- Registre courant comprenant plusieurs mots et expressions complexes se rapportant au sujet exploité dans l’œuvre; quelques expressions journalières contenues dans les séquences dialoguées.
« Soudain, un hurlement strident nous tire de notre hébétude. Un cri aigu, prolongé, un cri d’angoisse, presque un pleur, mêlant en lui une indicible tristesse et une profonde terreur. Quand l’horrible gémissement s’éteint enfin, un silence de mort règne sur la forêt. » (p. 10)
« Nous devons marcher à la queue leu leu, chacun ne voyant que le dos de celui ou de celle qui le précède. » (p. 24)
« – Non, je ne vois rien. Mais j’entends comme un glouglou, vers la droite. Je suppose que c’est le glissement de l’eau sur les planches. Nous ne sommes pas très loin. » (p. 25)
- Plusieurs phrases transformées et une variété de formes et de types de phrases évoquant le suspense et permettant au lectorat de se faire une image mentale des événements.
« Tout le monde est d’accord. Le nez pincé, le dos parcouru de frissons chaque fois que nous posons le pied sur le fond mou et fuyant, nous progressons lentement dans le bourbier. Sur nos jambes, sur notre poitrine, nous ressentons d’innommables caresses gluantes et impossibles à identifier. Poissons, mollusques, sangsues? Ou les doigts spectraux de quelque créature inconnue des profondeurs? » (p. 62-63)
« C’est l’affolement! Que faire? Nous cacher, ou sortir pour l’accueillir sur la terrasse? Feindre le détachement et l’innocence, ou bien le menacer et l’obliger à nous expliquer les raisons de son comportement incohérent? Nous n’avons pas le temps de faire une conférence, déjà l’homme a atteint la terrasse. » (p. 179)
- Nombreuses figures de style (p. ex., comparaison, métaphore, énumération) ajoutant à la richesse du texte.
« Le temps change extrêmement vite sous les tropiques, et le vent a tôt fait de nettoyer le ciel et de dévoiler la lune et les étoiles. Et bientôt, la chaleur étouffante, un instant dissipée par la pluie, retombe sur la clairière comme une chape de plomb. » (p. 9)
« La rivière nous emporte dans les profondeurs de la nuit. » (p. 31)
« À nos pieds, l’eau semble pourtant nous attendre, comme un ennemi tapi dans l’ombre, une gueule béante qui se refermera sur nous sitôt que nous y aurons fait un pas. » (p. 55)
« Nous sommes assis dans la boue, près de l’eau, presque dans l’eau. À présent, il faut attendre, il n’y a rien d’autre à faire. Attendre qu’un bateau passe, espérer que le pilote nous voie, sortir enfin de cet enfer vert. » (p. 112)
- Séquences descriptives révélant les émotions ressenties par les personnages et assurant le suspense tout au long du roman.
« Mais ici, isolés du monde par l’eau et la brume également infranchissables, comment pouvons-nous empêcher ces sombres histoires de nous envahir peu à peu, de prendre possession de notre esprit? Et puis ces cris, tout à l’heure. Ces deux horribles cris… Un singe affolé, comme l’a prétendu Isabelle? Elle-même n’y croyait pas vraiment. » (p. 35-36)
« Serrés les uns contre les autres, nous tentons de scruter l’ombre inquiétante qui nous environne. À quelques pas, je crois discerner un mouvement fugace. Et, soudain, je distingue enfin quelque chose dans le noir! Quelque chose d’effrayant. Deux yeux, deux yeux sortis des ténèbres, nous fixent intensément! » (p. 98)
- Séquences dialoguées permettant de suivre le fil des événements et de comprendre les liens entre les personnages.
« Sans attendre, Isabelle se lève et va vers l’échelle qui permet d’accéder au carbet. Elle a déjà empoigné les montants pour descendre quand je l’arrête :
– Pas si vite! Tu ne peux pas partir comme ça, toute seule. Je vais t’accompagner, mais il n’est pas question de pénétrer dans la forêt.
– Alors j’y vais aussi, ajoute José, qui en a sans doute assez d’être cloîtré dans une cabane sombre.
– Nous allons rester toutes seules, alors! s’écrie Morgane. Et puis vous allez vous perdre, vous êtes fous!
Mais Isabelle s’est déjà engagée sur l’échelle, et je lui emboîte le pas.
– Attendez, dit Caroline. Il vaut mieux que nous y allions tous les cinq. Nous n’irons pas plus loin que le ponton. Je vais prendre une lampe et un chandail. » (p. 22-23)