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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Parfois, en certains jours de lumière parfaite

Dans ce court recueil tout en délicatesse, Jacques Poirier nous entraîne dans un monde où glisse, furtive, l’ombre du grand Fernando Pessoa. Entre la Lisbonne des poètes, l’infini de la mer et les forêts boréales, il s’interroge. Il glisse sur les décors, les prend à bras le corps, puis les abandonne pour chercher ailleurs. Exilé en lui-même, il se laisse envahir par la saudade, cet état de manque, cette étrange nostalgie de soi. Il oscille entre la lente tristesse qui gruge et les joies fugitives : parfait cet amour imaginé, parfaite cette lumière du couchant. Pour un instant. Un court instant. Parfois…

(Tiré du site de l’éditeur.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Cinquantaine de poèmes courts, le plus souvent titrés; postface de Robert Yergeau présentant l'auteur Poirier, les liens entre son œuvre et les écrits de Pessoa, et la question de l'originalité du recueil.

    « Obra poética
    Parce qu'il dort au-dedans de notre âme
    l'écrit du poète est tout…
                           sauf un appel à l'ordre » (p. 47)

    « APRÈS UN SILENCE DE QUATORZE ANS, Jacques Poirier publie Parfois, en certains jours de lumière parfaite, qui ouvre assurément de nouvelles perspectives en poésie franco-ontarienne. » (p. 69)

    « Ce recueil existe parce qu'existe la poésie de Pessoa. Certains poèmes utilisent des vers tels quels, qui servent tantôt de détonateur, tantôt de point de chute, tantôt encore de charnière entre deux vers ou groupes de vers. » (p. 71)

    « Ce dialogisme poétique, creuset de Parfois, en certains jours de lumière parfaite, remet à l'avant-plan la récurrente question de l'originalité de l'œuvre littéraire. Il suffit de lire les actes du colloque sur le plagiat tenu à l'Université d'Ottawa en septembre 1991 pour mesurer toute l'ampleur polymorphe de cette paradoxale originalité. » (p. 72)
     

  • Narrateur participant, poète introspectif, s'exprimant sur la vie et dévoilant son for intérieur. 

    « Et s'il m'arrive parfois d'écrire
         mes poèmes
         (fantômes de ce qui ne sera jamais)
    sortent désassemblés de ma bouche » (p. 30)

    « Rien ne m'attache à rien
    mes vers sont mon impuissance
    Ce que je ne suis pas
    je l'écris » (p. 40)

    « C'est moi-même qui suis
    l'univers où j'existe
    Je suis le poème que je porte en moi » (p. 53)

    « Je cherche
    au ras du sol
    la lucidité                           exiguë et bleue
    qui me consume            goutte à goutte
    toute ma lumière » (p. 62)
     

  • Thèmes de l'écriture, de l'existence et de l'amour conférant au recueil une portée philosophique; thème délicat de la mort abordé dans plusieurs poèmes.

    « J'écrivais loin de mes cendres et de ma vie
    j'écrivais parce que la folle allure et le parfait amour regardaient la neige qui tombe
    et que la lenteur déchirait nos jours » (p. 15)

    « Je prends plaisir à faire comme si je n'existais pas
    C'est moins fatigant que de penser à ce que je devrais être » (p. 22)

    « Draps froissés
    odeur de café
    Je ne savais pas que l'amour était si réel » (p. 27)

    « Ne plus avoir à me souvenir
    parce qu'il est bien d'autres mondes que ce maigre
    monde-ci où mourir semble réel pour nous » (p. 36)
     

  • Poèmes modernes dans leur résistance à toute forme fixe, notamment par l'absence quasi totale de ponctuation et de rimes, par les longueurs variées et l'agencement non conventionnel des vers et des strophes.

    « D'un instant à l'autre
    sans trop que l'on sache pourquoi
    ni comment
    tout peut basculer » (p. 18)

    « Mesdames
    messieurs
                   s'il vous plaît
    silence » (p. 38)

    « Des mots où
    il n'y a ni lieu ni jour
    et
    d'où ne viendra jamais personne pour me voir » (p. 51)

    « Rendez-vous avec la poésie…
               Casa Fernando Pessoa
               une bibliothèque
                       puis
               une grande pièce vide avec au centre un piano
               comme un poème dans un jeu de quilles » (p. 58)

Langue

  • Registre soutenu, caractérisé par un vocabulaire riche dans les poèmes et littéraire dans la postface.

    « Il me fallait les alcools les plus tourmentés
        et les mensonges des fados les plus tristes pour que
        s'arrêtent les certitudes les plus incertaines
    vérités aveugles toutes pareilles à l'amour » (p. 31)

    « Au monastère des hiéronymites
    une épopée singulière…
            les cénotaphes
            de Luís de Camões
            de Vasco de Gama » (p. 59)

    « En parallèle à l'intertextualité, à laquelle les travaux de Bakhtine ont donné naissance, je pense à l'OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) dont les contraintes, élevées au rang de poétique, et la dimension ludique qui s'y rattache, siéent à l'entreprise scripturaire de Jacques Poirier. » (p. 73)
     

  • Lexique de la souffrance, du temps et de l'écriture; quelques mots en portugais, placés en italique dans le texte et définis à la dernière page du livre.

    « Il y a en moi un tumulte terrible
    je ne sais d'où cette douleur me vient » (p. 37)

    « Un poème naît               d'autres meurent
    la littérature n'est pas venue
                   n'est pas partie
    Le poète seul a changé » (p. 43)

    « Presque sans le faire exprès
    je trace des mots que l'on retrouvera dans un cancioneiro » (p. 51)

    « et
    dans le jardin
           Pessoa em pessoa » (p. 59)
     

  • Comparaisons et répétitions nourrissant le tragique et le lyrisme de l'œuvre.

    « Et puis
    je me repose
            épuisé comme un chien enragé » (p. 33)

    « La poésie qui traverse les corps comme du verre apprivoisé…
           vie fragmentée dans les rues de Lisbonne » (p. 57)

    « Je ne dis plus
    je ne dis plus rien
    Tout ce que j'ai dit
    tout ce que j'aurais voulu dire
    et encore plus
    tout ce que je n'ai pas dit » (p. 64)
     

  • Abondance de tournures de phrases négatives intensifiant la portée des textes.

    « Alors
    je m'assois au bord de la route
    déjà las du chemin
    conscient que l'exil n'est rien d'autre que le désir total et
        lointain » (p. 30)

    « Rien ne m’attache à rien
    mes vers sont mon impuissance
    Ce que je ne suis pas
    je l’écris » (p. 40)

    « J’ai vite deviné que la vie et la télé
    ne m’apprendraient rien d’autre
    que ce que j’ignore
    et qu’il faudrait bien          un jour
    que je goûte au silence de la vie qui s’échappe » (p. 63)

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à effectuer une recherche sur l'auteur Pessoa et sur son œuvre; leur demander de faire des liens entre sa vie et les poèmes de Poirier ou encore de retrouver les poèmes de Pessoa dont Poirier s'est inspiré.
  • Proposer aux élèves de rédiger quelques poèmes en calquant des extraits du recueil de Poirier et en tentant de répondre à la problématique suivante : comment créer une œuvre originale en s'inspirant d'un autre auteur.
  • Demander aux élèves de choisir quelques poèmes du recueil et d'en disposer les vers à leur guise, de façon originale, tout en les accompagnant de dessins ou d'images en faisant ressortir les principales émotions.
  • Proposer aux élèves de participer à une discussion sur le sens de l'existence; leur demander de faire ressortir des liens entre des extraits du recueil et certaines grandes théories philosophiques.

Conseils d'utilisation

  • Présenter l'auteur Pessoa et certains de ses poèmes aux élèves avant la lecture du recueil.
  • Réserver la lecture ou l'étude de la postface à des élèves adeptes de lecture, compte tenu de son niveau élevé de difficulté.