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Le Secret d’Aiglantine

Quand Amélie est retrouvée étranglée devant son métier à tisser, tout le monde est sous le choc. Pour quelle raison a-t-on assassiné une femme qui ne quittait jamais sa maison ni son village? Le maréchal des logis-chef Émilien Gontard est chargé de mener l'enquête.

Au fil de ses recherches, il est amené à interroger la fille de la victime, Aiglantine, jeune femme célibataire, séduisante et mystérieuse qui semble lui cacher certains détails de son passé.

Émilien, perspicace et persévérant, parvient à réunir les indices qui lui laissent entrevoir un scénario pour le moins surprenant. Mais les soupçons qui prennent lentement naissance dans son esprit sont-ils le reflet de la réalité? Est-il vraiment possible que…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnage principal, Aiglantine, jeune femme éprise de liberté, victime d’un viol qui la fait fuir à Lyon où elle donne naissance à un enfant qu’elle laisse en adoption. 

    « C’était une très jolie fille, mais, ce qu’on remarquait avant tout, c’était la couleur de ses yeux, un violet profond, qui hésitait parfois entre le bleu foncé et le noir. » (p. 75)

    « – Allons, rentre tes griffes, je voulais te dire à quel point je pense à toi depuis la fête de dimanche.
    – Ça ne m’intéresse pas. 
    – Pourquoi? Tu es promise?
    – Pas du tout, et j’ai d’autres projets que de prendre époux, de faire des gones, de travailler toute la journée au velours et de servir un mari. » (p. 80)

    « – Avez-vous des nouvelles de mon bébé?
    […]
    – Oui. Il se trouve dans une famille qui l’adore. Ses parents adoptifs voyagent beaucoup. J’ignore où ils se trouvent actuellement. » (p. 173)
     

  • Nombreux personnages secondaires, dont Amélie, la mère d’Aiglantine, victime du meurtre, Firmin, le maréchal-ferrant qui a épousé cette dernière pour la sauver du déshonneur et qui a élevé son enfant comme un père bon et aimant, Pierre Drevon, le violeur, Émilien Gontard, l’enquêteur persévérant qui démasque l’assassin, Mathieu, un chimiste auprès duquel Aiglantine finit par trouver l’amour, Daniel de la Roche-Drieux dont Aiglantine s’avère être la fille illégitime et Alfred de Vuillermont, l’assassin de la tisserande. 

    « – Amélie, t’es là? T’as oublié le fricot sur le poêle?
    Ce fut alors qu’il découvrit son corps, affaissé sur son métier à tisser, la tête reposant sur le coupon de velours commencé l’avant-veille.
    […]
    Ce fut alors seulement qu’il s’aperçut que le cou de la morte s’ornait d’un étrange collier rougeâtre. […] C’était incontestable, la femme avait bel et bien été étranglée. » (p. 10-13)

    « Firmin n’était pas démonstratif, il se contentait de l’entourer d’un regard affectueux; parfois, il lui  caressait les cheveux, mais il retirait aussitôt sa main, comme confus de cette familiarité. » (p. 49)

    « Pierre sentit la fureur monter en lui. Cette petite pimbêche lui résistait et le méprisait. Son désir de la prendre malgré sa volonté redoubla. » (p. 80-81)

    « Quand Émilien rentra chez lui, une bonne odeur de rôti de porc l’accueillit dès le seuil. […]
    Il ne ferma pas l’œil de la nuit. […]
    Il établit sa stratégie : arriver chez les de la Roche-Drieux avant Alfred de Vuillermont, non sans avoir dissimulé préalablement quelques-uns de ses hommes autour de la propriété pour se prémunir contre une éventuelle fuite du suspect… » (p. 323-324)

    « De même, Mathieu serait à ses côtés et elle se surprenait à trouver là un réconfort auquel elle n’aurait jamais cru quelques jours plus tôt. » (p. 325)

    « Julien la fixa d’un regard glacial.
    […]
    – Vous avez compris, n’est-ce pas? Aiglantine est la fille d’Amélie Vial. Elle est ma fille. » (p. 334)

    « – Vuillermont, cela ne sert à rien, vous aggravez votre cas. Reculez! Jeter ce tesson à terre et libérez-la!
    L’homme répondit dans un rire sarcastique :
    – Un crime de plus ou de moins, cela changera-t-il quelque chose, puisque de toute façon j’aurai droit à la potence? Si j’ai une chance de m’enfuir, je la saisis. »  (p. 348) 
     

  • Roman policier dans lequel un assassinat vient troubler la vie du petit village lyonnais de Messimy, en 1869; enquête, menée en alternance avec la révélation de secrets longuement gardés par la tisserande et sa fille, tenant le lectorat en haleine du début à la fin; schéma narratif comprenant plusieurs retours en arrière (p. ex., chapitre 2 : départ d’Amélie pour la ville, 28 ans plus tôt, en 1841; chapitres 8, 12 et 16 : souvenirs d’Aiglantine remontant à l’année 1858); nombreux thèmes susceptibles d’interpeller le lectorat visé (p. ex., le désir d’émancipation, la vie rurale au XIXe siècle, l’amour à sens unique, le suicide); quelques leçons de vie toujours aussi pertinentes de nos jours.
  • Mise en page simple et aérée; œuvre répartie en 33 chapitres titrés et numérotés; éléments graphiques (p. ex., italiques, notes de bas de page, guillemets, tirets, points de suspension) qui facilitent l’interprétation de l’œuvre; marqueurs de lieux et de temps en caractères gras et en italiques au début de certains chapitres; utilisation de lettrines pour accentuer le premier mot d’un chapitre; petit symbole indiquant un changement de scène dans certains chapitres; dédicace au début de l’œuvre; remerciements de l’auteure et table des matières à la fin de l’ouvrage.
     

Langue

  • Langue courante dans la narration, mais plus soutenue, typique d’une autre époque, dans certains dialogues; emploi de lieux-dits (p. ex., La table de pierre, L’Étoile d’Alaï) qui ajoutent de la vraisemblance et de la couleur locale; champs lexicaux liés aux métiers, plus particulièrement au tissage, témoignant d’une œuvre bien documentée.  

    « Les pierres des maisons et celles du mur d’enceinte du village apparurent comme lavées. Le ciel se libéra de son voile, mais resta gris, bas et lourd. » (p. 9)

    « – Que t’a-t-il dit, petite?
    – Que l’héritage venait uniquement de ma mère, selon un contrat passé avant vos noces, et que sans doute le mariage n’a eu lieu que pour préserver sa réputation et m’assurer une filiation légitime. Est-ce la vérité? Es-tu réellement mon père? » (p. 87-88)

    « … il se pencha sous l’outil de travail pour comprendre le rôle des remises, des pédales et des fers, du battant qui, en frappant, resserrait contre la ligne de trame le fil de soie libéré par la navette à chacun des passages. » (p. 309)
     

  • Emploi d’une variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, exclamative, interrogative, impérative, emphatique, impersonnelle, négative) contribuant à la lisibilité de l’œuvre; agencement agréable de phrases de différentes longueurs, ajoutant du rythme à la lecture.

    « Aiglantine ne savait plus que penser. De nouvelles révélations remettaient en lumière le meurtre de sa mère. Mais tout se mélangeait dans son esprit et une peur latente l’habitait. Aurélien était-il blessé? Était-il mort? Et ce de Vuillermont qui revenait sans cesse au-devant de la scène, ce gilet, ces boutons! Le gendarme Gontard! Il fallait qu’elle le voie et qu’elle lui raconte tout, car, si Mathieu ne mentait pas, s’il était mis hors de cause, il le conduirait droit vers celui qui avait assassiné sa mère.
    L’évocation de cet homme qu’elle ne connaissait pas la fit frissonner.
    – Je veux bien y croire juste pour l’instant présent. Je vous remercie.
    – Alors, ce soir, ôtez de votre visage cet air sombre et mangeons en joyeuse compagnie. Cela me fera plaisir… Au fait, quel est votre prénom? Nous ne nous sommes pas présentés.
    – Aiglantine. Aiglantine Métailler.
    – Le nom d’une fleur sauvage! Vous le portez très bien, même si j’aurais peut-être choisi Violette, en hommage à la couleur de vos yeux!
    Aiglantine rosit. » (p. 256-257)
     

  • Nombreux procédés stylistiques (p. ex., comparaison, antithèse, hyperbole, personnification, expression figurée, énumération, métaphore) ajoutant de l’élégance et parfois une pointe d’humour au texte.

    « Devant eux, les gamins s’effarouchèrent comme des moineaux et regagnèrent leur maison pour annoncer à grands cris leur présence. » (p. 33)

    « Il priait le ciel, même s’il ne croyait pas en Dieu, pour qu’une piste s’ouvre enfin à lui. » (p. 102)

    « Ses larmes gelaient sur ses joues comme les mille morsures que le chagrin lui infligeait. » (p. 130)

    « L’après-midi s’était enfui. » (p. 241)

    « Il soupira, pas vraiment satisfait et plutôt vexé de faire chou blanc. » (p. 244)

    « Celle-là, elle ne se laissait pas impressionner par la vision d’un bicorne, d’un nez crochu et d’une belle paire de moustaches! » (p. 245)

    « – Chef, vous avez vu comment il nous a parlé, ce perroquet de salon? » (p. 312)
     

  • Séquences dialoguées révélant des secrets et créant certains rebondissements; très nombreuses séquences descriptives permettant d’imaginer les tenues et expliquant les activités manuelles des tisserands.

    « Une semaine après les obsèques d’Amélie, Aiglantine reçut un bref message de maître Chausson, notaire à Craponne, lui demandant de se présenter à son étude. » (p. 61)

    « – Je vous reçois pour régler une partie de la succession de feue madame votre mère.
    – C’est en effet ce à quoi je pensais, mais pourquoi moi et pas mon frère Bernard?
    – Votre demi-frère seulement, la corrigea-t-il. » (p. 63)

    « Le col de la robe en lainage doux et chaud montait à mi-hauteur du cou. Le haut des manches, arrondi aux épaules, formait une sorte de ballon. Les poignets se garnissaient de cinq petits boutons. Le corsage présentait des plis verticaux jusqu’à la taille recouverte d’une ceinture de même tissu. » (p. 185)

    « Sur un tabouret, il remarqua le seau d’eau dans lequel Aiglantine trempait ses doigts pour en ôter toute salissure; à côté se trouvaient un torchon propre destiné à les sécher et la boîte de talc nécessaire pour les rendre lisses, afin qu’ils n’accrochent pas les fils de soie. » (p. 293)

Référent(s) culturel(s)

  • Mention d'événements historiques (p. ex., révolte des ouvriers de la soie à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse et rétablissement de la République) ainsi que de certains auteurs, artistes et personnages de théâtre, mettant en valeur la société et la culture française du XIXe siècle.

    « Les violents affrontements qui avaient opposé en novembre 1831, puis en 1834, les canuts de la Croix-Rousse aux soldats et gardes nationaux restaient dans les mémoires. » (p. 29)

    « Madame Louise possédait une belle bibliothèque dans laquelle Aiglantine découvrit les œuvres de Georges Sand, de Balzac et de Victor Hugo […] Quelques tableaux de la nouvelle vague d'impressionnistes que Julien avait offerts à sa femme agrémentaient les lieux; l'un d'eux, un magnifique paysage printanier en bordure de rivière de Gustave Corot, lui plaisait beaucoup. » (p. 163-164)

    « La splendide statue équestre de Louis XIV, débaptisée lors du rétablissement de la République et nommée, pour ne blesser personne, Statue au cheval de bronze ou Chef-d'œuvre de Lemot, en imposait toujours autant. » (p. 228)

    « – … Mais le petit théâtre, pourquoi pas? J'ai entendu parler de Guignol33, de Gnafron et de Madelon! » (p. 231)

    « Il se leva et en prit un qui s'ouvrit sur un poème de Charles Baudelaire.
    Chant d'automne… » (p. 297)

Pistes d'exploitation

  • Proposer aux élèves de noter, en cours de lecture, des éléments prouvant que l'auteure connaît bien l'époque dans laquelle se déroule l'intrigue (p. ex., la valeur des boutons, le vin de noix, la lessive bisannuelle).
  • Inviter les élèves, regroupés en dyades, à reconstituer le schéma narratif du roman en plaçant les événements chronologiquement. Leur suggérer de porter une attention particulière aux retours en arrière. Animer une mise en commun afin d'assurer que les élèves saisissent la façon dont s'entremêlent les intrigues amoureuse et policière.
  • Demander aux élèves, réunis en équipes, d'analyser le roman selon un aspect assigné (p. ex., psychologique, historique, sociologique, culturel) et de présenter le résultat de leur analyse au groupe-classe, sous la forme d'une présentation multimédia.  

Conseils d'utilisation

  • Présenter une carte montrant le village de Messimy et les communes limitrophes (p. ex., Thurins, Vaugneray, Brindas) et suivre les déplacements des personnages au cours du roman.
  • Prévenir les élèves qu'il est question de meurtre, de viol et de suicide dans le roman. Préciser que le meurtre est l'événement déclencheur de n'importe quel roman policier, que le viol rend plausible l'abandon de l'enfant par sa mère et que le suicide marque l'amour véritable de Firmin pour son épouse. 
  • Rappeler aux élèves le plaisir de faire des prédictions en cours de lecture et de revoir leurs hypothèses à la lumière de chaque nouvel indice.