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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2L’Homme de paille

En pleine guerre, la troupe de maître Auguste sillonne la Nouvelle France pour offrir au public les douceurs du théâtre. Qu’importe que la Colombine soit une évadée de l’hôpital des sœurs grises et le Pierrot, un escroc repenti? On s’invente la vie qu’on peut en cette époque troublée.

Mais, quand la flotte anglaise se pointe en aval de Québec, les comédiens se trouvent pris au piège dans la ville assiégée. Aussitôt, ils cherchent à se mettre sous la protection d’un mystérieux capitaine, Benjamin de son prénom, dit Saint-Ours des Illinois, dit l’homme de paille. Venu des pays d’En-Haut, cet officier se peint la figure pour se mêler aux Abénaquis qui vont dévaster la Nouvelle Angleterre, pour la plus grande gloire du roi de France. Benjamin se fait reconnaître à l’effigie qu’il laisse partout où il frappe, une croix habillée en épouvantail, d’où son surnom.

Comme tout finit par finir, même le pire, les boulets cessent un jour de pleuvoir sur Québec, et la paix revient dans la colonie, où le roi d’Angleterre commande désormais à des sujets français. Le monde recommence. Chacun se cherche un nouveau rôle pour s’adapter à la situation. Une seule chose est certaine, personne ne se retrouvera là où on l’attendait.

Dosant savamment minutie et parodie, L’Homme de paille offre un portrait d’époque fascinant, tracé mine de rien par une plume impertinente, tout acquise au plaisir du texte.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

 

3 À propos du livre

Contenu

  • Roman alliant fantaisie, imagination et réalité, le tout ayant pour toile de fond la conquête britannique de la Nouvelle-France.

    « C’est une bien grande perte. Dire qu’on répétait cette pièce depuis le printemps, bien avant que la flotte anglaise n’apparaisse sur le fleuve. Le boulet a rendu le décor inutilisable, et les spectateurs, qui sont rentrés chez eux furieux à cause du sang et de la cervelle du Capitan sur leurs beaux vêtements, c’étaient les seuls payants de la capitale; les autres entrent moyennant un sac de noix, un morceau de pain sec; quelquefois rien, mais on les laisse entrer quand même pour créer une illusion de foule. C’est moins décourageant comme ça. » (p. 13)
     

  • Un personnage principal, Saint-Ours dit l’homme de paille, lui-même le narrateur principal cédant souvent sa place à une kyrielle de voix narratives, celles de personnages secondaires.

    « Mais le petit souffleur n’est pas en état de faire son métier, alors c’est à moi, Auguste, de raconter le reste, parce qu’après tout je suis le directeur. » (p. 83)

    « Il est si beau, mon Benjamin, un vrai bébé. Je l’ai pas réveillé, comme il me l’a demandé, et j’ai bien fait. S’il savait tout ce qui se passe dans la seigneurie, il serait pas content. Autant qu’il dorme alors. Moi, sa Valentine, je veille sur lui. » (p. 141)

    « Monsieur est parti. Comme tant d’autres.
    Il y en a qui le regrettent, d’autres moins. Chose certaine, on arrive à se débrouiller sans lui. Et puis je suis là, moi, son ami Pâtissant. Un jour, je serai digne de le remplacer dans l’affection de ses censitaires. » (p. 175)
     

  • Personnages souvent extravagants et aux multiples identités adoptées selon les circonstances de la vie.

    « Il y avait aussi Blaise le bourreau, devenu apothicaire, docteur auparavant, qui racontait des plaisanteries grivoises; Barnabé, autrefois mon émérite secrétaire, aujourd’hui maître d’école, et l’éternel fiancé de la marquise de Stillborne, qui fait encore de belles culbutes et bonimente comme personne […] » (p. 253)
     

  • Dichotomie entre la composition symétrique de l’œuvre (trois livres composés de dix chapitres chacun) et ses nombreux éléments (personnages, péripéties, sujets, thèmes), créant un ensemble plutôt complexe.

Langue

  • Registre courant dans l’ensemble de l’œuvre; quelques expressions familières ou vulgaires ou encore relevant d’une autre époque et aujourd’hui jugées sexistes ou racistes.

    « J’ai pensé que la pauvre Jéricho allait défaillir de dégoût ou de désir. Elle pâlissait à vue d’œil dans le noir pendant que les deux autres riaient comme des folles. Elles devaient se venger de ce que Jéricho les a toujours considérées comme des moins que rien, la bourrelle et la négresse. » (p. 88)

    « Un petit incident est venu cependant troubler mes passe-temps impériaux. J’étais dans la cuisine, j’avais faim, et par un signe convenu, j’ai donné l’ordre à Valentine de me fricoter quelque chose. Elle m’a envoyé chier. » (p. 126)

    « Elle avait beau jouer à la gouvernante tant qu’elle voudrait, la maîtresse, ici, c’est moi! Rien qu’à moi, mon Benjamin, rien qu’à moué… » (p. 144)
     

  • Passages humoristiques (personnages, tournures de phrases, idées, vocabulaire) allégeant le texte.

    « C’est Barnabé, l’écrivain de la troupe, qui s’époumone ainsi. Lui qui ne sait pas écrire trois mots sans faire quatre fautes, il se dit auteur depuis le jour où il a acheté à un notaire ambulant une écritoire, trois plumes d’oie et un encrier presque plein. Ses collègues ont eu beau ricaner, il s’est convaincu qu’un théâtre sans écrivain n’est pas un vrai théâtre, et que si la guerre n’avait pas tant raréfié le papier, il aurait des choses à écrire. Ce n’est qu’une question de papier, qu’il dit. » (p. 11)

    « Le Capitan avait trop bu la veille comme d’habitude et oublié ses répliques dans un pot de bière. » (p. 33)

    « Les gens d’ici ne voudront entendre que des messes en latin, autrement, s’ils y comprennent quelque chose, ils ne croiront pas. Il faut qu’ils n’y comprennent rien pour être sûrs que c’est du vrai. Vite, dis-lui quelque chose en latin! » (p. 193)

    « Ce bonheur n’a pas duré, car à la mort de Stillborne, sa parente Claridge a vendu la brasserie à l’armateur Moleçonne de Montréal pour se faire marquise plus vite. » (p. 242)
     

  • Lexique relié aux différents thèmes traités dans l’œuvre (p. ex., violence, misère, religion, guerre, théâtre) et convenant à un lectorat avisé.

    « Pour pendre un homme, il doit le faire monter après lui sur l’échelle, chose guère facile car rares sont les condamnés qui ont le repentir assez vif pour se laisser faire. Il lui faut ensuite nouer la corde autour du cou, et Blaise est alors saisi de véritables convulsions. […] Une fois la corde nouée, cet homme, qui ne sait que plaire aux femmes, doit pousser le patient et hâter la strangulation en lui donnant des coups dans le ventre ou en se pendant à ses épaules ou à ses genoux. » (p. 38)

    « On s’est habitué pourtant aux murs de la cave qui tremblent sous les bombes; aux incendies qui éclatent à tout bout de champ; aux cris infernaux des malheureux que les chirurgiens amputent au loin; au sang qui coule dans les rues lorsque la mitraille tue des enfants en quête de nourriture; aux mouches vertes et bleues qui hantent les pendus. C’est la faim qui est dure. On ne s’y habituera jamais. » (p. 75)

    « Et puis on croit quand même en Dieu par ici. Dans les maisons de la seigneurie, on trouve encore des chapelets, des statues de la Sainte Vierge; on connaît le calendrier des fêtes religieuses, on récite le Te Deum. Ces usages ne se perdent pas parce qu’il n’y a rien pour les remplacer. »
    (p. 177)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreux référents culturels de la francophonie canadienne et internationale en raison de la toile de fond de l’œuvre, soit la conquête de la Nouvelle-France. 

    « Elle est acadienne, son premier défaut. D’avance, on n’aime guère ici ces réfugiés qui ont souffert plus que tout le monde. Le Grand Dérangement a donné aux Acadiens une supériorité morale que jalousent ceux qui estiment avoir déjà assez souffert de la faim et de la guerre. » (p. 36-37)

    « Tiens, Franklin embrasse Voltaire à Paris. Ils s’aiment comme deux bons vieux francs-maçons qu’ils sont. Ça se comprend. Et La Fayette qui est accueilli en héros à Brest et couronné de lauriers à Paris. » (p. 233)

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de relever les noms des personnages historiques, de situer ces personnages dans l’histoire du Canada et de discuter de la façon de les présenter dans le roman.
  • Les membres de la troupe de maître Auguste jouent divers rôles. À cela s’ajoutent leurs identités multiples et surprenantes dans la « vraie » vie. Avec les élèves, créer un schéma représentatif des nombreuses « incarnations » de chacun des personnages du roman.
  • Relever et présenter comme sujets de discussion quelques idées bien trouvées et bien rendues dans l’œuvre. Se servir des citations ci-jointes à titre d’exemple.

    « Avant ma maladie, j’aurais sans doute lancé un défi à cet homme, mais après avoir été si mal si longtemps, il me fallait recourir à plus de ruse. La faiblesse fait mieux réfléchir que la force, je venais de découvrir ça aussi. » (p. 102)

    « C’est lui qui m’a appris mon métier de seigneur, et il m’a donné ainsi le goût du lignage. Pour un homme sans avenir, il n’y a rien de plus beau que le passé, surtout celui qu’on peut inventer. » (p. 134)

Conseils d'utilisation

  • Reconnaître la complexité de l’œuvre, qui peut être appréciée à différents niveaux d’interprétation, et en réserver l’étude à un lectorat averti.
  • Avant la lecture, discuter avec les élèves de certains sujets délicats abordés dans l’œuvre (p. ex., le racisme, la religion, la sexualité, la violence, la guerre) en tenant compte du contexte historique et social du roman et en prenant en considération l’intention de l’auteur.
  • Afin d’aider les élèves à mieux comprendre l’œuvre, décrire avec eux ce que fut la conquête britannique de la Nouvelle-France lors du Siècle des Lumières.