- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; plusieurs mots nouveaux pouvant parfois être déduits par le contexte; vocabulaire en lien avec les sujets exploités.
« Pendant que les chevaliers s’excitaient, ravis à la perspective de se battre, le chevalier Gaston et Bertrand de Gourron, le visage soucieux, faisaient un aparté. Visiblement, ils ne partageaient pas la liesse générale. Leur conciliabule terminé, le chevalier Gaston prit la parole.
– Avant de foncer dans la direction que le messager nous indique, il faudrait vérifier que ce n’est pas un piège.
– Pourquoi ne serait-ce pas vrai? demanda le chevalier Jean. L’attaque signalée a eu lieu à proximité du territoire de Laymon, c’est logique qu’il passe par là.
– S’il voulait nous faire quitter Saint-Aventin pour prendre la forteresse sans défense, il feindrait d’attaquer un point éloigné de nous, fit remarquer Bertrand, venant à la rescousse de Gaston. » (p. 41-42)
« Le premier affrontement fut d’une extrême violence et les deux opposants vacillèrent, mais ils réussirent à se rétablir et tendirent le bras pour recevoir une nouvelle lance. Cadet, qui n’en était qu’à son deuxième tournoi, fut trop lent à la remettre à Damien. Lorsque Jordan fut sur lui, il ne l’avait pas encore bien empoignée et ne put esquiver le choc qui le jeta à terre. » (p. 207)
- Figures de style abondantes et diversifiées (p. ex., comparaisons, métaphores) qui agrémentent la lecture.
« Le troubadour qu’il prétendait imiter avait cabriolé tout autour de la salle avec l’agilité d’une chèvre. […] Comme tous les seigneurs, Jordan était un excellent cavalier qui ne se servait de ses pieds que lorsqu’il ne pouvait absolument pas faire autrement. S’il avait pu démontrer son adresse à cheval, rien n’aurait été plus facile, mais à terre, il était aussi pataud qu’un ours. » (p. 73)
« Ils s’installèrent ensuite dans l’herbe pour manger. Ils étaient tombés sur des marchands aisés qui aimaient la bonne chère et ils firent bombance. Après avoir vidé les gourdes de vin, ils s’allongèrent pour la sieste. » (p. 159)
« Le guérisseur était un vieillard dont le crâne chauve était entouré d’une couronne de cheveux d’un blanc jaunâtre. Très maigre, il avait un nez en bec d’aigle et de petits yeux d’une brillance inquiétante. Il voulut être payé d’avance et tendit une main osseuse dont les longs ongles d’une saleté extrême évoquaient les serres d’un oiseau de proie. Le jeune bandit eut un mouvement de recul, effrayé par cet homme ressemblant si fort à un rapace, mais Damien donna une pièce au rebouteux et poussa son complice vers lui. » (p. 224-225)
- Emploi de phrases de base et de phrases longues, parfois complexes, contenant des manipulations linguistiques qui risquent de perturber la compréhension.
« Jordan, qui avait vécu une situation analogue, quelques années plus tôt, pour une raison aussi fausse et injuste que Paulin aujourd’hui, savait ce que ressentait son ami : la colère d’être accusé à tort, l’humiliation d’être traité comme un malfaiteur, la tristesse de se sentir abandonné de tous. » (p. 65)
« L’évêque lui avait recommandé une discrétion absolue, mais avec Paulin, ils avaient convenu que cette consigne ne s’appliquait pas à leurs compagnons, et ceci pour deux excellentes raisons : d’une part, Albin et Girard avaient prouvé leur loyauté, d’autre part, l’importance de la mission était telle que, s’il arrivait malheur au porteur de l’objet sacré, il faudrait que l’un des autres s’en charge. » (p. 163-164)
- Séquences dialoguées qui contribuent à la compréhension de l’œuvre en permettant de mieux saisir les relations entre les personnages.
« – Si vous avez raison, il faut imaginer un moyen de l’obliger à se montrer.
– Je n’en vois qu’un, dit Paulin. Le provoquer.
– Mais comment, puisqu’on ne l’a pas trouvé?
– En faisant une chose qui va tellement l’agacer qu’il se manifestera.
– Bonne idée, approuva Jordan, mais quoi?
– Oui, quoi? répétèrent les écuyers comme un seul homme.
– Ce que Damien déteste, expliqua patiemment Paulin, c’est que tu reçoives des honneurs. Il y a beaucoup trop de tournoyeurs expérimentés ici pour espérer que ce soit par le biais d’un combat. Il ne te reste donc qu’à jouer au troubadour. La dernière fois, il n’a pas été capable de le supporter. Essaie encore, on verra. » (p. 197-198)
- Texte composé majoritairement de séquences descriptives qui apportent plusieurs précisions sur les lieux visités, les aventures vécues, les personnages et les obstacles rencontrés, facilitant l’évocation d’images mentales pendant la lecture.
« Jordan se sentait complètement désorienté. Depuis des années, il avait voulu prouver qu’il était plus fort et plus valeureux que Damien, et il se trouvait tout d’un coup dépossédé de ce qui avait été son but. Il marcha pendant des heures, tour à tour furieux, déçu, abattu, avant que la colère ne s’empare de lui à nouveau. Il finit par s’écrouler, épuisé, sur une portion de la plage déserte où il s’endormit. À son réveil, la colère était tombée et il avait accepté la réalité : Damien était mort. En se demandant ce que cette disparition allait changer dans sa vie, il réalisa à quel point son ennemi avait conditionné ses comportements. À vouloir sans cesse l’affronter, il lui avait laissé prendre une place démesurée, consacrant à ce félon beaucoup plus de son temps et de ses pensées qu’il ne le méritait. » (p. 268-269)