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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Quatuor pour cordes sensibles

Une histoire à quatre temps. Quatre histoires d’hommes et de femmes qui se tissent au fil de l’Histoire. Quatre humains qui refusent de se mouler aux modes, aux vues de leur époque et qui dévoilent en vibrations orageuses, amères, ironiques, ou tendres leur sensibilité écorchée et leur ardeur à s’affranchir des modèles imposés et des idées en vogue…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Personnages principaux peu nombreux, peu décrits et différents dans les quatre nouvelles, mais qui partagent tous le goût de la liberté et le désir de ne pas se conformer aux modes.

    « Le soir de mes dix-sept ans, elle renonçait à me voir réaliser mes rêves. Elle n’avait plus la force de lutter. Elle m’abandonnait sur le quai, juste avant le départ du navire. Tout habillée sous les couvertures humides, j’ai attendu qu’elle soit endormie. Et je suis partie… » (p. 16)

    « Le vieux Bart reste silencieux dans la grande berceuse de la cuisine. Il a toujours détesté qu'on lui dise ce qu'il faut faire, comment être, comment se comporter, où aller. Il déteste encore cela. Il a toujours eu horreur que l'on dirige sa vie. Il en est encore ainsi. Plus que jamais. Il ne supporte pas que l'on se mêle des détails insignifiants et intimes de son quotidien. » (p. 45)

    « Amandine reste bouche bée. Liberté! Il dit "liberté", le mot qui lui martèle l’esprit depuis plusieurs heures. » (p. 100)
     

  • Nombreuses séquences descriptives et indices spatio-temporels permettant de situer chacune des intrigues tout en présentant les pensées, les réactions des personnages principaux et leurs relations entre eux.

    « Le voici bientôt en âge de tenter un premier pas : Beaucourt se retrouve bousculé dans la cohue de cette maisonnée désorganisée. Ses frères trouvent Beau-Beau de moins en moins amusant. L’oubli où ils le laissent, des heures durant, fait que le bambin cherche constamment à se pendre à leurs basques. » (p. 78-79)

    « Quand Lisette lui reproche ses mâles maladresses, ses inconvenances répétées, ses incongruences machistes, Chéri avoue son incompétence et demande en quoi il a pu s'éloigner des règles du bonheur. Alors Lisette bondit, vitupère, hurle, rugit et c'est le vécu de toutes les femmes du groupe des FA que Chéri reçoit d'un seul coup à la figure. » (p. 84-85)

    « Amandine marche vers la cuisine et se verse une tasse de café. Elle a l’idée de rendre ce breuvage plus revigorant : elle ouvre l’armoire et prend la bouteille de rhum achetée deux mois plus tôt pour agrémenter un dessert. Aussitôt, elle se sent coupable. De quoi? De verser une gorgée de rhum dans une tasse de café? Ah non! tout de même. Quand va donc se taire la petite voix insidieuse des interdits? Quand se sentira-t-elle libre de tout corset moralisateur? » (p. 92)
     

  • Thèmes de la guerre, de l’écoulement du temps, de la liberté, de la résilience vis-à-vis les épreuves et de la quête d’identité.

    « Depuis le début de la guerre, le port de Halifax est sorti de sa torpeur. Tout le jour, les navires alimentent les usines qui ne cessent de naître depuis trois ans. Il faut nourrir, vêtir et armer tous ces soldats qui partent pour les vieux pays. » (p. 17-18)

    « On dit que les temps changent. Ils changent! C’est bien sûr. Quand on vit longtemps, quand une existence s’étire comme la mienne sur la longueur d’un siècle, tu vois les choses, je dirais, autrement… L’idée m’est venue que peut-être le temps, c’est comme la roue d’une immense charrette qui fait rien que tourner autour de son axe. » (p. 59)

    « Ces dernières années, il a enfilé masque après masque. Il sait bien qu’au fond de lui-même, il n’a jamais été ce conquérant qu’il tentait de personnifier; pas plus macho qu’homme rose, le pauvre Chéri… Dans la tempête qui l’anime, il laisse échapper :
    – Je ne sais pas qui je suis, mais je serai celui-là! » (p. 86)
     

  • Type de narratrice (omnisciente et participante) qui varie d’une nouvelle à l’autre et à l’intérieur d’une même nouvelle.

    « J'ai attendu qu'elle soit endormie pour partir. Ses derniers mots m'ont décidée à fuir. Je venais de perdre ma seule alliée. » (p. 11)

    « Isolé par tant d'honneurs et de célébrations, le vieux Bart continue de se confier à Robertine. "J'ai un petit faible pour la Marie-Laure de l'Irlandaise. Elle vient de m'envoyer la main, comme si elle devinait que je m'ennuie tout seul au milieu de ces trois cents personnes…" » (p. 58)

    « Les assiettes et les tasses sont vides. Amandine et son passager se regardent droit dans les yeux. Comme s’ils s’étaient, en quelques phrases énigmatiques, complètement livrés l’un à l’autre. » (p. 101)

Langue

  • Registre de langue courant employé à la fois dans les séquences dialoguées et descriptives.

    « Les terrasses de la rue achalandée où aiment se frôler les intellectuels en mal d’auditoire, les journalistes en mal de potins et les artistes en mal de vivre, se sont éteintes une à une. » (p. 75)

    « – Un mauvais rêve?
    – C’est ma vie, le vrai cauchemar.
    Lisette libère ses pieds de leurs courroies de cuir fin.
    – Je veux en finir… lui confie-t-il après quelque hésitation.
    Après une pause, le client poursuit :
    – J’ai tout raté. Même ma naissance… » (p. 77)
     

  • Figures de style nombreuses (p. ex., comparaison, anaphore, répétition) permettant d'ajouter de l'intensité aux événements et aux pensées des personnages.

    « La dispute du souper m'avait assaillie comme une mauvaise odeur dans un jardin fleuri. » (p. 12)

    « J’ai peur de ces espaces géants. Je me sens transie. De froid et de peur. Malgré la rapidité de mon pas. Malgré le châle glissé sur mon manteau. Malgré la rage violente qui m’habite. » (p. 19)

    « Doit-il l’inviter à prendre la place libre dans l’autobus? Quand il marche avec elle, doit-il garder le côté de la rue? Doit-il la complimenter ou non sur sa nouvelle robe? Doit-il noter ou non son nouveau parfum? Peut-il lui offrir un présent ou doit-il s’en garder? Doit-il ou non payer l’addition au restaurant? » (p. 84)
     

  • Phrases de longueurs et de types variés, mais prépondérance de phrases courtes, parfois elliptiques, créant du suspense et contribuant à l'enchaînement rapide des événements de l'intrigue.

    « J’aime quand nous discutons comme ça toutes les deux. De tout et de rien. Comme des amies. Elle me fait répéter ce que dit sœur Edna dans les cours d’histoire et de géographie. » (p. 11)

    « Des bruits! Des voix! Je m’arrête un instant. J’ai peine à distinguer les sons tant ma respiration est haletante, bruyante et nerveuse. Des pas se rapprochent. Des soldats qui ont bravé le couvre-feu. Je les entends sans les voir encore. Ils sont au moins trois. Ivres, je crois : leurs paroles s’entremêlent de chansons grivoises. Ils marchent derrière moi. Il ne faut pas qu’ils me voient. » (p. 19)
     

  • Plusieurs retours en arrière permettant au lectorat de connaître des événements de la vie passée des personnages.

    « Ce jour d’avril 1950, Mirande Beaucourt meurt en donnant naissance à son septième fils. Le veuf, Modeste Bouillon, bouleversé par la perte simultanée de sa compagne, de sa cuisinière, de sa bonne d’enfants, de sa lingère, de son infirmière et de sa jardinière, court se cacher dans la remise. » (p. 77-78)

Référent(s) culturel(s)

  • Référence à la vie canadienne-française de l’époque, surtout dans la nouvelle Le centenaire.

    « Ils sont tous là, Bartine : le curé, le maire, les commissaires d’école, le docteur, le notaire, le marchand général qui se fait appeler dépanneur parce que c’est la mode; je vois aussi le directeur et les maîtresses d’école. Mais on dit plus ça comme ça, Bartine. Corinne m’a expliqué. Toi, t’étais une maîtresse d’école avant nos épousailles. Ta petite-fille Corinne, elle, c’est une travailleuse de l’enseignement. Ça veut dire qu’elle fait l’école. Comme toi dans le temps! Les mots changent de ce temps-là, c’est pas croyable! » (p. 49)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves d'effectuer une recherche sur l'accident (deux bateaux entrés en collision) survenu à Halifax en 1917 et présenté dans la nouvelle Tout feu tout flamme (p. 9-41).
  • Inviter les élèves à trouver les ressemblances entre les personnages principaux des nouvelles (p. ex., désir de liberté, changement, revendication) au moyen d’un tableau et d’un collage.
  • Animer une discussion qui porte sur les changements que l’on fait parfois pour s’ajuster à différentes relations familiales, amicales et amoureuses; discuter des dangers de ces changements et utiliser la nouvelle Poisson d’avril! (p. 75-90), comme point de départ.
  • Demander aux élèves de former des équipes et de transposer la première nouvelle en court film (vidéo).

Conseils d'utilisation

  • Choisir la première nouvelle suscitera davantage l’intérêt des élèves du cours FRA2D; les autres s’adressent principalement aux jeunes de 16 à 18 ans tout comme à un public adulte et mettent en vedette un centenaire, une femme de 50 ans et un couple d’un certain âge.
  • Accompagner les élèves dans la lecture des 2e, 3e et 4e nouvelles, qui contiennent peu d’événements et qui pourraient paraître longues; encourager la lecture partagée plutôt qu’individuelle.
  • Comme le recueil comprend plusieurs jeux de narration, faire un enseignement des points de vue de la narration avant la lecture (p. ex., changements de points de vue, emboîtements, correspondances, retours en arrière).

Ressource(s) additionnelle(s)

  • CFORP. 2009. Fiches de lecture, 16 ans+, Quatuor pour cordes sensibles, Ottawa.