- Registre de langue courant et parfois familier; emploi de plusieurs mots et expressions qui ne font pas partie du langage oral du lectorat visé, pouvant nuire à la compréhension du texte.
« – Ton père, t’as plus qu’à l’oublier pour le reste de la journée. Tu profites trop de sa bonté, ça te rend égoïste et pleurnicharde. Te mettre un peu de plomb dans le cabochon, c’est grand-temps que quelqu’un s’en occupe. » (p. 16-18)
« La porte-moustiquaire grinça sur ses gonds, j’en eus la chair de poule jusqu’au bout des orteils, c’était comme si je pénétrais dans une bouche toute noire, pleine de tirettes à mouches pendues au plafond par les pieds. Je me mis à éternuer comme si cela avait pu conjurer les mauvaises odeurs et les mauvais sorts! » (p. 18)
« Après, c’était la corvée de l’essuyage avec des torchons si sales que ça faisait pigras dans les assiettes, les plats et les chaudrons. Si je tordais les guénilles avant de les mettre à sécher sur le comptoir, du méchant jus de pipe en sortait et ça me donnait mal au cœur. » (p. 23)
- Utilisation prédominante de phrases transformées, souvent longues et complexes; variété de types et de formes de phrases contribuant à la lisibilité de l’œuvre.
« Quand les miroirs ne sont pas trop nombreux autour de soi, on finit par s’habituer à n’importe quoi, on ne se rend plus tellement compte qu’on n’est pas amanché de la même façon que ses voisins, par ailleurs peu nombreux à habiter près de chez nous, particulièrement cette fois-là dont je parle quand j’étais bien petite, à peine plus haute que les épis de seigle qui poussaient dans les champs tout alentour de la maison de mon père. » (p. 11)
« – C’est vous qui mentez. Vous ne cueillez jamais de framboises parce qu’à cause de vos allergies, ça vous donne de l’urticaire. Quand mon père m’abandonne chez vous, c’est toujours moi qui vais en ramasser. Moi, les framboises, je peux en cueillir et en manger autant que je veux. » (p. 40)
« – Tu devrais rire, me dit Bonhomme. Pourquoi brailles-tu?
– Parce qu’il va falloir que je m’en aille maintenant et j’aimerais mieux rester ici avec vous tous. » (p. 106)
- Emploi de nombreux procédés stylistiques (p. ex., expression imagée, répétition, expression figurée, comparaison, énumération) qui enrichissent le texte et permettent au lectorat d’apprécier le style descriptif de l’auteur et les subtilités de l’intrigue.
« Elle sentait la vieille fille mal lavée, mal essuyée et mal repassée, ce qui l’autorisait à monter sur ses grands chevaux pour un rien, surtout si ce rien-là me mettait en cause. » (p. 13)
« Les poils de la brosse dont je me servais étaient tout écharognés, j’avais beau peser fort dessus que la peine en emportait pareil le profit. Je me relevais de là crottée comme un bélier qui a passé l’hiver dans un enclos mal famé, je suais à grosses gouttes et je puais autant qu’une mégaporcherie de Notre-Dame-du-Lac. » (p. 23)
« Je n’avais jamais entendu des cris pareils, on aurait dit que plein d’oiseaux fuyaient dedans, que plein de moutons y faisaient cavalcade, que plein de sifflets de locomotive coupaient l’air comme si un gros pain cuisait dedans. » (p. 95)
- Prédominance de séquences descriptives qui permettent au lectorat de visualiser la scène et de s’immiscer dans l’esprit des personnages.
« Quand mon père me laissa devant la maison de ma tante Gertrude, j’avais juste le goût de pleurer. Je regardais le vieux camion disparaître à un tournant de route dans un épais nuage de poussière, et c’était pire ce qui se passait en moi que quand on abandonne en plein champ un chaton qu’on ne veut pas voir grandir. » (p. 16)
« La peur m’avait pris, le cœur me cognait fort dans la poitrine et il y avait plein d’étoiles noires qui tombaient au milieu du salon quand j’ouvrais les yeux. » (p. 31-32)
« Un énorme pet aux odeurs d’œufs pourris ébranla la montagne, et ce fut là l’acte le plus poétique que le monde entendit jamais, de quoi expliquer que depuis j’aime me faire appeler Neigenoire, que j’ai sept chiens, que nous sommes parfaitement heureux dans la maison sans miroirs de mon père et que nous allons tous y vivre très vieux, même après la fin du monde s’il fallait qu’un jour elle s’adonne à passer par hasard chez nous. » (p. 112)
- Séquences dialoguées qui permettent de mieux comprendre la relation entre les personnages.
« – Continue de tricoter. Quand on est aussi peu intelligente que toi, aussi égoïste et aussi laide, on n’a pas d’autre façon de passer le temps. Moi, je m’en vais dans la montagne cueillir des framboises.
– Je ne veux pas rester ici toute seule, enchaînée à cette chaise et aux tuques que je tricote!
– Ça serait une injure pour le paysage si je t’emmenais avec moi. Ça serait pareil pour les animaux dans la forêt. Ça les fâcherait tellement de voir un péché mortel que la meute au complet se mettrait après toi pour te manger tout rond. » (p. 31)
« Lorsqu’ils mirent fin au caucus, Bonhomme éteignit sa pipe qui avait l’air d’un épi de maïs, puis dit :
– Ma femme et moi, nous allons nous rendre chez ta tante Gertrude.
– Elle va encore vous empoisonner!
– Elle ne nous refera pas le coup deux fois, ne t’inquiète pas. Nous avons mangé tellement d’écorce de hart rouge depuis son stratagème que nous sommes immunisés contre les boulettes de viande empoisonnées.
– Elle doit avoir en réserve d’autres tours dans son sac, c’est comme rien. » (p. 88-89)