- Roman historique du Canada français dans lequel s’entremêlent des faits de guerre, des anecdotes liées à la vie quotidienne et une aventure romanesque vraisemblable.
« À son départ de La Rochelle, le 22 juin 1746, l’escadre de 72 navires envoyée pour reprendre Louisbourg des Anglais avait été grandement retardée par des vents défavorables. Le bateau du commandant, séparé des autres, était arrivé à la baie Chibouctou au sud de Louisbourg, le 13 septembre. » (p. 25)
« Après presque trois ans de vie commune et la naissance de deux enfants, Jean-Baptiste Guion et Gilette Commer officialisaient leur union devant le père Caulet. […] Gilette et Jean-Baptiste avaient fait un mariage à la fois d’amour et de raison. Au moment de se rencontrer, tous les deux avaient de jeunes enfants, une situation qui les avait incités à reconstituer une cellule familiale solide. » (p. 28)
« L’officier, subitement transporté dans un monde où il n’y avait plus que lui et Josette, se tourna et plongea son regard dans les traits adorables de sa compagne. Si le couteau de Cunel l’avait atteint, il serait mort sans avoir connu l’amour. » (p. 65)
- Deux personnages principaux, le lieutenant Mathurin Le Mordant et la jeune villageoise Josette Guion, voués à un amour impossible dans le contexte militaire de l’époque.
« "Cet incident me montre vos qualités d’officier, lieutenant. Je sais que votre rang vous le devez uniquement à votre compétence."
Le Mordant demeura coi. La remarque du gouverneur était un éloge, mais aussi un rappel de ses origines humbles. Il avait gravi les rangs de l’armée sans l’appui d’un titre de noblesse, ou encore des relations bourgeoises. » (p. 62)
« Josette s’était posé la question. Un parti comme l’astronome lui donnerait les moyens de quitter Louisbourg et de vivre à l’abri de la misère. Par contre, devenir la femme de Mathurin Le Mordant, comme le lui dictait son cœur, la vouerait à un avenir des plus incertains, sujet aux caprices de l’armée et du roi. » (p. 74-75)
« "Le premier dossier à attaquer : les demandes de permission de mariage. Nous en avons une dizaine. Il faut absolument décourager cette pratique! […]"
Le major des troupes remit à Le Mordant une feuille avec une série de noms. Que dirait son supérieur s’il formulait le souhait d’ajouter le sien à cette liste? » (p. 82)
- Nombreux personnages secondaires, créant un milieu social hétéroclite, typique de Louisbourg au milieu du XVIIIe siècle : de simples villageois, des esclaves noirs et sioux, des gens de métier, des militaires et des aristocrates imbus de pouvoir (p. ex., la veuve Auger, Jean-Baptiste Cupidon, Rosalie, la boulangère Marie Viguier, le major Le Courtois de Surlaville, le comte de Raymond).
« La grand-mère de Catherine, la veuve Auger, l’élève avec son petit frère. Mais elle est d’une affreuse cruauté. On voit Catherine dehors, même par les temps les plus froids, et sa grand-mère la bat. » (p. 46)
« Décidément, ce Cupidon avait une connaissance intime de la forteresse et de ses habitants.
[…]
Il remit le seau à Rosalie et sourit en pensant à Catherine Françoise. Chaque jour, son projet de l’épouser devenait de plus en plus réalisable. Amasser la somme nécessaire pour acheter sa liberté et celle de Catherine Françoise n’était qu’une question de temps et de persévérance. » (p. 54)
« Le lieutenant se présenta au bureau de Michel Le Courtois de Surlaville […]
"[…] M. le comte de Raymond est imbu de lui-même et ne cherche qu’à se faire valoir auprès des puissants par des faveurs et non par l’exercice exemplaire de son devoir. De l’autre côté, il y a le commissaire ordonnateur Prévost et sa lutte contre le gouverneur… " » (p. 80-81)
- Narrateur omniscient (l’auteur) racontant la vie publique et privée des personnages; dates mises en exergue situant l’action dans le temps et donnant au récit l’apparence d’un journal de bord; titres annonçant clairement la teneur des chapitres (p. ex., Rompre les rangs, Mariage à la gaumine, Calamités, Ultime combat, Nouveau départ); notes de l’auteur (Louisbourg après la capitulation, Remarques sur la vérité historique) présentées en annexe.
« Un grand nombre des personnages de ce roman, autant les militaires que les civils, sont des gens qui ont réellement vécu à Louisbourg… » (p. 317)
- Sujets et thèmes susceptibles d’intéresser les élèves du groupe d’âge visé (p. ex., amour, religion, procès, peine capitale, esclavage, liberté, feu, héroïsme, peur, faim, chagrin).
« Gilette sentait aussi l’embarras de son homme de se trouver devant un religieux dans ce lieu sacré quand eux vivaient en état de péché. Faute d’un prêtre, leur mariage, célébré trois ans auparavant à la façon du pays, soit avec de simples vœux solennels prononcés devant témoins, n’avait jamais été officialisé par l’Église. Le retour des religieux catholiques à Louisbourg obligerait le couple à régulariser sa situation. » (p. 21)
« – Mais ton maître, il n’a pas besoin de toi?
Née dans l’esclavage, Catherine Françoise avait été achetée par Blaise Cassaignole à l’âge de 15 ans. Depuis, elle accomplissait toutes les tâches essentielles à la maisonnée de son maître […]
– Bien sûr que oui, confirma Jean-Baptiste. Mais, avec l’argent que je lui ai donné, il va s’acheter un nouvel esclave, plus jeune. » (p. 93)
« Debout, à côté d’eux, Latulipe pouvait sentir leur peur, évacuée par une sueur malodorante, comme si la vie elle-même cherchait à s’échapper de ces corps sur le chemin de la mort. » (p. 166)
- Épisodes multiples rappelant le choix judicieux du titre du roman : Le sortilège de Louisbourg.
« Les Anglais, le colonel Peregrine Hopson en premier, ne cachaient pas leur immense soulagement de quitter enfin ce repaire du diable arraché à la France à la suite d’un siège de 46 jours en juin 1745. » (p. 16)
« – Décidément, les affaires du cœur sont complexes ici.
Josette sourit.
– Certains vont jusqu’à parler d’un sortilège qui plane sur la forteresse. » (p. 157)
« En quittant Le Mordant, Josette posa son regard sur les ruines fumantes de la boulangerie. "La reconstruction prendra du temps et de grands efforts", songea-t-elle en se demandant pourquoi Dieu s’acharnait à éprouver si durement les gens de Louisbourg. » (p. 186)
« Vers une heure de l’après-midi, les vents commencèrent enfin à diminuer et la pluie cessa. Mathurin et Vivelamour s’empressèrent d’ouvrir la porte Dauphine […] De ce côté, les deux sentinelles ne virent que désolation et destruction. » (p. 210)
« L’épidémie de typhus avait emporté 850 matelots et le nombre des alités dépassait 1 000. » (p. 213)
« Wolfe soupira. En effet, il n’était plus question de foncer vers Québec. […]
– Quel pays! pesta-t-il. L’on ne peut y faire la guerre que pendant trois mois de l’année! » (p. 311)