- Registre de langue courant dans le récit des événements; registre tantôt familier, tantôt populaire, truffé de régionalismes acadiens, dans la majorité des séquences dialoguées.
« Je devrais répondre que ça fait des semaines que je ne dors pas bien. Depuis mon arrivée à Memramcook en début d’année scolaire, en fait. Je suis habituée aux bruits de la ville et au tapage des grands centres. Ici, il n’y a que le vent pour se plaindre la nuit. Je crois que ça fait même fuir les fantômes. Mais bon, je ne crois pas que sa question porte sur le mal du pays. » (p. 7)
« – Taise-toi donc pis écoute-moi! Ça va pas être compliqué de faire un travail sur le père Lefebvre. On nous parle de lui chaque année à l’école et tout le monde en parle comme si y l’aviont connu à Memramcook. Il était aimé de tous parce qu’il était proche du monde. Et sais-tu quoi? C’était un Québécois lui aussi! » (p. 25)
« "Well, tchisse que t’es, toi?
– C’est Marie, répond Mathieu. Elle est nouvelle ici.
– Ben, tu sauras qu’y a beaucoup de travail à faire parce que c’est plein d’histoires dans la building icitte. Le père Chose, là, on dit que c’était comme un hero pour les Acadiens. Pis c’est moi qui protège cecitte." » (p. 45)
- Types et formes de phrases variés traduisant les sentiments des personnages et permettant une lecture expressive.
« Ben voyons, Mathieu! As-tu pensé au fait que le père Lefebvre était pauvre? Madame Sophie l’a assez dit. Quand il a fait construire son collège parce qu’il manquait de place dans l’ancien bâtiment, y avait pas une cenne. Il a dû demander des dons à droite pis à gauche pour rassembler les montants nécessaires, pis il a fait des miracles. Je pense même qu’il a reçu de l’argent de la France tellement il était convaincant. Ça tient pas debout ton histoire. » (p. 31)
« Debout devant le socle de pierre sur lequel repose la statue du père Camille Lefebvre, Mathieu déroule délicatement le journal pour éviter de le déchirer. Le papier est sec, mais ne se défait pas. Il contient une croix reliée à un bout de chaîne ornée de trois billes en bois.
"C’est quoi ?
– Je le sais pas.
– Voyons, il faut savoir c’est quoi. C’est le prochain indice!" » (p. 56)
- Figures de style (p. ex., personnification, métaphore, énumération, interjection, comparaison, onomatopée) permettant de se représenter des actions, des sensations, des pensées et ajoutant du rythme au texte.
« Il fait nuit noire dans la vallée et il vente à écorner les bœufs. Au loin, le ciel gronde et fait parfois trembler les murs. L’orage n’est pas encore ici, mais il approche. Je suis vissée à ma fenêtre et je ne dors pas. J’observe les branches qui viennent de temps à autre gratter contre la vitre et je ne peux pas dire que je trouve ça rassurant. » (p. 5)
« Une vraie chasse aux sorcières, alors que c’était lui qui avait jeté de l’huile sur le feu. » (p. 12)
« La pièce n’est pas très grande et est simplement meublée : une table, une commode, un lit et une berceuse composent le mobilier. » (p. 32)
« Son accent ressemble à du chinois pour moi. » (p. 45)
« "Hé! Quosse vous faites là?" demande Gerry en colère. » (p. 95)
« Mathieu continue son manège. Bong! bong! bong! La cloche résonne à tout rompre, jusqu’à ce que Mathieu, assourdi, lâche prise et retombe sur le plancher. » (p. 96)
- Séquences narratives racontant le déroulement des événements; séquences descriptives dépeignant l’apparence et le comportement des personnages.
« Comme la majorité des gens d’ici, Mathieu n’est pas très grand. Il porte des lunettes rondes et ne peut se départir de cette affreuse casquette qui ne lui va pas bien du tout. Il a toutes les caractéristiques d’un premier de classe, mais n’a rien du garçon timide et réservé auquel on serait tenté de penser. Au contraire, je le trouve beaucoup trop confiant pour son propre bien. Il a cette mauvaise habitude de toujours chercher à impressionner. Un vrai gars, quoi! » (p. 24)
« J’examine alors la rampe, mais celle-ci, en métal, est beaucoup trop récente pour dater de l’époque du père Lefebvre. Mathieu s’approche de la rampe et s’appuie sur le couronnement du pilier. Nerveusement, il secoue la main pour signaler son impatience, ce qui a pour effet de décoller la pièce de bois sculptée. » (p. 53)
« S’appuyant sur Mathieu, Joseph donne un signe d’approbation à mon père, qui se met au travail en grimaçant. Il creuse avec vigueur autour de la fondation, mais procède tout de même délicatement pour ne pas toucher ou abîmer la chapelle. Nous n’avons pas à attendre très longtemps avant que la pelle heurte un obstacle. » (p. 104)
- Séquences dialoguées révélant le caractère des personnages et contribuant au déroulement de l’action.
« "Vas-tu t’excuser au moins? que je lui réponds en tentant de rester calme.
– À cause?
– Tu passes ton temps à te moquer de mon nom, c’t’affaire.
– Reviens-en, Marie!
– J’en reviens pas, justement. Si tu veux travailler avec moi, il va falloir que tu t’excuses.
– À une seule condition…
– C’est pas toi qui mets les conditions, Mathieu Landry!
– À une condition, j’ai dit.
– Laquelle?
– C’est que tu prennes au sérieux la proposition que je vais te faire.
– Quelle proposition?
– Tu me promets que tu vas pas rire?
– Ben, ça dépend, là…
– Tu es obligée de promettre, Marie, sans ça tu t’arranges toute seule.
– O.K., c’est beau. Je te promets que je vais pas rire.
– Bon, chus sorry, c’est-tu correct, là?" » (p. 26-27)
« "C’est vrai! Je te jure! Mon pépère était maçon et il a travaillé à restaurer la vieille chapelle qui est située à l’intérieur de l’Institut.
– C’est n’importe quoi, Mathieu Landry. Les trésors de pirates, ça n’a jamais existé.
– Je te parle pas de pirates, là. Je te dis juste ce qu’il m’a conté. Il y a une légende qui raconte que, dans ce temps-là, plusieurs personnes allaient travailler aux États et elles se faisaient payer en or. Quand elles revenaient, un homme riche échangeait leur or pour de l’argent. C’est cet or qui est enterré par icitte.
– Et pourquoi ce serait dans l’Institut?
– Ce qu’on appelle l’Institut aujourd’hui, c’était le Collège Saint-Joseph que le père Lefebvre a fondé, mais un grand feu a tout brûlé à l’exception de la chapelle. C’est là que mon pépère a trouvé une carte! […]" » (p. 29 à 31)