- Langue courante dans la narration, mais plus soutenue, typique d’une autre époque, dans certains dialogues; emploi de lieux-dits (p. ex., La table de pierre, L’Étoile d’Alaï) qui ajoutent de la vraisemblance et de la couleur locale; champs lexicaux liés aux métiers, plus particulièrement au tissage, témoignant d’une œuvre bien documentée.
« Les pierres des maisons et celles du mur d’enceinte du village apparurent comme lavées. Le ciel se libéra de son voile, mais resta gris, bas et lourd. » (p. 9)
« – Que t’a-t-il dit, petite?
– Que l’héritage venait uniquement de ma mère, selon un contrat passé avant vos noces, et que sans doute le mariage n’a eu lieu que pour préserver sa réputation et m’assurer une filiation légitime. Est-ce la vérité? Es-tu réellement mon père? » (p. 87-88)
« … il se pencha sous l’outil de travail pour comprendre le rôle des remises, des pédales et des fers, du battant qui, en frappant, resserrait contre la ligne de trame le fil de soie libéré par la navette à chacun des passages. » (p. 309)
- Emploi d’une variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, exclamative, interrogative, impérative, emphatique, impersonnelle, négative) contribuant à la lisibilité de l’œuvre; agencement agréable de phrases de différentes longueurs, ajoutant du rythme à la lecture.
« Aiglantine ne savait plus que penser. De nouvelles révélations remettaient en lumière le meurtre de sa mère. Mais tout se mélangeait dans son esprit et une peur latente l’habitait. Aurélien était-il blessé? Était-il mort? Et ce de Vuillermont qui revenait sans cesse au-devant de la scène, ce gilet, ces boutons! Le gendarme Gontard! Il fallait qu’elle le voie et qu’elle lui raconte tout, car, si Mathieu ne mentait pas, s’il était mis hors de cause, il le conduirait droit vers celui qui avait assassiné sa mère.
L’évocation de cet homme qu’elle ne connaissait pas la fit frissonner.
– Je veux bien y croire juste pour l’instant présent. Je vous remercie.
– Alors, ce soir, ôtez de votre visage cet air sombre et mangeons en joyeuse compagnie. Cela me fera plaisir… Au fait, quel est votre prénom? Nous ne nous sommes pas présentés.
– Aiglantine. Aiglantine Métailler.
– Le nom d’une fleur sauvage! Vous le portez très bien, même si j’aurais peut-être choisi Violette, en hommage à la couleur de vos yeux!
Aiglantine rosit. » (p. 256-257)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., comparaison, antithèse, hyperbole, personnification, expression figurée, énumération, métaphore) ajoutant de l’élégance et parfois une pointe d’humour au texte.
« Devant eux, les gamins s’effarouchèrent comme des moineaux et regagnèrent leur maison pour annoncer à grands cris leur présence. » (p. 33)
« Il priait le ciel, même s’il ne croyait pas en Dieu, pour qu’une piste s’ouvre enfin à lui. » (p. 102)
« Ses larmes gelaient sur ses joues comme les mille morsures que le chagrin lui infligeait. » (p. 130)
« L’après-midi s’était enfui. » (p. 241)
« Il soupira, pas vraiment satisfait et plutôt vexé de faire chou blanc. » (p. 244)
« Celle-là, elle ne se laissait pas impressionner par la vision d’un bicorne, d’un nez crochu et d’une belle paire de moustaches! » (p. 245)
« – Chef, vous avez vu comment il nous a parlé, ce perroquet de salon? » (p. 312)
- Séquences dialoguées révélant des secrets et créant certains rebondissements; très nombreuses séquences descriptives permettant d’imaginer les tenues et expliquant les activités manuelles des tisserands.
« Une semaine après les obsèques d’Amélie, Aiglantine reçut un bref message de maître Chausson, notaire à Craponne, lui demandant de se présenter à son étude. » (p. 61)
« – Je vous reçois pour régler une partie de la succession de feue madame votre mère.
– C’est en effet ce à quoi je pensais, mais pourquoi moi et pas mon frère Bernard?
– Votre demi-frère seulement, la corrigea-t-il. » (p. 63)
« Le col de la robe en lainage doux et chaud montait à mi-hauteur du cou. Le haut des manches, arrondi aux épaules, formait une sorte de ballon. Les poignets se garnissaient de cinq petits boutons. Le corsage présentait des plis verticaux jusqu’à la taille recouverte d’une ceinture de même tissu. » (p. 185)
« Sur un tabouret, il remarqua le seau d’eau dans lequel Aiglantine trempait ses doigts pour en ôter toute salissure; à côté se trouvaient un torchon propre destiné à les sécher et la boîte de talc nécessaire pour les rendre lisses, afin qu’ils n’accrochent pas les fils de soie. » (p. 293)