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Racines de neige

Andrée Christensen nous invite à pénétrer dans son jardin, véritable atelier à ciel ouvert et source inépuisable de réflexions et de méditations sur le visible et l'invisible. Elle nous dévoile un monde de contrastes entre la terre qui se dépouille et l'extravagance du règne souterrain, alliant les forces intimes aux secrets touffus, parfois violents, de la nature.

Dans une éclosion d'images, où chaque vers est ciselé avec la précise géométrie d'un flocon, Andrée Christensen nous fait découvrir l'ADN végétal, minéral et animal de l'hiver.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Recueil de poèmes en vers libres et, par le fait même, sans forme fixe (p. ex., longueur irrégulière des vers et des strophes, absence de rimes et de ponctuation); préface et postface de l'auteure, expliquant la provenance de ses idées, de ses réflexions et de sa méthode.

    « L'hiver s'est alors révélé une saison fraternelle, porteuse d'émotions nouvelles […]
    C'est dans la disparition du paysage que l'âme du jardin m'est apparue dans tout son éclat. » (p. 12)

    « semés dans les sillons
    de mes paumes
    la prophétie de la verveine

    la mémoire du myosotis

    le pacte de sang du pavot » (p. 119)

    « À l'origine de mon projet, un humble outil improvisé, petit morceau de bois séparé en deux par une dépression centrale, évoquant vaguement la forme d'une fenêtre. Les premières œuvres que j'ai réalisées relevaient de la technique du monotype. » (p. 125)
     

  • Poèmes regroupés en trois parties distinctes : une première partie toute en réflexions sur l'invisible qui fermente sous terre; une deuxième partie relatant, d'une part, la neige qui tombe (les seuls poèmes numérotés), et d'autre part, la méditation, voire la métaphysique, devant autant de beauté; une troisième partie exposant le visible, soit la renaissance de la nature.

    « le jardin aussi a besoin de rêver

    immobile en sa migration profonde
    dans les boues obscures
    bercé par sa source invisible… » (p. 26)

    « La neige
    tombe sur elle-même
    déflore son corps nuptial
    sans laisser de trace… » (p. 69)

    « il neige
    dans mon ventre
    aux halètements obscurs
    des semences
    aux parfums de marée
    […]
    il neige le souvenir
    d'une petite fille
    aux ailes noires… » (p. 87)

    « j'ai […]

    la chevelure éclaboussée
    du vin fou des sauges
    et des sarcelles

    mes oreilles vibrent
    au chant de gorge des iris de Sibérie
    au froissement des jupes haletantes
    des haricots d'Espagne… » (p. 102)
     

  • Épigraphes de philosophes ou de poètes célèbres, placés de telle sorte à exposer l'esprit des poèmes qui suivent.

    « s'ouvrir à la vastitude du ciel
    et du même pas s'enraciner
    dans l'obscurité de la terre.

    Martin Heidegger » (p. 17)

    « le jardin
    lieu de naissance et d'ensevelissement

    sous sa robe de mariée
    la terre porte le noir
    de la veuve… » (p. 24)

    « Oui, il faut qu'il y ait du léger. Il faut se
    libérer de soi pour devenir soi. Sinon, on
    est englué en soi. D'où la force du léger…

    Bertrand Vergely » (p. 61)

    « Il neige du silence virtuose
    aux partitions sibyllines… » (p. 66)
     

  • Narratrice-témoin reléguant le rôle de personnage principal à son jardin et s'adressant, au passage, à des destinataires inconnus qu'elle incite à admirer ce qu'elle voit et entend.

    « le jardin a renoncé
    à la faim
    à la soif

    enroulée sur elle-même
    son âme s'enfonce
    dans sa nuit vivante… » (p. 22)

    « Je regarde le jardin
    le jardin me regarde le regarder… » (p. 77)

    « la danse chamanique des abeilles nocturnes
    […]
    revêtez leur masque de lumière
    éprouvez leur vertige d'or vert

    et sous la neige
    vous entendrez battre votre cœur de terre » (p. 110)
     

  • Thème de la nature décomposé en plusieurs sous-thèmes (p. ex., jardin, couleurs, hiver, sens, rêverie), chacun possédant son champ lexical.

    « la terre meurt d'avoir vécu

    dans l'impatience de la patience
    elle attend la sève inaugurale… » (p. 40)

    « … le pain à chanter officie
    dans le recueillement du bleu

    liturgie
    sans paroles
    le germe
    boit le sang blanc » (p. 75)

    « Pour saisir la voix intime
    de l'hiver
    fermer les yeux
    goûter
    sa réjouissante étrangeté… » (p. 80)
     

  • Mise en page aérée (p. ex., de 5 à 13 vers par page, souvent un seul mot dans un vers, décalages fréquents entre les strophes et même entre les mots), attestant la liberté de pensée de la poète; photos en noir et blanc, celles des œuvres réalisées par l'écrivaine-peintre parsemant l'ouvrage; notes et remerciements de l'auteure et table des œuvres Givrures fantômes présentés à la suite de la postface; table des matières, liste des œuvres de l'auteure et liste des titres parus dans la collection Voix intérieures, à la fin de l'œuvre.

Langue

  • Registre soutenu dans l'ensemble de l'œuvre, et littéraire ou didactique par moment, rappelant la culture raffinée de l'auteure, notamment pour l'écriture, la peinture et la botanique.

    « lorsque rêve
    l'arbre chamanique
    un dieu sauvage entre en transe

    palpitation d'anneaux prophétiques
    son chant dionysiaque
    nous rend à notre nature première… » (p. 43)

    « si l'on arrachait la peau du bruit
    il s'élèverait de leurs cynorhodons
    un lamento en fusion
    le sanglot de fruits mélancoliques
    fondus en larmes… » (p. 48)
     

  • Style saccadé par l'abondance d'images, véritable kaléidoscope, typique du genre littéraire exploité et surtout, d'une auteure qui révèle les méandres de sa pensée.

    « le jardin
    lieu de naissance et d'ensevelissement

    sous sa robe de mariée
    la terre porte le noir
    de la veuve
    pleurant encore
    le rapt de la lumière

    Déméter se languit de Perséphone
    ordonne à la neige
    de protéger le sommeil
    de la graine séquestrée » (p. 24)

    « même la prêtresse des vertiges
    trempée de hautes étreintes
    doit un jour descendre
    du sanctuaire de l'amour

    greffer sur les battements d'un colibri
    ses caresses
    aux ailes lasses » (p. 36)
     

  • Figures de style abondantes et variées (p. ex., allitération, antithèse, personnification, énumération, inversion, comparaison, périphrase, métaphore), souvent regroupées dans un même poème, trahissant la complexité des réflexions de l'auteure.

    « si le poète
    s'enfonçait jusque dans la caverne
    des naissances
    c'est en fermant les yeux
    qu'il reconnaîtrait l'âme vagissante de ses ancêtres

    s'il relisait sur ses murs
    la simplicité oraculaire
    des mains de cinabre
    il palperait
    la féroce innocence
    du premier poème
    encore à naître. » (p. 34)

    « Le pèlerin sans nom
    qui m'a appris à marcher
    dans les arbres diaphanes

    neige noire comme le lait
    au fond des yeux
    m'a aussi dit
    le temps est chemin blanc
    le jardin inespéré d'une rose nivéale… » (p. 68)

Pistes d'exploitation

  • Diviser le groupe-classe en trois équipes, puis assigner un poème du recueil à chacune. Inviter les membres de chaque équipe à échanger leurs idées sur l'interprétation qu'ils en font.
  • Proposer aux élèves, réunis en équipes, de choisir trois des dix-huit Givrures fantômes, d'expliquer ce qu'elles représentent, de leur donner un titre, puis de comparer leurs interprétations à celles de l'auteure, aux pages 133 à 135.
  • Demander aux élèves, regroupés en équipes, de choisir un poème du recueil et de le représenter sous la forme d'une œuvre d'art de leur choix (p. ex., peinture, dessin, collage).

Conseils d'utilisation

  • Expliquer aux élèves la différence entre le poème en vers libres et le poème en prose.
  • Lire avec les élèves la préface et la postface afin de faciliter la compréhension de l'ensemble de l'œuvre. Leur expliquer en quoi consistent les trois parties du recueil.
  • Revoir les effets que produisent diverses figures de style afin de permettre aux élèves d'apprécier le style de l'auteure.
  • Après la lecture, inviter un enseignant ou une enseignante d'éducation artistique à venir expliquer aux élèves la technique monotype en peinture.

 

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Panorama – Artistes de chez nous, Auteurs : Christensen, Henrie et Mbonimpa.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : Sortie de secours, La neige.