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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Mémoire vive

Le temps qui passe (qui fuit!) semble s’employer à éloigner les êtres d’eux-mêmes. C’est la mémoire qui est alors appelée en renfort. Elle creuse; elle construit aussi, parfois sur ce que l’on croyait être des décombres. Se moquer d’une fillette à cause de son prénom et s’avouer qu’on en est amoureux, pousser des camarades à un défi absurde et découvrir que le piège se referme sur soi, être pris en otage chaque soir au retour de l’école, voilà qui pourrait n’être que des événements fortuits dans la vie d’un enfant. L’art du nouvelliste, qui tire parti de la brièveté pour en saisir la dimension dramatique, les transforme en des pièces essentielles dans l’élaboration de la personnalité. À partir de pareilles anecdotes, la vie a bifurqué, la conscience s’est développée, le souvenir a acquis valeur de précepte. Alors il arrive que le temps fasse mine de s’arrêter. Cela s’appelle le présent.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Trente nouvelles de longueurs variées dont certaines sont regroupées par sujet; intrigues souvent centrées sur le personnage principal et les émotions vécues face à une situation vraisemblable qui fait réfléchir et qui transforme.

    « Ce jour-là, je m’apprêtais à partir avec quelques amis vers une sablière creusée en plein bois, dans une vieille voiture tremblotante et déjà destinée à la ferraille. » (p. 44)

    « Silencieusement mais sûrement, elle envahissait ses pièces les plus grasses, les plus productives. Elle menaçait même, juste à côté, sa réserve de bois dur, où il bûchait chaque hiver ce qu’il lui fallait pour chauffer sa maison l’hiver suivant. » (p. 77)
     

  • Personnage principal campé dans la réalité et facilement identifiable d’une nouvelle à l’autre; généralement, narrateur de sexe masculin : enfant, adolescent ou adulte, parfois bourreau ou victime, parfois aidant ou antagoniste.

    « Couché dans mon lit étroit d’étudiant, je retenais mon souffle pour mieux écouter. Par la fenêtre, entrouverte à cause de juillet, j’entendais les coups qui pleuvaient. J’entendais aussi la voix ivre de Dejordy et les cris de douleur de Heather. » (p. 71)
     

  • Narrateur presque toujours participant qui fait connaître les pensées du personnage, qui décrit et explique les événements de façon précise et imagée, permettant ainsi au lectorat de bien se représenter les lieux et les situations.

    « Nous étions vingt ou trente. Peut-être davantage. Tous des amis. Tout au moins des camarades. Nous avions le même âge. Vingt ans, plus ou moins. Nous parlions le même langage. Nous cherchions les mêmes plaisirs. » (p. 113)

    « Les voisins feignaient de croire que tous les enfants étaient nés de Mélanie. Elle-même est entrée tôt dans le jeu, en ne s’objectant pas à la fausse maternité qu’on a commencé à lui attribuer, sans même qu’il y ait eu entente entre elle, son mari et sa sœur. Mais les voisins savaient, eux. Tout au moins, ils conjecturaient. » (p. 178)
     

  • Séquences descriptives précises et imagées qui façonnent les personnages, définissent le lieu et le temps et participent à la mise en place du dénouement inattendu de la nouvelle.

    « En plus d’être ma sœur et mon amie, Hélène était aussi… Je sais pas comment dire. Elle faisait partie de moi comme mes poumons. Comme mes yeux. Comme mes deux jambes. On était de la même pâte. De la même batch. Pourquoi on était comme ça? Je sais vraiment pas… […] On vivait côte à côte comme des soldats qui marchent du même pas. Comme deux fleurs de passe-rose sur une même tige. Comme deux petits chats jaunes dans une portée de chats noirs. C’était comme ça avec Hélène. Pouillasse de vie! » (p. 131)

Langue

  • Registre courant dans la plupart des nouvelles, familier dans quelques dialogues; utilisation de l’anglais pour illustrer une thèse, notamment dans la nouvelle intitulée Turncoat (p. 103).

    « Nous aimions le goudron, Rachel et moi. Nous nous glissions en secret par le trou de la palissade et nous débouchions dans un champ rempli de barils bosselés et éventrés, que la mine Bourlamaque, à Val d’Or, avait abandonnés là. » (p. 57)

    « Je sais pas très bien pourquoi, mais je préfère t’appeler Henrietta plutôt qu’Henriette. Il me semble que ça sonne mieux. Que ça fait moins oldie. Te rend-tu conte [sic] qu’on s’est pas vu ni parlé depuis plus qu’un an? Is it distance? Is it lack of interest? Whatever it is, we seem to be drifting apart and I feel bad about it. » (p. 110 et 111)

    « C’est pas ma faute. C’est ton mari Jean-Claude. Il m’a forcée à le faire. Moi, je voulais pas. Je lui ai dit que non. Il m‘a eue quand même. Dans la cave. Sur le vieux lit pliant. Je lui ai dit que c’était toi, sa femme. Ça l’a pas arrêté.  […] Pis à c’t’heure, il veut pas que je parte. Il veut que je reste icitte avec vous autres. » (p. 172-173)
     

  • Structures de phrases variées rythmant la lecture. Nombreuses figures de style, dont l’analogie, la substitution, l'opposition, l'insistance et la rupture, qui s’accumulent et s’entremêlent.

    « Elle était toute brune, Sassan. Les cheveux bruns, les yeux bruns, et surtout le teint brun. Même le long manteau de laine qu’elle portait, à motif de chevrons, était brun. C’était d’ailleurs un manteau d’adulte recyclé qui, à lui seul, la condamnait à la moquerie, à la dérision. » (p. 18)

    « Le silence monte en moi comme je suppose que monte le lait aux seins d’une nouvelle accouchée. Une poussée venue des profondeurs du ventre contre laquelle, comme pour les battements du cœur, la volonté, si elle s’y opposait, ne peut rien. Un silence sans amertume. Un silence doux comme un vin lentement siroté, qui met des heures à atteindre le cerveau. À faire naître l’euphorie. Le silence monte en moi comme une ivresse douce-amère dont j’espère ne jamais sortir. » (p. 141)

Pistes d'exploitation

  • Se servir de certaines nouvelles comme amorces à des discussions à propos de la violence, des abus et du harcèlement, p. ex., la nouvelle Sassan (p. 17), qui traite du harcèlement à l'école.
  • Demander aux élèves de transformer une nouvelle en nouvelle journalistique.
  • Inviter les élèves à rédiger le portrait d’un des personnages (p. ex., le bonhomme Joseph, dans Oiseaux).
  • Faire lire les nouvelles Kidnap (p. 65) ou Picea (p. 29) et ensuite demander aux élèves de rédiger un texte sur un de leurs souvenirs d'enfance.

Conseils d'utilisation

  • Faire un choix dans les nouvelles selon le profil du lectorat visé puisque parfois les sujets s’adressent davantage à un public mature (p. ex., Triangle, p. 162), tandis que d’autres fois, ils sont plus universels.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : Panorama – Artistes de chez nous, Auteurs : Christensen, Henrie et Mbonimpa.