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Marie-Julie

Lorsqu’en 1893 Marie-Julie atteignit ses seize ans, elle fut bien heureuse d’être invitée par son oncle et sa tante à les accompagner au Massachusetts pour y travailler dans une filature de coton, comme bien des Québécois du temps. Trois ans après, de retour dans son village natal, elle épouse Victor.

Ayant vécu jusqu’à quatre-vingt-neuf ans, Marie-Julie a été témoin de tous les malheurs de ce vingtième siècle. Malgré tout, rien ne put entamer son courage et son sens de l’humour.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Marie-Julie, qui se souvient des étapes de sa vie en attendant la visite de son fils à l’hospice où elle réside maintenant.  

    « Malgré moi, mon imagination revenait à ce dimanche d’autrefois, alors que j’avais dix ans et que je me préparais à la première communion. Pendant toute la semaine, j’étais allée au catéchisme, et ce jour-là c’était la visite pastorale de Monseigneur l’Évêque. » (p. 11)

    « J’ai pris ma canne et je suis allée la refermer.  Alors seulement, j’ai pu me replonger avec délices dans les événements qui avaient marqué mon arrivée au Massachusetts et qui en avaient fait une journée inoubliable. » (p. 23)
     

  • Plusieurs personnages secondaires (p. ex., le patron de la filature, son époux Victor, son amie Cécile, sa sœur infirme Jeanne, ses sept enfants et leurs familles, le prêtre et le docteur du village, etc.) qui interagissent avec Marie-Julie, contribuant chacun à leur manière à son évolution.

    « – Vous vouliez me voir, Monsieur Robitaille? Peut-être pouvez-vous m’expliquer pourquoi j’ai eu une moins bonne paye ce mois-ci. » (p. 65)

    « – Tu es comme mon père. Vous êtes trop bons pour imaginer qu’un homme puisse être aussi méchant que ça. Tu sais, Victor, je suis bien heureuse d’avoir un mari comme toi. » (p. 103)

    « – Antonio Marcellan! Je te le défends absolument!  Tu penses pas que j’ai eu assez de peine quand j’ai perdu Dollard pour avoir à m’inquiéter maintenant de savoir mon deuxième fils à la guerre, exposé à se faire tuer d’un jour à l’autre? » (p. 128)
     

  • Narratrice participante autant dans le moment présent que dans les nombreux retours en arrière, qui permet de voyager dans l’univers de Marie-Julie et de comprendre ses états d’âme.

    « Une fois mon père parti, Victor m’a dit qu’en effet le docteur Prévost devait être assez compétent pour mettre un enfant au monde.  Il avait tellement d’expérience.  Je n’étais pas rassurée, et j’ai demandé à Victor de me conduire auprès de ma sœur. » (p. 112)

    « Je sais que Dieu est tout-puissant, mais parfois je trouve qu’il exagère.  Aussi, lorsque j’arriverai devant lui, ce qui ne devrait pas trop tarder, j’aurai deux mots à lui dire. » (p. 170)
     

  • Divers procédés narratifs dont l’utilisation de la chronologie, du discours direct et indirect et de nombreux retours en arrière permettant de mieux comprendre le cheminement de la narratrice.

    « Mais tous me paraissaient fades à côté de Victor. Était-ce l’effet de l’éloignement? Il me semblait que j’aurais donné n’importe quoi pour entendre Victor m’appeler "Marie-
    Jolie"… » (p. 31)

    « – Quand à toi, Marie-Julie, pour que tu te rendes bien compte de ce que c’est qu’un mariage catholique, je voudrais que tu te mettes à genoux et que, la main sur le saint Évangile, tu répètes après moi : je jure d’observer les lois qui régissent les mariages catholiques, surtout en ce qui touche le devoir et la nécessité de ne pas empêcher la famille. » (p. 76)

    « Maman a poussé un cri, car en ce temps-là, très peu de gens survivaient à une opération.
    […] Mais je ne veux plus évoquer ces tristes souvenirs. Les choses ont suivi leur cours inexorable. Les funérailles de Jeanne ont eu lieu trois jours plus tard. » (p. 116)

Langue

  • Registre courant dans l’ensemble de l’œuvre ainsi que registre familier dans certaines séquences dialogales.

    « – Ah, Monsieur le Chancelier, c’est un bien grand honneur pour nous que vous ayez choisi notre maison, avait déclaré Mère Saint-Édouard d’Alexandrie toute rougissante, frémissante d’excitation. Comme nous allons bien prendre soin de votre chère maman! » (p. 10-11)

    « La semaine de travail étant fixée à soixante heures par l’État du Massachusetts, on travaillait assez durant les cinq premiers jours pour quitter à trois heures de l’après-midi le samedi. » (p. 29)

    « "C’est assez, vous autres. Pas de sacrage ni de bataille dans ce magasin-icitte", a-t-il dit en les empoignant par le collet et en les séparant de force. » (p. 139-140)
     

  • Figures de style variées (p. ex., métaphore, comparaison) permettant d’apprécier le style sobre de l’auteur.

    « Je m’étais fait une coiffure relevée et mon nouveau chapeau, légèrement de côté et penché en avant, avait l’air d’un bateau qui naviguait sur les vagues de mes cheveux. » (p. 49)

    « Et il y avait ses beaux yeux bleus, bleus comme la flamme du gaz du poêle de cuisine de la Tante Oblore au Massachusetts. » (p. 171)
     

  • Champs lexicaux variés évocateurs des thèmes abordés (p. ex., la famille, la maladie, la mort, la guerre, les traditions et les coutumes de l’époque, la religion) et convenant au lectorat ciblé.

    « Arrivé près de la victime qui gisait face contre terre, il a retourné le corps de son pied. Il n’y avait pas de doute : ces yeux vitreux et fixes, la tache de sang sur la poitrine ne trompaient pas. » (p. 109)

    « – Je regrette de ne pouvoir accomplir de miracles. Voilà deux fois que vous m’appelez, mais pour des cas désespérés. C’est vraiment triste, mais il n’y a rien à faire d’autre que ce que vous faisiez en m’attendant, c’est-à-dire lui donner le plus de confort possible et lui humecter les lèvres. Je ne crois pas qu’il reprenne connaissance, mais je repasserai demain.
    Il a tenu sa promesse. Il est arrivé juste à temps pour signer le certificat de décès. » (p. 122)

    « Un amendement adopté par le Sénat, qui annulait l’exemption des étudiants en théologie, a valu au gouvernement les foudres du cardinal Bégin qui n’a pas hésité à affirmer que la proposition d’assujettir les ecclésiastiques, les frères convers et les membres des noviciats catholiques à l’obligation de faire le service militaire constituait une grave atteinte aux droits de l’Église et que tout bon ecclésiastique devrait s’y opposer. » (p. 137)

    « Ce malaise a persisté jusqu’à la libération d’Amiens par les Alliés, le 8 août 1918. Malgré les nombreux deuils qui ont suivi, tout le monde pensait que vraiment cette guerre se terminerait par la victoire des Alliés. » (p. 141)

Pistes d'exploitation

  • Dans le cours de sociologie, dégager les caractéristiques de la famille en tant qu’institution au début du 20e siècle et étudier le rôle de la femme dans celle-ci et dans la société.
  • Dans le cours d’affaires et de commerce, étudier le fonctionnement et la composante économique des industries de filature dans le nord des États-Unis et le rôle qu’y ont joué les Canadiens français.
  • Dans le cours de français, rédiger un panégyrique et une épitaphe pour Marie-Julie Marcellan au nom de ses enfants.

Conseils d'utilisation

  • Situer l’œuvre dans le contexte historique de l’époque et dégager les caractéristiques des événements historiques importants dont la guerre des Boers en Afrique, la Deuxième Guerre mondiale, la conscription, le droit de vote, la crise économique et l’expatriation des Canadiens dans les filatures américaines.
  • Situer l’œuvre dans le contexte religieux et social de l’époque et prendre connaissance  des sujets plus délicats abordés par l’auteure (les enjeux du mariage, le harcèlement, l’inceste, la violence, le meurtre, la mort, la sexualité, la prostitution, etc.) pour saisir les mœurs de l’époque et pour comprendre certains préjugés.
  • Présenter ce récit, qui trace les souvenirs d’une femme, tant aux garçons qu’aux filles.
  • Se servir de l’avant-propos pour mettre le roman en contexte.