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Des branches de jasmin : L’art d’être un grand-père délinquant

En 1985, Claude Jasmin, jeune grand-père partiellement à la retraite, propose ses services de « gardien » pour dépanner les parents de ses cinq petits-fils. Ce sera le début d'une décennie de joyeuse complicité entre le papi et sa bande des cinq. Mais Laurent, Simon, Gabriel, David et Thomas ont un papi hors du commun, un grand-père délinquant qui non seulement leur apprendra à construire des tunnels sous la neige ou leur fournira des accessoires de farces et attrapes, mais aussi les aidera à faire un grand feu de joie en ville - ce qui leur vaudra la visite des pompiers - ou encore à chercher de l'or sur le mont Royal à grands coups de pioche... jusqu'à l'arrivée de la police!

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

 

À propos du livre

Contenu

  • Récit autobiographique relatant une période de la vie de Claude Jasmin, celle où il fut grand-père et gardien délibéré de ses petits-fils; roman donnant libre cours aux pensées de l’auteur sur le monde des enfants.

    « Ces expéditions avec mes petits-fils furent donc un "chemin de croix" agréable, excitant souvent, et sans douleur aucune. Cela durant plus d’une décennie. » (p. 9)

    « Dès janvier 1986, scénographe de télé démissionnaire, je suis devenu un préretraité. Et vive la liberté! […] J’ignorais que j’allais vivre un temps de total bonheur, plus d’une décennie plongé dans une existence de l’ordre du fantastique. Décidé à divertir des gamins délurés, je serais immergé dans un univers ludique, parfois fantasmagorique. Je vais vous raconter un "gardien d’enfants" ébloui, vous narrer des bribes d’un temps épatant. » (p. 10)

    « Mais d’abord dire que les enfants ne sont pas des ânes, qu’ils devinent les réalités […] Trop d’adultes les tiennent pour des têtes vides et ne daignent pas – pas un seul instant – les instruire sur les grands conflits de la planète. » (p. 79-80)
     

  • Un personnage principal, l’auteur Claude Jasmin, imaginatif à souhait pour ses petits-fils au point d’ajouter un sous-titre à son roman : L’art d’être un grand-père délinquant; un « papi » qui mérite les éloges de ses petits-enfants.

    « J’annonce : "Un feu, mes amis, allons quelque part allumer un feu!" […] Ce qu’on appelle un feu de camp. Ah! le feu! L’éternelle fascination des gamins. Mais… était-ce permis en ville? Bof! » (p. 61) 

    « Que font ces gamins et ce bonhomme à cheveux blancs, qui piochent? J’ai mon gros marteau dans une main et mon ciseau à bois dans l’autre. […]
    Le policier se tourne vers moi : "C’est strictement interdit de stationner le long de cette voie." […]
    Merde, encore une fois, être vu en grand-père délinquant. » (p. 113)

    « Notre grand-père, Claude Jasmin, porte le surnom de papi, un mot plein d’affection. Nous l’avons toujours appelé ainsi. Papi est un écrivain habité par l’imaginaire. Il aime la spontanéité, les arts, l’onirisme, les souvenirs, la vie de tous les jours, la naïveté, l’optimisme. En sa compagnie, nous avons formé un joyeux cortège, une équipe de jeunes aventuriers avides. » (p. 193)
     

  • Personnages secondaires profitant, chacun à leur façon, des bontés du personnage principal : la fille Éliane (et son mari Marco), le fils Daniel (et sa femme Lyne); les petits-enfants (Laurent, David et Gabriel, Simon et Thomas) choyés par l’imagination d’un « papi » ludique.

    « Mes deux enfants, les parents de mes petits-enfants, venaient souvent nous visiter au chalet du lac. Les cinq garçons en profitaient chaque fois pour accaparer le grand-père de tempérament disons… ludique. […] À Sainte-Adèle, plein d’espace en ces beautés naturelles pour tricoter des mondes imaginaires et inventer des légendes. » (p. 42)

    « Vers 1987, notre dollar s’affaiblissant, ce sera la visite de nos provinces québécoises. Îles de la Madeleine comprises. La maison du lac se faisait alors envahir par mes petits galopins et leurs parents. Chaque fois, j’y laissais des messages. Et des occasions de jeux. Aussi, dans ma cave, des pinceaux, de la gouache, du papier. Et de l’argile à modeler. » (p. 85)
     

  • Narrateur participant qui, en plus du gardiennage, s’intéresse à l’actualité de l’époque et à la lecture sur la physique universelle.

    « Pas la plus petite tentative de raconter aux enfants les très graves querelles du monde. C’est un tort […] Aussi, il m’arrivait parfois de – un peu – les informer, de commenter les actualités, d’expliquer, au moins sommairement, l’état du monde. » (p. 80)

    « 1998, entre mes cafés du matin, je lisais : "Des milices serbes font 2 000 morts." Oh! mon pauvre petit David, aviateur virtuel! Trop tard? Pire par là : deux cent cinquante mille réfugiés en Albanie.   C’est "non" au clonage humain, partout en Europe. À Belfast, signature d’un accord fragile entre cathos et protestants. Voici du nouveau : on vient de frapper la première pièce d’euro! » (p. 91-92)

    « Voici trois marmots qui cognent avec leurs petits marteaux sur la roche des falaises du mont Royal! […] Et puis, revenu de cette bizarre excursion, le vieil homme s’instruit, se colletaille de nouveau avec le réel, la vérité. Stylo à la main, il va barbouiller, salir les chapitres de cette Brève histoire du temps. » (p. 108) 
     

  • Thèmes dominants de l’enfance enjouée et du passage du temps, laissant exhaler la nostalgie du narrateur.

    « Ma mère nous avait appris le jeu de ne dire "ni oui, ni non". Enfants, nous raffolions tous de cette joute piégée. […] Que de jours de pluie à jouer ainsi! » (p. 17)

    « À quelle vitesse passait donc notre temps quand les petits se constituaient des ménageries d’animaux, ou bien, dans ma cave en libre atelier avec de la glaise plein les doigts, l’argile rouge se métamorphosant en une faune inconnue? » (p. 119)

    « Il m’arrive d’autres souvenirs en fugitives visions. Ainsi David, comme honteux, un soir d’Halloween : "Oui, je vais passer aux portes, mais c’est la dernière fois." Il m’avait paru triste, savait que "la vie file". Terminés donc, à jamais, mes feux de la Saint-Jean n’importe où… » (p. 183)

Langue

  • Registres de langue touchant tous les niveaux : populaire, représentatif du langage souvent déformé des enfants; familier, courant et empreint de multiples régionalismes, dans les séquences dialoguées ou narrées; soutenu, révélateur du métier d’écrivain du narrateur.

    « "…T’as eu affaire à un voleur! Combien t’a payé? Ça fonctionne même pas, de la schnoutte. Tu t’es fait esploiter, papi! […]" Laurent est vraiment scandalisé… » (p. 56)

    « Je reste muet moi aussi, craignant que le manège ne fonctionne pas, ces bébelles fabriquées on ne sait où pourraient-elles, comme on dit, être passées date? » (p. 89)

    « Ayant achevé – iconoclastes ingénieurs, maçons des neiges autodidactes – nos deux grottes, voilà que je décèle une certaine déception chez Simon-joues-rouges. » (p. 97)

    « Est-ce que je rêve? Serais-je retombé dans mes bien-aimés phylactères des bandes illustrées de mon enfance? » (p. 132)
     

  • Rythme rapide et saccadé, phrases courtes, souvent elliptiques.

    « D’abord, on s’enferme dans le placard tous les deux, portes bien refermées, la noirceur l’excite. À voix basse : "C’est la nuit, hein papi?" Nous mimons le sommeil, étendus côte à côte. Fermons les yeux. Sonores ronflements fictifs. Puis, imitations du chant de coq. En riant, l’enfant se redresse aussitôt. Sonores bâillements, étirage des bras, une journée va commencer. » (p. 16)

    « J’ai jeté mon vieux filet de badminton et les raquettes. J’ai caché les fers à cheval rouillés. Nous n’irons plus vendre de la limonade sur un trottoir, rue Fleury, juste en face d’un Jean Coutu.     
    Viens-t’en donc, 2008! Va-t’en, chère aimable nostalgie! Le temps qui file sans cesse. » (p. 184)
     

  • Italique fréquemment employé, relevant les mots d’autres langues, portant l’accent volontairement sur certains régionalismes et impropriétés, et marquant, au passage, l’innocence du langage enfantin. 

    « 1993 toujours : mille innocents blessés, victimes d’un attentat au World Trade Center en février. Six morts seulement. » (p. 48)

    « Ce vieux canasson […] aux chevilles fourrées de blanchitude, nous offre en effet une vision peu
    commune. » (p. 71)

    « Je me sauve. Penaud, j’imaginais cette dame-aux-rideaux-jaunes très inquiète, médusée par l’intrus en bedaine… » (p. 106)

    « "Regarde, papi, on dirait une nénicoptère!" » (p. 146)

    « …Simon tout jeune, à qui je demande : "Qu’as-tu mangé ce matin?", qui me dit tout souriant : "Des fitures aux flaises, papi!" » (p. 173) 
     

  • Figures de style variées (p. ex., métaphore, inversion, onomatopée, énumération); exclamation et interjection (notamment l’« ô ») couramment utilisées, traduisant les sentiments d’un grand-père narrateur.

    « …le benjamin […] qui trépigne d’impatience en marmottant des menaces confuses, de vagues imprécations : Arghhh… hugggh…ourghhh! » (p. 36)

    « …Simon et son fidèle Noiraud s’activent aussi, tiennent des conciliabules, forgent des tactiques, imaginent une stratégie infaillible. » (p. 36)

    « Bon sang! Gyrophare qui tournoie dans la nuit noire. Les pompiers qui débarquent, merde! » (p. 64)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreux référents culturels de la francophonie québécoise et internationale, personnalités du monde des médias ou du spectacle (p. ex., Pierre Perrault, Roch Demers, Paul Buissonneau, Paul Arcand, Paul Houde, Marc Favreau, Jacques Brel, Édith Piaf).
  • Allusions à plusieurs auteurs de la francophonie internationale ou à leurs paroles (p. ex., Georges Dor, Jean Cocteau, Paul Verlaine, Émile Nelligan, Charles Perrault, Jean de La Fontaine).
  • Référence à quelques lieux typiquement canadiens-français (p. ex., Sainte-Adèle, Saint-Eustache, Îles de la Madeleine, la cabane à sucre Constantin).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de trouver toutes les significations que l’on pourrait attribuer au titre Des branches de jasmin.
  • Proposer aux élèves de monter un bulletin de nouvelles sur l’une des pages d’actualité mentionnées dans le roman.
  • Dans le cadre d’une présentation orale, regrouper les élèves en équipe de trois et les inviter à imaginer une douzaine de jeux à pratiquer avec des enfants de moins de huit ans, et une douzaine d’autres à pratiquer avec ceux âgés de huit à douze ans.
  • Proposer aux élèves de mener une enquête auprès des aînés pour découvrir ce qui, dans l’actualité, les a le plus marqués dans les vingt dernières années.
  • Animer une discussion avec les élèves sur cette citation du roman : « Pour bien comprendre cette science actuelle, l’imagination dorénavant est plus importante que les mathématiques. » (p. 21)

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, tracer, au tableau, l’organigramme de la progéniture de Claude Jasmin.
  • Après la lecture, visionner avec les élèves le film La guerre des tuques et y relever les analogies avec le roman Des branches de jasmin.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : L’art d’être parent, divers épisodes.