- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; présence de courts textes poétiques dans certains récits; emploi de quelques mots familiers, d’anglicismes et de mots anglais contribuant à la vraisemblance des récits.
« Et il nous arrive encore parfois d’entonner une petite chanson : "Cré-moé, cré-moé pas, quequ’part en Alaska…" » (p. 33)
« À l’époque, je désirais enter dans une école de journalisme : nous avions donc parlé avec des journalistes et des cameramen. » (p. 140)
« Te garder lovée contre moi
Te murmurer des doux secrets
Te redire que je t’aime » (p. 156)
« Je découpais mes modèles dans les catalogues Sears et Eaton et je les collais dans un grand scrapbook que je gardais précieusement dans ma chambre. » (p. 182)
« "C’tait pas un bon chum pour toi." » (p. 211)
- Emploi de divers types et formes de phrases (p. ex., déclarative, exclamative, interrogative, impérative, impersonnelle, négative) favorisant une lecture dynamique.
« Mon aîné sera donc un garçon. À quoi ressemblera cet amour? De quels traits héritera-t-il? Sera-t-il un exilé volontaire comme ses parents?» (p. 56)
« – Marianne! hurla madame Leblanc, son mari à ses trousses. Entre tout de suite! Et vous jeune homme, on est pas à la grande ville ici. Partez! J’appelle votre oncle immédiatement. » (p. 137)
« – Bonjour, Laurence!
Laurence sursaute. William est devant elle.
– Dites-moi, ai-je raison de croire que vous êtes bien LA Laurence que mon père a aimée?
– C’est moi. » (p. 155)
« Je courais de plus en plus souvent. Il suffisait que je saute dans mes bottines et que je parte à la conquête de la route. J’aimais respirer fort, entendre mon cœur battre, défier le vent, mettre tout mon corps en action. J’apprivoisais ce dur labeur au point de le rechercher tous les jours. Courir faisait partie de ma vie. » (p. 174)
- Nombreuses figures de style (p. ex., personnification, énumération, comparaison, métaphore, antithèse, périphrase) et expressions imagées qui enrichissent les textes et agrémentent la lecture.
« Quant à mes pinceaux, ils retournent dormir dans mon coffret en bois. Eux non plus n’ont pas encore dormi. Ils méritent du repos pour avoir dansé toute la nuit avec nous. » (p. 27-28)
« Tout se bouscule dans ma tête, je tremble comme une feuille, je suis incapable de parler et je manque de salive. Mon cœur se serre, je sens les pulsations résonner dans ma tête, j’ai des larmes dans la voix. » (p. 38)
« Si tout était lumière comme toi, le monde serait une étoile filante entre les doigts du néant, une pierre précieuse au scintillement net dans le vide, comme une goutte d’encre dans un verre d’eau, l’éclat, la perte, la bousculade, et toi, petite larme de firmament, au centre de mon regard, ma force. » (p. 40)
« "L’Amour" et "la Haine" se livraient une bataille sous forme de courts poèmes, jusqu’au dénouement où "l’Amour" gagnait, malgré la perte de nombreuses strophes. » (p. 99)
« Ayant grandi dans une région francophone et créolophone, il a fallu que je me confronte à un défi de taille, la langue de Shakespeare. » (p. 172)
« On jasait de tout et de rien, assis à la table. C’est ici que je me vidais le cœur de toutes mes peines… » (p. 211)
- Prédominance de séquences narratives et descriptives qui apportent des précisions sur les personnages, les lieux et les événements; séquences dialoguées peu nombreuses révélant les émotions des personnages ainsi que les relations qui existent entre eux.
« Michel est le troisième enfant de notre famille. Il est né à la maison, le médecin du village jugeant qu’il n’y avait aucune raison de croire que l’accouchement présenterait des problèmes. Il s’est trompé. Mon frère est né avec le cordon ombilical entouré bien serré autour de son cou. Le docteur Major a dû consacrer plusieurs minutes à enlever le cordon et à utiliser plusieurs stratégies pour faire respirer mon frère. Enfin, il a réussi. Malheureusement, il y a eu des séquelles. » (p. 73)
« – Je viens te dire adieu, dit-il, d’une voix à peine audible. Je retourne à Montréal par l’autobus de midi. Je n’ai pas le droit de t’écrire. La tristesse alourdissait chacun de ses mots.
– Je sais, dit Marianne, la voix basse. Ma mère m’a avertie. Je ne te verrai plus… Elle se leva, approcha à deux pas de Jean, la lumière dans ses yeux inondés. […]
– Je crains que non. Apparemment, ta mère va surveiller ton courrier, murmura Jean. Et mon oncle m’a interdit de revenir. Mes parents sont d’accord avec lui. » (p. 137-138)
« Les yeux tournés vers le large, il contemplait la beauté de cette grande dame qu’il avait toujours aimée. La ligne d’horizon devenait rose, divisant le bleu pâle du firmament de celui verdâtre de la mer. […] Au fur et à mesure que le ciel perdait ses couleurs, de brillants luminaires venaient décorer la voûte céleste. Quelle magnificence! se disait-il. Comment peut-on ne pas aimer de tels paysages? » (p. 195)