- Trois titres déjà parus (Un hiver de tourmente, Les grands sapins ne meurent pas, Ils dansent dans la tempête) réunis en un seul texte et relatant l’histoire d’une adolescente, Marie-Lune, entourée de nombreux personnages secondaires dont son copain Antoine, ses amis précieux (Sylvie, Jean, Élisabeth), ses parents (Fernande et Léandre) et sa grand-mère.
« Je m’appelle encore Marie-Lune, mais attention! Je suis plutôt une Marie-Éclipse, une Marie-Tonnerre, une Marie-Tremblement de terre. » (p. 16)
« Antoine est grand et beau. Ses cheveux blonds sautillent sur son front et courent un peu sur sa nuque. Ses yeux verts sont immenses et ils brillent comme la forêt autour du lac, les matins d’été. » (p. 18)
« Élisabeth, Élisabeth… Si seulement tu pouvais me donner un petit morceau de ton Dieu.
Mais ne t’en fais pas trop… Je pars avec ce bonheur nouveau de savoir que tu existes et j’imaginerai souvent le chant des petites sœurs d’Assise dans la nuit.
Je t’aime beaucoup, Élisabeth. Je n’ai jamais eu de sœur. Mais en secret – le savais-tu? – c’est ainsi que je t’appelle. Ma sœur. » (p. 307)
- Narratrice participante, Marie-Lune, dans l’ensemble de l’œuvre; quelques lettres écrites d’un personnage à un autre (en italique) et histoire personnelle (en italique) racontée par un personnage, Élisabeth.
« Ma mère a les cheveux bleus. Elle n’est pas complètement marteau, ni même un peu Martienne, mais simplement coloriste, au Salon Charmante, rue Principale à Saint-Jovite. […] Moi, je rêve d’une mèche bleu électrique. […] Mais pas question! La petite Marie-Lune de Fernande et de Léandre n’a pas le droit d’être punk. » (p. 15)
« Cher moustique,
J’aurais pu t’appeler pépin de pomme ou graine de sésame, mais depuis que je t’ai vu sur l’écran de la salle de radiologie, dans ma tête, tu t’appelles moustique. » (p. 163)
« La prieure avait installé Emmanuelle dans une petite chambre au monastère. Elles étaient quatre ou cinq autour d’elle. Les autres moniales chantaient dans la chapelle. » (p. 289)
- Thèmes et sujets nombreux rattachés à la vie pleine d’expériences et d’émotions fortes d’une adolescente (p. ex., premier amour, mort d’un parent, grossesse non désirée, suicide d’un ami, peur).
« J’ai décidé de parler à Antoine aujourd’hui.
Avant d’éclater. Tant pis s’il ne m’aimait plus. S’il me trouvait ridicule et stupide. Je l’aimais encore, moi. Et je me sentais tellement seule. Il fallait que je lui dise… » (p. 43)
« C’est notre premier Noël sans Fernande. Ma mère est morte le mois dernier. Les gens disent que je suis en deuil. C’est faux! Je suis en désastre. La mort, c’est contagieux. Quand quelqu’un près de nous meurt, on se sent mourir avec lui. » (p. 110)
« Ta gueule, Claude Dubé! Tu aimes salir tout le monde, mais ça ne marchera pas avec moi. Ouvre bien tes deux grandes oreilles, Claude Dubé. Je vais avoir un bébé. Ce n’était pas planifié. Ç’aurait pu arriver à la moitié au moins des filles de la classe. Je ne me suis pas fait avorter, alors il pousse, mon bébé. » (p. 154)
« Là, seulement, j’ai pleuré. Antoine était mort. Il avait décidé de s’enlever la vie. De se tuer. Et, avant de mourir, il m’avait lancé une poignée de mots, comme un bouquet fané. Une lettre déchirante et désespérée. » (p. 231)
« Une onde de bonheur m’a submergée pendant quelques secondes puis j’ai senti l’angoisse m’étreindre. J’avais peur. Horriblement peur. Que Jean disparaisse, qu’il se sauve ou qu’il meure. Peur d’être blessée. Mais il y avait pire encore. Une appréhension nouvelle. J’avais peur que Jean souffre. Que mes fantômes l’étouffent, que mes tempêtes le brisent. » (p. 302)
- Descriptions physiques et psychologiques des nombreux personnages souvent rendues à partir de leurs réactions
vis-à-vis un événement ou un autre personnage.
« Je m’étais assise sur le bord du lit de ma mère. Et je lui avais encore une fois tout raconté. Depuis l’apparition d’Antoine jusqu’au baiser. J’avais oublié qu’elle avait changé depuis quelques mois. Un vrai porc-épic. Je suis tombée de mon nuage. Une bonne débarque.
– Je n’en reviens pas! Mon Dieu, que tu es naïve! Réveille-toi, Marie-Lune! Tu joues avec le feu. Si tu continues, tu vas te réveiller enceinte à quinze ans. » (p. 20)
« Ils descendaient la grande boîte de bois au fond du trou. Je les trouvais tellement idiots. […] Un oiseau a crié. Il devait être loin, car il n’y a pas d’arbres au cimetière. C’est comme un désert. J’ai senti quelque chose débouler en moi. Une chute terrible. Un choc atroce.
J’ai crié. Plus fort que les oiseaux sauvages.
Léandre n’a pas bougé. Il criait peut-être, lui aussi, mais en silence. » (p. 65)
« J’ai ri moi aussi. C’était trop bête. Léandre m’a regardée, l’air de revenir d’une lointaine planète. Il a contemplé son arbre. À croire qu’il le voyait pour la première fois! Et il a éclaté en sanglots.
C’est là que j’ai compris tout à coup. Mon père l’avait probablement cherché longtemps son sapin malade. Son pauvre sapin tordu. Il voulait un arbre qui ressemblerait à son cœur. À ses souvenirs. À sa douleur. Un arbre ami. Aussi mal foutu que lui. » (p. 109)
- Lien étroit établi entre l’homme et la nature, l’un étant souvent le reflet de l’autre.
« Son chandail sentait l’automne, la terre noire et les feuilles mouillées.
J’ai toujours aimé l’automne. À cause des grands vents qui hurlent et qui secouent tout. L’automne n’est pas une saison morte. C’est plein de vie, de furie. Mais c’est aussi une saison qui nous berce pendant de longs moments. Au ralenti. En silence. Quand la pluie cesse et que les vents s’apaisent.
Je pensais à tout ça. Et au nom d’Antoine, pas tellement loin d’automne. » (p. 19)
« Du coin de l’œil, je l’ai observé. Il était soucieux. Ou fatigué. Ou les deux. Son regard était triste derrière le voile d’indifférence.
J’aime ses yeux. On y plonge comme dans une forêt. Secrète et silencieuse. Vaste et enveloppante. Terriblement vivante. » (p. 33)
« Je pense bien vouloir vivre. Non… J’en suis sûre. Et c’est un peu, beaucoup même, à cause de toi. Je sais qu’il y aura des tempêtes et que je ne réussirai pas toujours à danser. Je perdrai sans doute quelques branches, mais mes racines creuseront le sol. » (p. 306)