Contenu
- Énonciatrices et énonciateurs variant d’un poème à l’autre (p. ex., fils, écrivain, être en réflexion ou en contemplation) s’exprimant à la première personne dans de nombreux textes du recueil.
« tu marchais plus lentement qu’autrefois, il me semblait
que jamais autant que ce jour-là je n’avais été
un simple fils entré dans la tendresse de l’âge avancé » (p. 15)
« Moi, j’ai franchi le seuil
J’ai fermé la porte
J’ai quitté Ottawa
En oubliant une partie de moi dans cette maison sur la rue Gladstone
Le rideau levé sur la scène de mon désastre
Je me console de ma défaite de jadis
Sans le savoir, le début de ma marche à l’écriture » (p. 30)
« Je reviens. Après m’être perdu dans les mondes multiples. Méfiant, rassuré, inquiet, réconforté. Je ne sais plus, entre les mémoires et les passés. » (p. 77)
« ce n’est qu’une ville
ce n’est qu’un quartier dans cette ville
que j’habite depuis longtemps
ce n’est que moi avec mes sentinelles
qui cernent à leur façon
cette petite tranche de lieu et de temps » (p. 87)
- Destinataires directs (p. ex., mère, nature, lieu ou espace, objet d’affection) interpellés par les énonciatrices et énonciateurs; quelques personnages inanimés (p. ex., lune, rivière des Outaouais) qui prennent vie dans les textes.
« Tu voulais voir les tulipes, disais-tu, tu désirais
toutes les voir, comme si ta vie d’humble mère
n’était plus qu’en noir et blanc, tu voulais une tempête
de fleurs. » (p. 15)
« Bellement bleue
cette lune…
Plus elle réfléchit
le mirage des eaux
qui oscillent
autour de moi
plus leurs frissons
auréolent mes pas » (p. 23)
« Elle. Comme une rivière. Un fleuve.
Ici, une coulée déborde de ses rives
dans le défoulement d’une cascade. » (p. 39)
« Ainsi, je reviens à toi. À tes bras de mère. À tes pierres grises qui faisaient luire les dimanches matin. À tes escaliers d’entrée qu’on gravissait avec le sang qui pulse dans les tempes et Widor qui vibrait déjà à travers la grande porte. Je reviens à ton jubé craquant où je montais avec mes souliers vernis de petite Julie en priant pour que cette planche-là, justement, ne couine pas… » (p. 41)
« Amadoué par la tiédeur
Des premières lueurs orangées du jour
Qui insidieusement s’insinuent
Dans tes fines crevasses
Comme au travers d’une glace sans tain
Tu fonds en larmes de ciel » (p. 51)
« nous nous aimions ici, dans la vase du ciel
les ailleurs sont beaux seulement lorsque nous ne les habitons pas » (p. 65)
- Recueil de textes poétiques en vers ou en prose; variété d’auteures et d’auteurs explorant avec lyrisme la relation étroite entre le monde intérieur des énonciatrices et énonciateurs (p. ex., cheminement personnel, réflexions, souvenirs) et leur monde extérieur (p. ex., espaces naturels et urbains, l’autre); principales thématiques de la ville d’Ottawa, de la nature, de l’écriture, du temps et du souvenir.
- Vingt-quatre images d’œuvres d’art de formes et de styles variés (p. ex., toile, photographie, collage, photolithogravure) représentant surtout des éléments de la nature et se rattachant généralement aux thèmes exploités dans les poèmes; renseignements sur l’œuvre artistique (p. ex., titre, nom de l’artiste, date) et bref aperçu du lien de l’artiste avec la ville d’Ottawa sous chaque image.
- Mise en page tantôt aérée, tantôt dense, et parfois irrégulière (p. ex., vers disposés de façon non conventionnelle au moyen de jeux d’espaces et d’alignements particuliers); œuvre répartie en 23 poèmes, chacun précédé du nom de l’auteure ou l’auteur et d’un titre; renseignements sur l’auteure ou l’auteur ainsi que sa source d’inspiration sous chaque poème; éléments graphiques (p. ex., astérisques, italiques, points de suspension) facilitant l’interprétation des textes; citation de Daniel Poliquin, auteur franco-ontarien, et préambule d’Andrée Lacelle, directrice du projet, au début du livre; table des poèmes, table des œuvres et courtes notes biographiques sur Andrée Lacelle à la fin.
Langue
- Registres de langue courant et soutenu s’entremêlant dans les poèmes; vocabulaire riche (p. ex., saumâtre, macérant, syrinx, tellurique, centripète, tohu-bohu), quelques néologismes (p. ex., humanite) et mots anglais (p. ex., patchwork, bluffs); lexique imagé se rattachant à la nature (p. ex., eaux fantômes, rives fertiles, marées verdoyantes) parcourant tous les textes.
- Vers et strophes de longueurs irrégulières et inégales dans la plupart des poèmes, témoignant d’un style libre; textes généralement dénués de ponctuation et de majuscules; types de phrases variés (p. ex., interrogative, incise, déclarative, nominale) se juxtaposant dans les textes et rendant plus saisissantes les descriptions des espaces et des sentiments; enjambements et rejets nombreux amplifiant l’effet de certains mots ou idées.
« Sa route est longue quand elle sonde la vie
Une main glisse dedans… et par-dedans la déchire
Est-ce la mienne? La tienne?
Ou une autre encore qui manque de temps? » (p. 13)
« regarde, ai-je dit, cette géante qui frémit sur ses pattes tordues,
et je t’ai prise par le bras pour traverser l’avenue » (p. 15)
« Oui, les gens m’irritent, mais seulement lorsqu’ils sont immobiles et qu’ils marinent dans la pathétique indécision ou qu’ils n’éprouvent pas l’urgence de vivre, lorsqu’ils se lancent dans n’importe quelle direction au supermarché ou sur le trottoir, lorsqu’ils se permettent le luxe de choisir ce qu’il y a de mieux ou le calcul pour déterminer ce qui est le moins cher sur l’étalage, lorsqu’ils font revérifier leurs billets de loterie, qu’ils s’obstinent avec la caissière, qu’ils veulent donner la monnaie exacte, qu’ils examinent chaque raisin ou chaque champignon, bon sang, ça n’arrête jamais,… » (p. 34-35)
« Ailleurs, elle dégage ou embusque le langage
de l’eau, puis s’étale dans l’écriture des algues
muettes d’une autre traversée. » (p. 39)
« le soir les flots sont
d’une vigueur
foisonnante » (p. 63)
« entre deux murs tombés en
gravats au détour d’un
regard inattendu quelque
chose luit plus fort qu’une
éruption solaire un sourire
en retour doucement se
grave dans les cœurs
solitaires et redresse les
corps » (p. 69)
« devant le Château Laurier
le regard cinglant un chasseur en livrée
quelques taxis aux aguets
l’odeur furtive d’une cigarette
clandestine celle des cigares autrefois effrontée » (p. 73)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., euphémisme, métaphore, énumération, répétition, comparaison, personnification) et poétiques (p. ex., allitération) conférant une richesse aux textes; rimes peu nombreuses disposées irrégulièrement dans quelques poèmes.
« tu voulais, me disais-tu, marcher dans les couleurs,
toi qui allais deux ans plus tard t’endormir pour toujours
dans ton fauteuil, ton visage mitraillé par le téléviseur » (p. 15)
« Et elle sera chant qui coule, cascade et carambole, tape et fracture, alors que je poursuis l’élégie des fontes et la coulée baroque des repentirs de l’équinoxe, rythme donné. » (p. 19)
« D’un sommeil colossal
la mer de Champlain*
dort sous mon jardin
sa voix scellée dans les pierres
déposées dans leur lit d’exil
parfumé de lavande et de bruyère » (p. 25)
« Il y a à Ottawa une partie de moi
Triste reste, toujours en hiver
Un fantôme frigorifère à chasser » (p. 29)
« Il y a trop de monde, trop de vent, trop de phylactères et pas assez de gens qui crèvent, ici. » (p. 33)
« Son nom est répété comme un écho des bouches d’égout. » (p. 35)
« À l’aube
la rivière que le vent guide
garde mes mains ouvertes
comme si cela était possible
les rues se partagent le pain
à pas de loup chacun va
chacun se chagrine
sur les lèvres urbaines
l’espoir fraternel pour compte. » (p. 78)
Référent(s) culturel(s)
- Références très nombreuses à des espaces et lieux précis dans la ville d’Ottawa (p. ex., promenade Sussex, Château Laurier, canal Rideau, Musée des beaux-arts du Canada, parc Strathcona).
- Œuvres d’artistes francophones (p. ex., François Cadieux, Suzon Demers, Gilles Lacombe, Denise Levesque, Antoine Plamondon) accompagnant les textes poétiques.
- Référence aux Premières Nations du Canada.
« En amont, en aval, sur Kitchisipi, les âmes autochtones, en portage ici, bien avant les nôtres, habitent ce territoire et nous habitent. » (p. 10)
Pistes d'exploitation
- Demander aux élèves de rédiger un court poème sur leur ville d’origine et/ou de résidence en y incorporant des éléments urbains et naturels, et en employant des procédés stylistiques et poétiques privilégiés dans le recueil.
- Proposer aux élèves, réunis en équipes, de choisir une auteure ou un auteur ayant collaboré au recueil, d’effectuer une recherche à son sujet, de trouver et de lire deux ou trois autres de ses textes poétiques, puis d’identifier les principales caractéristiques de son style. Les inviter à présenter au groupe-classe le fruit de leur travail à l’aide d’appuis visuels.
- Suggérer aux élèves de créer une œuvre artistique en utilisant un médium de leur choix pour accompagner un poème du recueil. Les inviter à présenter leur création au groupe-classe en précisant les liens entre le fond et la forme respectifs de leur œuvre et du poème. Exposer les créations dans un endroit bien en vue dans l’école.
Conseils d'utilisation
- Prévenir les élèves quant au thème de la consommation excessive d’alcool abordé dans le poème d’Éric Charlebois.
- Présenter ou revoir les différences principales entre le poème en vers et le poème en prose.
- Faire des arrêts de lecture fréquents pour permettre aux élèves qui habitent à l’extérieur de la région de l’Outaouais d’approfondir leurs connaissances sur les lieux mentionnés dans le recueil, facilitant ainsi leur compréhension des textes.
- Pendant la lecture, créer, en groupe-classe, un mur de mots à partir de mots tirés de l’œuvre, permettant ainsi aux élèves d’enrichir leur vocabulaire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Entrevues : Arts visuels, divers épisodes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 12e année, Vidéos V, La ville d’Ottawa vue par un drone.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : Carte de visite, Carte de visite : Herménégilde Chiasson.