- Recueil de poèmes en vers libres et, par le fait même, sans forme fixe (p. ex., longueur irrégulière des vers et des strophes, absence de rimes et de ponctuation); préface et postface de l'auteure, expliquant la provenance de ses idées, de ses réflexions et de sa méthode.
« L'hiver s'est alors révélé une saison fraternelle, porteuse d'émotions nouvelles […]
C'est dans la disparition du paysage que l'âme du jardin m'est apparue dans tout son éclat. » (p. 12)
« semés dans les sillons
de mes paumes
la prophétie de la verveine
la mémoire du myosotis
le pacte de sang du pavot » (p. 119)
« À l'origine de mon projet, un humble outil improvisé, petit morceau de bois séparé en deux par une dépression centrale, évoquant vaguement la forme d'une fenêtre. Les premières œuvres que j'ai réalisées relevaient de la technique du monotype. » (p. 125)
- Poèmes regroupés en trois parties distinctes : une première partie toute en réflexions sur l'invisible qui fermente sous terre; une deuxième partie relatant, d'une part, la neige qui tombe (les seuls poèmes numérotés), et d'autre part, la méditation, voire la métaphysique, devant autant de beauté; une troisième partie exposant le visible, soit la renaissance de la nature.
« le jardin aussi a besoin de rêver
immobile en sa migration profonde
dans les boues obscures
bercé par sa source invisible… » (p. 26)
« La neige
tombe sur elle-même
déflore son corps nuptial
sans laisser de trace… » (p. 69)
« il neige
dans mon ventre
aux halètements obscurs
des semences
aux parfums de marée
[…]
il neige le souvenir
d'une petite fille
aux ailes noires… » (p. 87)
« j'ai […]
la chevelure éclaboussée
du vin fou des sauges
et des sarcelles
mes oreilles vibrent
au chant de gorge des iris de Sibérie
au froissement des jupes haletantes
des haricots d'Espagne… » (p. 102)
- Épigraphes de philosophes ou de poètes célèbres, placés de telle sorte à exposer l'esprit des poèmes qui suivent.
« s'ouvrir à la vastitude du ciel
et du même pas s'enraciner
dans l'obscurité de la terre.
Martin Heidegger » (p. 17)
« le jardin
lieu de naissance et d'ensevelissement
sous sa robe de mariée
la terre porte le noir
de la veuve… » (p. 24)
« Oui, il faut qu'il y ait du léger. Il faut se
libérer de soi pour devenir soi. Sinon, on
est englué en soi. D'où la force du léger…
Bertrand Vergely » (p. 61)
« Il neige du silence virtuose
aux partitions sibyllines… » (p. 66)
- Narratrice-témoin reléguant le rôle de personnage principal à son jardin et s'adressant, au passage, à des destinataires inconnus qu'elle incite à admirer ce qu'elle voit et entend.
« le jardin a renoncé
à la faim
à la soif
enroulée sur elle-même
son âme s'enfonce
dans sa nuit vivante… » (p. 22)
« Je regarde le jardin
le jardin me regarde le regarder… » (p. 77)
« la danse chamanique des abeilles nocturnes
[…]
revêtez leur masque de lumière
éprouvez leur vertige d'or vert
et sous la neige
vous entendrez battre votre cœur de terre » (p. 110)
- Thème de la nature décomposé en plusieurs sous-thèmes (p. ex., jardin, couleurs, hiver, sens, rêverie), chacun possédant son champ lexical.
« la terre meurt d'avoir vécu
dans l'impatience de la patience
elle attend la sève inaugurale… » (p. 40)
« … le pain à chanter officie
dans le recueillement du bleu
liturgie
sans paroles
le germe
boit le sang blanc » (p. 75)
« Pour saisir la voix intime
de l'hiver
fermer les yeux
goûter
sa réjouissante étrangeté… » (p. 80)
- Mise en page aérée (p. ex., de 5 à 13 vers par page, souvent un seul mot dans un vers, décalages fréquents entre les strophes et même entre les mots), attestant la liberté de pensée de la poète; photos en noir et blanc, celles des œuvres réalisées par l'écrivaine-peintre parsemant l'ouvrage; notes et remerciements de l'auteure et table des œuvres Givrures fantômes présentés à la suite de la postface; table des matières, liste des œuvres de l'auteure et liste des titres parus dans la collection Voix intérieures, à la fin de l'œuvre.