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Marie-Tempête

Vers 15 ans, Marie-Lune éprouve une grande envie de liberté. Ses parents sont troublés. La vie était si paisible au bord du lac des Laurentides où la famille s’était installée.

C’est qu’Antoine est survenu, avec ses yeux verts, immenses, brillants comme la forêt des alentours les matins d’été. Et puis, Marie-Lune a commencé à trouver la ville bien attirante.

C’est dans ces circonstances que la mort frappe. Marie-Lune chavire. L’intensité du premier amour, l’atrocité d’un départ définitif, l’émerveillement d’une maternité pourtant si dérangeante, tout cela est beaucoup pour une jeune fille. Serait-ce trop? Marie-Lune devra traverser le désert de l’adolescence et aller jusqu’au bout de sa nuit.

Voilà un « vrai roman », comme le dit Jacques Allard dans sa préface, « où l’émotion court partout, sans tomber dans le mélodrame ».

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Trois titres déjà parus (Un hiver de tourmente, Les grands sapins ne meurent pas, Ils dansent dans la tempête) réunis en un seul texte et relatant l’histoire d’une adolescente, Marie-Lune, entourée de nombreux personnages secondaires dont son copain Antoine, ses amis précieux (Sylvie, Jean, Élisabeth), ses parents (Fernande et Léandre) et sa grand-mère.

    « Je m’appelle encore Marie-Lune, mais attention! Je suis plutôt une Marie-Éclipse, une Marie-Tonnerre, une Marie-Tremblement de terre. » (p. 16)

    « Antoine est grand et beau. Ses cheveux blonds sautillent sur son front et courent un peu sur sa nuque. Ses yeux verts sont immenses et ils brillent comme la forêt autour du lac, les matins d’été. » (p. 18)

    « Élisabeth, Élisabeth… Si seulement tu pouvais me donner un petit morceau de ton Dieu.
    Mais ne t’en fais pas trop… Je pars avec ce bonheur nouveau de savoir que tu existes et j’imaginerai souvent le chant des petites sœurs d’Assise dans la nuit.
    Je t’aime beaucoup, Élisabeth. Je n’ai jamais eu de sœur. Mais en secret – le savais-tu? – c’est ainsi que je t’appelle. Ma sœur. » (p. 307)
     

  • Narratrice participante, Marie-Lune, dans l’ensemble de l’œuvre; quelques lettres écrites d’un personnage à un autre (en italique) et histoire personnelle (en italique) racontée par un personnage, Élisabeth.

    « Ma mère a les cheveux bleus. Elle n’est pas complètement marteau, ni même un peu Martienne, mais simplement coloriste, au Salon Charmante, rue Principale à Saint-Jovite. […] Moi, je rêve d’une mèche bleu électrique. […] Mais pas question! La petite Marie-Lune de Fernande et de Léandre n’a pas le droit d’être punk. » (p. 15)

    « Cher moustique,
    J’aurais pu t’appeler pépin de pomme ou graine de sésame, mais depuis que je t’ai vu sur l’écran de la salle de radiologie, dans ma tête, tu t’appelles moustique. » (p. 163)

    « La prieure avait installé Emmanuelle dans une petite chambre au monastère. Elles étaient quatre ou cinq autour d’elle. Les autres moniales chantaient dans la chapelle. » (p. 289)
     

  • Thèmes et sujets nombreux rattachés à la vie pleine d’expériences et d’émotions fortes d’une adolescente (p. ex., premier amour, mort d’un parent, grossesse non désirée, suicide d’un ami, peur).

    « J’ai  décidé de parler à Antoine aujourd’hui.
    Avant d’éclater. Tant pis s’il ne m’aimait plus. S’il me trouvait ridicule et stupide. Je l’aimais encore, moi. Et je me sentais tellement seule. Il fallait que je lui dise… » (p. 43)

    « C’est notre premier Noël sans Fernande. Ma mère est morte le mois dernier. Les gens disent que je suis en deuil. C’est faux! Je suis en désastre. La mort, c’est contagieux. Quand quelqu’un près de nous meurt, on se sent mourir avec lui. » (p. 110)

    « Ta gueule, Claude Dubé! Tu aimes salir tout le monde, mais ça ne marchera pas avec moi. Ouvre bien tes deux grandes oreilles, Claude Dubé. Je vais avoir un bébé. Ce n’était pas planifié. Ç’aurait pu arriver à la moitié au moins des filles de la classe. Je ne me suis pas fait avorter, alors il pousse, mon bébé. » (p. 154)

    « Là, seulement, j’ai pleuré. Antoine était mort. Il avait décidé de s’enlever la vie. De se tuer. Et, avant de mourir, il m’avait lancé une poignée de mots, comme un bouquet fané. Une lettre déchirante et désespérée. » (p. 231)

    « Une onde de bonheur m’a submergée pendant quelques secondes puis j’ai senti l’angoisse m’étreindre. J’avais peur. Horriblement peur. Que Jean disparaisse, qu’il se sauve ou qu’il meure. Peur d’être blessée. Mais il y avait pire encore. Une appréhension nouvelle. J’avais peur que Jean souffre. Que mes fantômes l’étouffent, que mes tempêtes le brisent. » (p. 302)
     

  • Descriptions physiques et psychologiques des nombreux personnages souvent rendues à partir de leurs réactions
    vis-à-vis un événement ou un autre personnage.

    « Je m’étais assise sur le bord du lit de ma mère. Et je lui avais encore une fois tout raconté. Depuis l’apparition d’Antoine jusqu’au baiser. J’avais oublié qu’elle avait changé depuis quelques mois. Un vrai porc-épic. Je suis tombée de mon nuage. Une bonne débarque.
    – Je n’en reviens pas! Mon Dieu, que tu es naïve! Réveille-toi, Marie-Lune! Tu joues avec le feu. Si tu continues, tu vas te réveiller enceinte à quinze ans. » (p. 20)

    « Ils descendaient la grande boîte de bois au fond du trou. Je les trouvais tellement idiots. […] Un oiseau a crié. Il devait être loin, car il n’y a pas d’arbres au cimetière. C’est comme un désert. J’ai senti quelque chose débouler en moi. Une chute terrible. Un choc atroce.
    J’ai crié. Plus fort que les oiseaux sauvages.
    Léandre n’a pas bougé. Il criait peut-être, lui aussi, mais en silence. » (p. 65)

    « J’ai ri moi aussi. C’était trop bête. Léandre m’a regardée, l’air de revenir d’une lointaine planète. Il a contemplé son arbre. À croire qu’il le voyait pour la première fois! Et il a éclaté en sanglots.
    C’est là que j’ai compris tout à coup. Mon père l’avait probablement cherché longtemps son sapin malade. Son pauvre sapin tordu. Il voulait un arbre qui ressemblerait à son cœur. À ses souvenirs. À sa douleur. Un arbre ami. Aussi mal foutu que lui. » (p. 109)
     

  • Lien étroit établi entre l’homme et la nature, l’un étant souvent le reflet de l’autre.

    « Son chandail sentait l’automne, la terre noire et les feuilles mouillées.
    J’ai toujours aimé l’automne. À cause des grands vents qui hurlent et qui secouent tout. L’automne n’est pas une saison morte. C’est plein de vie, de furie. Mais c’est aussi une saison qui nous berce pendant de longs moments. Au ralenti. En silence. Quand la pluie cesse et que les vents s’apaisent.
    Je pensais à tout ça. Et au nom d’Antoine, pas tellement loin d’automne. » (p. 19)

    « Du coin de l’œil, je l’ai observé. Il était soucieux. Ou fatigué. Ou les deux. Son regard était triste derrière le voile d’indifférence.
    J’aime ses yeux. On y plonge comme dans une forêt. Secrète et silencieuse. Vaste et enveloppante. Terriblement vivante. » (p. 33)

    « Je pense bien vouloir vivre. Non… J’en suis sûre. Et c’est un peu, beaucoup même, à cause de toi. Je sais qu’il y aura des tempêtes et que je ne réussirai pas toujours à danser. Je perdrai sans doute quelques branches, mais mes racines creuseront le sol. » (p. 306)

Langue

  • Langue simple, souvent poétique, teintée d’humour et de tristesse, rendant bien la richesse du moment.

    « Ce n’était pas un nœud que j’avais dans la gorge, mais un troupeau d’éléphants. En avançant, je lui ai écrasé un pied – le droit, je crois. Il était aussi gauche que moi. En voulant me prendre le bras, il a failli s’enfuir avec mon chandail. » (p. 18)

    « Je me suis assise devant le miroir. Et j’ai vu mon bouton. L’horreur! Je l’ai tâté un peu pour mieux l’examiner. Évidemment, il avait grossi. J’ai sans doute fait une grimace. Ma mère devait m’épier. Elle a éclaté de rire. Un bon rire. Vrai. Franc. Ça faisait des siècles qu’elle n’avait pas ri comme ça.
    – Tu es belle quand même, tu sais.
    Ça aussi, on aurait dit que ça venait du fond du cœur. » (p. 32)

    « Antoine a ri. On s’est enlacés. Autant parce qu’on s’aime que pour se réchauffer.
    Il faisait déjà noir. Des tas de petits bruits trouaient la nuit. Ils venaient du vent, de l’eau, des oiseaux et des bêtes cachées que la lune réveillait. J’aime cette musique, lourde de silences.
    – Viens… » (p. 59)

    « Un cri rauque a fusé : JEAN!
    Il avait déjà disparu.
    Je pleurais encore lorsqu’elle [sœur Élisabeth] est revenue. Je n’ai rien dit, rien expliqué. Il fallait effacer Jean de ma vie. Ne plus jamais rêver qu’il me prenne dans ses bras. Brûler tous les souvenirs. Ne plus rien souhaiter. Ne plus croire en rien.
    Je ne dormais pas vraiment : je sombrais. » (p. 246)
     

  • Variété de structures syntaxiques et nombreuses figures de style (p. ex., comparaison, métaphore, gradation) qui ajoutent à la valeur du texte.

    « L’abbé Grégoire chante comme un crapaud enrhumé, et sa chorale ne vaut guère mieux, mais la chaleur de leurs voix me faisait du bien. » (p. 55)

    « Ton père est une forêt, moustique. Invitante, changeante. Chaude, enveloppante. Mon corps tremble juste d’y penser. Mais c’est une forêt ravagée. Une forêt de dix-sept ans qui a vu tous les temps. La vie a écorché ton père, moustique. » (p. 176)

    « La vie est une paroi dangereuse. Et les hommes, des alpinistes fous. » (p. 229)

    « Je ne m’étais jamais sentie aussi misérable. Aussi profondément malheureuse. Aussi complètement perdue, abandonnée, dépossédée. » (p. 276)
     

  • Champs lexicaux nombreux, évocateurs de thèmes tels que la mort, la maternité, la peur, l’amour, les croyances religieuses.

    « La mort avait creusé un gouffre en moi. Un trou énorme que rien ne comblerait jamais. J’étais condamnée à porter toute ma vie cette immense absence. » (p. 150)

    « Il gueulait tellement fort. J’avais entendu les exclamations du Dr Larivière : "C’est un garçon! Il est vivant!" Ça m’avait presque insultée. Je savais bien que mon moustique était vivant. Nous avions mené une rude bataille tous les deux dans la salle d’accouchement. Et nous l’avions gagnée. » (p. 214)

Référent(s) culturel(s)

  • Quelques références à la francophonie culturelle et littéraire (p. ex., extrait du poème Le pélican d’Alfred de Musset, extrait de la chanson Le monde est stone de Fabienne Thibault, mention de Luc Plamondon).

Pistes d'exploitation

  • Inviter chaque élève, individuellement ou en petit groupes, à formuler une question adressée à l’auteure. Un autre élève ou groupe d’élèves reçoit la question et y répond (p. ex., Comment expliquer que Marie-Lune soit si peu renseignée au sujet de l’allaitement maternel?)

    « Je voulais juste la paix. Mais donner quoi?
    Du lait, bon sang! Ça m’a frappée comme un coup de matraque. J’avais déjà lu un petit truc sur l’allaitement maternel dans la salle d’attente du bureau du DLarivière.» (p. 215)

    – D’où vient, chez vous, l’importance de la nature, tellement présente dans votre roman?
    – Quel est votre personnage préféré? Pourquoi?
     

  • En groupe-classe, lire la préface et discuter des idées et des jugements critiques présentés.
  • Discuter avec les élèves du thème du suicide chez les adolescentes et adolescents et trouver avec eux des façons d’aider une ou un ami, qui, tout comme Antoine, a des pensées suicidaires; inviter, si nécessaire, une ou un intervenant qui saura suggérer des ressources utiles.
  • Demander aux élèves de faire une recherche sur les quelques cloîtres qui existent encore au Canada et dans lesquels habitent des religieuses ou des religieux qui ont fait le vœu du silence. Par la suite, demander aux élèves d’écrire un texte dans lequel une personne réfléchit au vœu de silence qu'elle a fait il y a cinq mois. 

Conseils d'utilisation

  • Préparer les élèves en abordant certains thèmes et certains sujets délicats(p. ex., la sexualité, l’avortement, les croyances religieuses).
  • Bien accompagner les élèves dans la lecture du roman, surtout dans la troisième partie, Ils dansent dans la tempête, qui traite de psychologie et de quête spirituelle chez les personnages.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série Télé-litté, Un hiver de tourmente.