Peu de temps après, elle tombe sous l’emprise d’un mystérieux personnage, sur lequel d’horribles histoires circulent. Elle parviendra finalement à se libérer de son tortionnaire. Mais ce dernier veille au grain…

Garance retrouve alors par hasard un compagnon d’autrefois. Mais la joie des retrouvailles ne durera pas. La vie est rude : tortures et trahisons font partie du quotidien. Sans parler de la faim et de la peur… La révolte gronde.

Combattant sans relâche un empereur cruel, Garance et plusieurs autres sont prêts à tout pour redonner au peuple sa dignité. Des pages de l’histoire de leur pays s’écrivent avec leur sang…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages principaux opposés l’un à l’autre, Garance, jeune fille de 13 ans, et Efi, son tortionnaire, entourés de nombreux personnages secondaires dont Tcherney, Kollona et Valenko, qui s’unissent pour sauver le peuple des Meneshs et des Boleshs.

    « Pour ma part, je n’étais rien de plus qu’une Damnée parmi les autres, avec un orteil supplémentaire mais sans davantage d’avenir ni d’espoir. L’avenir, mes parents avaient sans doute cru l’assurer pour moi en me vendant à Koulak, en me faisant accéder à ce monde où l’on avait à manger tous les jours et où l’on portait des souliers. Et où l’on pouvait finir, malgré tout, éventré et crucifié sur une porte de grange… » (p. 36)

    « Efi, tout à coup, paraissait ne même plus me voir. Les poils drus et longs qui lui couvraient le visage n’ont pas tardé à être souillés de soupe et de miettes de pain. Les magnifiques yeux bleus, au milieu de cette répugnante broussaille, semblaient s’être trompés de propriétaire. » (p. 49)

    « Tcherny, esprit libre, n’acceptait ni l’autorité lointaine de l’empereur, relayée jusque dans les villages par les prêtres de Rus et les seigneurs locaux, ni la tyrannie paternaliste des aînés, qui maintenait les villageois dans un état d’arriération affligeant au nom des traditions de Siwr. » (p. 153)

    « Personne ne peut se marier avec Kollona. D’abord, elle a déjà été mariée. Mais, après avoir visité les filatures de Putila et découvert l’horreur de la condition des Damnées qui y sont exploitées, elle a quitté son mari, un officier de l’armée de Roman, pour suivre les Boleshs. Kollona ne croit pas au mariage. Elle croit à la liberté des femmes et c’est aussi pour ça qu’elle se bat. Si un homme essayait de poser la main sur elle pour la posséder sans son consentement, elle lui arracherait les yeux. » (p. 159)
     

  • Intrigue échelonnée sur quelques années, basée sur la révolution sanglante de la Russie et sur la violence qui y a régné, le tout adouci sous une touche discrète d’amour; épisodes marquants parfois invraisemblables, mais donnant une bonne idée de ce qu’a pu être la révolution.

    « Trop tard! Un bruit de galopade m’a fait tourner la tête. Les Atamans étaient sur nous! Ils arrivaient au galop, frappant indistinctement ceux qui passaient à leur portée. Ils n’avaient pas seulement des fouets, mais des sabres. Le sang, de nouveau, a jailli. Gapon, qui avait réussi à s’adosser en chancelant contre le mur d’une maison, s’est redressé et s’est mis à hurler :

    – Bourreaux! Assassins! Comment osez-vous vous en prendre à vos frères désarmés? » (p. 172)

    « Au début, nous nous sommes contentés de nous embrasser et de nous caresser longuement, et puis, de fil en aiguille, nous sommes allés plus loin. Tcherny me témoignait une douceur que je n’avais jamais connue auparavant, et dont, au village, je n’avais même jamais soupçonné l’existence. La vie pouvait avoir du bon… » (p. 250)
     

  • Narratrice surtout participante qui nous permet de connaître ses pensées, ses peurs, ses désirs; elle devient parfois omnisciente et nous révèle des détails de l’intrigue.

    « Je me suis réveillée, en proie à l’hébétude, me demandant où je me trouvais. Enfer ou paradis? J’étais allongée, non pas sur le sol, mais sur une couche grossière faite de paille recouverte de peaux. Je n’osais pas ouvrir les yeux. » (p. 33)

    « L’avenir proche allait cruellement les démentir. Ils comprendraient bientôt que, malgré les apparences, l’empereur était plus obstiné que jamais et que, s’il feignait de ne pas réagir, c’est qu’il attendait l’aide d’un allié puissant, un allié inattendu et impitoyable dont les Damnés ne tarderaient pas à subir les rigueurs au plus profond de leur chair. » (p. 211-212)

Langue

  • Registre courant utilisé à la fois pour les séquences descriptives, narratives et, sauf une exception, dialoguées; séquences descriptives prédominant dans l’œuvre et permettant au lectorat de connaître le peuple, son sort et les traitements subis.

    « Les Damnés avaient le visage couvert de poil et ils étaient plus petits que les humains. Leurs mains et leurs pieds nus, aux ongles torturés, étaient noirs et crevassés. Leur corps difforme disparaissait sous des haillons ou des peaux rapiécées et sales. Ils me faisaient parfois l’impression de pustules qui auraient éclaté à la surface de la terre et qui auraient pris forme en une sorte de parodie d’apparence humaine. » (p. 18)

    « Tcherny m’avait autrefois expliqué, lors de ces nuits claires où le soleil ne se couchait jamais vraiment et qu’il venait me voir près de la cabane de mes parents, que Roman vivait dans l’or et le luxe, que ses palais étaient éclairés nuit et jour plus brillamment qu’au grand soleil, qu’il mangeait en une journée autant qu’un village entier de Damnés pendant une semaine, que ses chevaux et ses chiens étaient mieux traités que ses domestiques. » (p. 101)

    « – Garance, le jeu est terminé pour moi. Cet hiver sera mon dernier. Je regrette de ne pouvoir t’aider davantage, mais ton seul salut, à présent, ce sont les Siwars. Ils sont étranges et tu seras peut-être horrifiée par certaines de leurs pratiques, mais tu devras t’adapter à eux, et non eux à toi. Ils sont chez eux, ne l’oublie pas. Je pense qu’ils te viendront en aide, s’ils le peuvent. Je les ai déjà prévenus. Prends tout ce que tu veux ici, c’est à toi. » (p. 260)
     

  • Variété quant aux longueurs et aux types de phrases; emploi de figures de style (p. ex., personnification, énumération, inversion) permettant au lectorat de se faire des images et d’apprécier le style de l’auteur

    « Dans le même temps, il abolissait la peine de mort, proclamait la liberté totale de pensée et de parole, l’égalité des femmes et des hommes, et décrétait une amnistie générale pour tous les prisonniers. » (p. 291)
     

  • Champ lexical entourant les thèmes principaux (p. ex., la misère, la torture, la révolution, la faim) et adapté au lectorat visé; descriptions parfois désarmantes reflétant la dureté de ce qui se passait.

    « Je croyais connaître la misère, et j’avais peut-être pensé qu’à Petra celle-ci n’existait pas, qu’elle était réservée aux plaines éloignées de Siwr, mais elle m’apparaissait au contraire plus violente, plus ostensible ici que là-bas. Les Damnés errant dans ces rues étaient d’une maigreur épouvantable et leurs visages rasés montraient les stigmates de la malnutrition chronique. » (p. 111)

    « Roman, depuis son quartier général, en arrière du front, s’obstinait à perdre une guerre absurde et à donner sa bénédiction aux folies de l’impératrice, malgré les exhortations de ses propres généraux qui ne parvenaient même plus à contrôler leurs troupes. Les soldats désertaient en masse ou refusaient d’obéir. » (p. 279)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de commenter les paroles suivantes de Tcherny et de prouver qu’elles sont toujours d’actualité : « La lecture, c’est la liberté. C’est pour ça qu’elle fait si peur à l’empereur et à ses prêtres. La lecture te permet d’échapper à l’ignorance, et c’est par l’ignorance que la tyrannie trouve à s’exercer. La lecture donne le savoir, et le savoir est subversif car il permet de contrecarrer le pouvoir. » (p. 161)
  • Proposer aux élèves de faire une recherche sur la Révolution russe de 1905 (p. ex., contexte, raisons, conséquences) et de voir les similitudes avec les événements qui se passent dans le roman.
  • Inviter les élèves à faire une recherche dans Internet afin de connaître les effets de la faim quotidienne sur le corps, l’esprit et l’efficacité des gens. Discuter de la possibilité de se battre ou de travailler quotidiennement quand on est tenaillé par la faim comme les Damnés l’étaient.
  • Demander aux élèves de retracer, tout au long du roman, les quelques moments de joie qu’on y retrouve et discuter de l’effet de l’absence du bonheur au quotidien, que ce soit aujourd’hui ou autrefois.

Conseils d'utilisation

  • Accorder une attention particulière au traitement des sujets délicats présentés dans le roman (p. ex., torture, séquestration, cannibalisme, exploits sexuels, faim, misère, révolution), bien encadrer la lecture de certaines scènes et prévoir des périodes de discussion entourant ces sujets.
  • Suggérer aux élèves de consulter la carte géographique placée au début du roman afin de pouvoir suivre les personnages dans leurs déplacements.
  • Présenter au lectorat visé les attraits de ce roman : repères historiques, action continue, force de caractère et volonté de survivre de Garance.