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Neigenoire et les sept chiens

Une petite fille nommée Neigenoire doit gardienner sa vieille tante Gertrude, une vraie démone qui tricote sans arrêt et qui a le pouvoir de voler l’identité des autres. La tante Gertrude n’aime pas sa nièce et la force à l’accompagner aux framboises. Neigenoire fugue et se retrouve au fond d’une grotte avec sept chiens. Grâce aux chiens, Neigenoire pourra mettre fin au malrègne de sa vieille tante et habiter le Pays des merveilles de son enfance.

(Adapté de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnage principal et narratrice, Neigenoire, jeune fille attachante, orpheline de mère, qui suscite la jalousie de sa vilaine tante en raison de sa beauté; personnages secondaires, tante Gertrude, femme aux allures de sorcière et aux pouvoirs magiques, qui malmène sa petite nièce, le père, qui aime bien sa fille mais qui la laisse souvent chez la méchante tante lorsqu’il doit travailler, sept chiens sympathiques, dont les parents, Bonhomme et Maman Micropuce, et leurs cinq chiots, Bidou-Laloge, Snoopy, Numéro-Deux, Tifille et Sainte-Lucie, qui prodiguent des soins à Neignenoire et lui viennent en aide.

    « Mon père, moi je l’aimais bien comme il était. C’était le seul que j’avais et j’étais bien lorsque je me collais sur lui pour me réchauffer. Ça me faisait oublier que je n’avais pas de maman, ou qu’elle était morte loin dans le Costa Rica où mon père allait passer ses vacances toutes les fois qu’il se tannait de rester pris sous une bordée de neige. » (p. 10)

    « Moi, j’étais si foncée que j’avais dû naître au moins deux fois. C’est donc pas pour rien si je m’appelais Neigenoire, parce que j’étais tout le contraire de cette petite fille qui, dans le temps jadis, était blanche comme neige, belle comme rossignol, avenante comme chaude poignée de mains. Moi, j’avais le corps plutôt brouillon, de longues jambes de cigale avec comme un petit nœud au bout d’une ficelle, un petit nœud qui ressemblait à une tête que des cheveux crépus et ras poussaient dessus. » (p. 10)

    « Elle avait l’air d’un clou à tête carrée tellement elle était maigre, avec une face que le nez prenait toute la place et un front si étroit qu’il n’y avait presque pas d’espace entre les cheveux et les sourcils. Ma tante Gertrude avait aussi deux grosses verrues sur le menton, de longs poils durs comme du fil de fer barbelé poussant dessus. » (p. 13)

    « Le chien me dit aussi s’appeler Bonhomme. Il me présenta à sa femme qui était toute petite, rousse de partout, sauf pour le jabot, blanc comme neige, et pour le bout de la queue. La femme de Bonhomme avait pour nom Maman Micropuce et, couchée près de moi, elle allaitait cinq chiots, tous drôlement baptisés : Bidou-Laloge, Snoopy, Numéro-Deux, Tifille et Sainte-Lucie. » (p. 50)
     

  • Intrigue émouvante qui raconte avec originalité les péripéties de Neigenoire, en suivant la trame de fond du conte de Blanche-Neige; conte fabuleux, truffé de rebondissements qui s’enchaînent à un rythme qui tient le lectorat en haleine du début à la fin; sujet apte à capter l’intérêt de par les thèmes qui sont exploités (p. ex., maltraitance d’un enfant, jalousie, préjugé, haine, amour, amitié, compassion aventure, magie, imaginaire), certaines subtilités exigeant de l’inférence pour en saisir le sens. 

    « Quand je lui redis que je voulais dessiner, ma tante Gertrude hocha la tête, tapa du pied, puis me dit :
    – N’essaie pas de m’avoir par le sentiment. Pas aujourd’hui.
    – Qu’est-ce qu’il y a de si différent aujourd’hui par rapport aux autres fois que mon père m’a abandonnée ici? » (p. 26)

    « – Je t’avais prévenue! me dit ma tante Gertrude. Quand on mange les fruits défendus, la maladie vous saute dessus et c’est la mort qui triomphe. Tu la mérites parce que tu as gâché ma vie depuis que ton père t’a ramenée du Costa Rica. […] Te reste plus qu’à mourir maintenant. Fais-le vite et sans histoire! » (p. 42)

    « Je touchai mon corps : je n’avais plus pour vêtements que ma camisole et ma culotte, et j’étais couchée sur un lit de paille, un tapon de mousse en guise d’oreiller. J’écarquillai encore davantage les yeux. Je vis alors une longue langue rouge qui me léchait par petits coups et, au bout de cette langue-là, il y avait une grosse tête de chien jaunasse, sauf là où se trouvaient les yeux, bleus comme même le ciel par beau temps n’arrive pas à en avoir de pareils. » (p. 47-48)
     

  • Mise en page aérée; texte pleine page présenté sur des fonds de couleurs variées, organisé en chapitres numérotés; style original de pagination sur chaque page; illustrations aux couleurs vives et à caractère fantaisiste, contribuant à la compréhension du conte; présence de nombreux éléments graphiques et visuels qui facilitent l’interprétation du texte et qui ajoutent de l’agrément à la lecture (p. ex., jeux de couleur et de typographie, insertion de petites illustrations pour remplacer certains mots, tirets, majuscules, guillemets).

    « Tifille me léchant le dessous de bras et Snoopy me mordillant le menton, Sainte-Lucie se mit à geindre pour que je m’occupe aussi d’elle. Je feignis de ne pas la voir. Elle se laissa tomber sur le dos, faisant aller ses pattes de devant, l’air de me dire : "Tu le vois bien que j’ai une belle petite bedaine. Qu’est-ce que tu attends pour me la caresser?" » (p. 70)

Langue

  • Registre de langue courant et parfois familier; emploi de plusieurs mots et expressions qui ne font pas partie du langage oral du lectorat visé, pouvant nuire à la compréhension du texte.

    « – Ton père, t’as plus qu’à l’oublier pour le reste de la journée. Tu profites trop de sa bonté, ça te rend égoïste et pleurnicharde. Te mettre un peu de plomb dans le cabochon, c’est grand-temps que quelqu’un s’en occupe. » (p. 16-18)

    « La porte-moustiquaire grinça sur ses gonds, j’en eus la chair de poule jusqu’au bout des orteils, c’était comme si je pénétrais dans une bouche toute noire, pleine de tirettes à mouches pendues au plafond par les pieds. Je me mis à éternuer comme si cela avait pu conjurer les mauvaises odeurs et les mauvais sorts! » (p. 18)

    « Après, c’était la corvée de l’essuyage avec des torchons si sales que ça faisait pigras dans les assiettes, les plats et les chaudrons. Si je tordais les guénilles avant de les mettre à sécher sur le comptoir, du méchant jus de pipe en sortait et ça me donnait mal au cœur. » (p. 23)
     

  • Utilisation prédominante de phrases transformées, souvent longues et complexes; variété de types et de formes de phrases contribuant à la lisibilité de l’œuvre. 

    « Quand les miroirs ne sont pas trop nombreux autour de soi, on finit par s’habituer à n’importe quoi, on ne se rend plus tellement compte qu’on n’est pas amanché de la même façon que ses voisins, par ailleurs peu nombreux à habiter près de chez nous, particulièrement cette fois-là dont je parle quand j’étais bien petite, à peine plus haute que les épis de seigle qui poussaient dans les champs tout alentour de la maison de mon père. » (p. 11)

    « – C’est vous qui mentez. Vous ne cueillez jamais de framboises parce qu’à cause de vos allergies, ça vous donne de l’urticaire. Quand mon père m’abandonne chez vous, c’est toujours moi qui vais en ramasser. Moi, les framboises, je peux en cueillir et en manger autant que je veux. » (p. 40)

    « – Tu devrais rire, me dit Bonhomme. Pourquoi brailles-tu? 
    – Parce qu’il va falloir que je m’en aille maintenant et j’aimerais mieux rester ici avec vous tous. » (p. 106)
     

  • Emploi de nombreux procédés stylistiques (p. ex., expression imagée, répétition, expression figurée, comparaison, énumération) qui enrichissent le texte et permettent au lectorat d’apprécier le style descriptif de l’auteur et les subtilités de l’intrigue.

    « Elle sentait la vieille fille mal lavée, mal essuyée et mal repassée, ce qui l’autorisait à monter sur ses grands chevaux pour un rien, surtout si ce rien-là me mettait en cause. » (p. 13)

    « Les poils de la brosse dont je me servais étaient tout écharognés, j’avais beau peser fort dessus que la peine en emportait pareil le profit. Je me relevais de là crottée comme un bélier qui a passé l’hiver dans un enclos mal famé, je suais à grosses gouttes et je puais autant qu’une mégaporcherie de Notre-Dame-du-Lac. » (p. 23)

    « Je n’avais jamais entendu des cris pareils, on aurait dit que plein d’oiseaux fuyaient dedans, que plein de moutons y faisaient cavalcade, que plein de sifflets de locomotive coupaient l’air comme si un gros pain cuisait dedans. » (p. 95)
     

  • Prédominance de séquences descriptives qui permettent au lectorat de visualiser la scène et de s’immiscer dans l’esprit des personnages.

    « Quand mon père me laissa devant la maison de ma tante Gertrude, j’avais juste le goût de pleurer. Je regardais le vieux camion disparaître à un tournant de route dans un épais nuage de poussière, et c’était pire ce qui se passait en moi que quand on abandonne en plein champ un chaton qu’on ne veut pas voir grandir. » (p. 16)

    « La peur m’avait pris, le cœur me cognait fort dans la poitrine et il y avait plein d’étoiles noires qui tombaient au milieu du salon quand j’ouvrais les yeux. » (p. 31-32)

    « Un énorme pet aux odeurs d’œufs pourris ébranla la montagne, et ce fut là l’acte le plus poétique que le monde entendit jamais, de quoi expliquer que depuis j’aime me faire appeler Neigenoire, que j’ai sept chiens, que nous sommes parfaitement heureux dans la maison sans miroirs de mon père et que nous allons tous y vivre très vieux, même après la fin du monde s’il fallait qu’un jour elle s’adonne à passer par hasard chez nous. » (p. 112)
     

  • Séquences dialoguées qui permettent de mieux comprendre la relation entre les personnages.

    « – Continue de tricoter. Quand on est aussi peu intelligente que toi, aussi égoïste et aussi laide, on n’a pas d’autre façon de passer le temps. Moi, je m’en vais dans la montagne cueillir des framboises.
    – Je ne veux pas rester ici toute seule, enchaînée à cette chaise et aux tuques que je tricote!
    – Ça serait une injure pour le paysage si je t’emmenais avec moi. Ça serait pareil pour les animaux dans la forêt. Ça les fâcherait tellement de voir un péché mortel que la meute au complet se mettrait après toi pour te manger tout rond. » (p. 31)

    « Lorsqu’ils mirent fin au caucus, Bonhomme éteignit sa pipe qui avait l’air d’un épi de maïs, puis dit :
    – Ma femme et moi, nous allons nous rendre chez ta tante Gertrude.
    – Elle va encore vous empoisonner!
    – Elle ne nous refera pas le coup deux fois, ne t’inquiète pas. Nous avons mangé tellement d’écorce de hart rouge depuis son stratagème que nous sommes immunisés contre les boulettes de viande empoisonnées.
    – Elle doit avoir en réserve d’autres tours dans son sac, c’est comme rien. » (p. 88-89)

Référent(s) culturel(s)

  • Emploi de nombreuses expressions familières québécoises.

Pistes d'exploitation

  • À un cercle de lecture, amener les élèves à relever les événements dans l’œuvre qui ont suscité en eux des réactions (p. ex., la maltraitance, la négligence, les préjugés, le manque d’estime de soi, la compassion). Leur demander de discuter de ces événements en se servant d’exemples du texte.
  • Neigenoire subit de mauvais traitements de la part de sa tante Gertrude. Demander aux élèves de décrire les répercussions que peuvent avoir de tels gestes sur la victime (p. ex., dépression, anxiété, agressivité, suicide). Les inviter à suggérer des moyens qui peuvent aider la victime à faire face à de telles situations (p. ex., communiquer ses émotions, dénoncer les incidents). Inviter les élèves à se grouper par deux et à créer une affiche pour contrer l’intimidation. Exposer les travaux sur les murs de l’école.
  • Demander aux élèves de faire une comparaison de l’œuvre et du conte traditionnel de Blanche-Neige en se servant d’un tableau comparatif ou d’un diagramme de Venn pour relever les similitudes et les différences.
  • Inviter les élèves à relever les expressions figurées de l’œuvre (p. ex., un coup de vent écorneur de bœufs, monter sur ses grands chevaux, on avait l’estomac tellement loin dans les talons). Leur demander d’expliquer chaque expression dans son carnet de lecture et de s’en servir dans la rédaction d’une phrase. Les encourager à réinvestir les expressions dans de futures tâches d’écriture ou de communication orale.

Conseils d'utilisation

  • Aborder au préalable les thèmes de l’œuvre qui peuvent s’avérer perturbateurs pour les élèves (p. ex., la perte d’un parent, l’intimidation, l’abus physique et mental, les préjugés) et les situer dans le contexte d’un conte.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 10e année, Série : Active-toi, Racisme; L’intimidation.